Chapitre trente-six

5 1 0
                                    

Lewis se réveilla au petit matin, avec les rayons du soleil inondant la chambre. Il avait passé le reste de la nuit sur le sol, aux côtés de la jeune fille. Il sourit en la regardant si apaisée, mais s'inquiéta presqu'aussitôt de ce qu'elle avait vu quelques heures auparavant. Il s'occuperait de ce sujet-ci plus tard.

Seul avec elle, il en profita pour prendre le temps de l'observer. Elle dormait, étendue sur le tas de vêtements, la tête calée à l'intérieur de son coude. Son visage était encore strié par les larmes séchées de la veille.

La première fois qu'ils avaient dormis dans la même chambre, il était resté installé sur le fauteuil. A présent, il pouvait observer la jeune irlandaise à loisir. Et elle était belle.

Son visage anguleux était clair, faisant ressortir ses yeux en amende. Il se souvint de la couleur si particulière de ses iris. Il n'espérait plus d'explication à ce phénomène, il préférait juste l'apprécier.

Il sourit en posant son regard sur les pommettes hautes de Holly. Il laissait libre court à ses pensées, songeant à quel point il avait envie de les embrasser. Il désirait déposer de doux baisers sur ses joues légèrement rosies, sur son nez busqué et finalement sur ses douces lèvres qui cachaient des sourires tantôt timides, tantôt rayonnants.

Il caressa délicatement la mâchoire de l'adolescente, en profitant de ce geste pour faire basculer les lourdes boucles brunes qui retombèrent en cascade dans son dos. Cela révéla son large front, le seul trait qu'elle partageait vraiment avec son frère.

Neal. Qu'allait penser Neal après cette nuit ? Il ne devait pas tarder plus longtemps dans cette chambre, au risque que son ami entre. A contre cœur, il retira son bras bloqué par la tête de la jeune fille, et tira un oreiller pour l'y installer confortablement.

Il s'étira de tout son long en se levant et, après un dernier regard sur sa belle endormie, il quitta la pièce sans un bruit. Il s'engagea dans le couloir pour aller aux toilettes, repoussant de quelques instants le regard de Neal.

Mais ce fut de courte durée. À peine fut-il en bas des escaliers, que son ami irlandais, d'une humeur électrique, surgit de la cuisine.

— À quoi tu joues, Lewis ?!

— Chut ! Elle dort encore...répondit-il en un murmure.

Il ne pouvait pas échapper à la discussion, alors il l'invita à le rejoindre dans le salon.

— Et toi tu as fait quoi ? Pourquoi est-ce que tu t'es permis de passer la nuit avec ma petite sœur ?! Je t'ai attendu, et tu n'es jamais revenu dans ta chambre !

Il n'avait pas tort. C'est vrai que pour apaiser les tensions, il aurait pu laisser l'adolescente dormir seule et rejoindre son lit discrètement.

— Je me suis juste endormi, se défendit-il.

Neal n'était pas convaincu. Il n'avait pas compris pourquoi son ami était allé réconforter sa sœur. N'était-ce pas à lui de lui venir en aide ?

— Lewis, où étais-tu réellement quand tu es parti ? Est-ce que tu voyageais avec ma sœur ?

Il ne savait même pas s'il souhaitait vraiment connaître la réponse à cette question. Lewis ne savait que dire. Heureusement, Ethan choisi ce moment pour intervenir.

— Neal, laisse le tranquille, non ?

— Pourquoi ça ? Je n'ose même pas imaginer ce qu'il a pu faire avec Love !

— Je n'ai rien fait ! Je te promets que je n'ai absolument rien fait avec ta sœur !

Il n'avait rien fait d'autres que tomber irrémédiablement amoureux d'elle, que d'imaginer qu'il pouvait l'embrasser, que la protéger le plus qu'il pouvait, qu'accepter le demi-baiser qu'elle lui avait offert aux abords de la maison des White. Mais tout cela, il ne pouvait l'exprimer.

— Je t'assure que Holly va bien. On a discuté tous les deux, et je te confirme que rien ne s'est passé, annonça Ethan.

Lewis regarda son ami bouche bée. Qu'est-ce que l'adolescente avait pu lui raconter ? Pourquoi se confier à Ethan alors qu'ils ne s'étaient presque jamais parlé tous les deux ?

— Si je comprends bien, vous faites tous les deux ami-ami avec ma sœur, et dans mon dos ?

La situation devenait presque comique. Les trois amis, bien que perplexes, se demandaient presque s'ils devaient en rire. Quoiqu'il en soit, Lewis était soulagé. Il pensait être débarrassé de ce sujet, au moins pour quelques temps.

— Bon ! Qui veut quoi ? Je vais à la boulangerie acheter le petit-déjeuner !

En prononçant ces mots, Lewis ne perdit pas une seconde et enfila chaussures et veste avant de sortir, sans même attendre de réponses. Il prendrait un peu de tout afin de contenter l'ensemble de la maisonnée.

Holly se dépêcha d'atteindre la salle de bain afin de prendre une bonne douche chaude. Sa peau lui semblait sale. Tout son être à vrai dire. Elle était toujours hantée par ce qu'elle avait vu. Mais contrairement à ses précédentes visions, celle-ci la touchait personnellement. Elle était déterminée à mettre un point final au dessein du Dullahan. Il était hors de question de le laisser gagner. Et cette fois-ci, il faudrait s'en débarrasser pour de bon.

Il n'y avait pas une seconde à perdre. Une fois habillée, elle se glissa en catimini dans la chambre de Lewis, croisant les doigts pour ne pas y rencontrer son frère. Elle récupéra l'ordinateur de son partenaire et se faufila à nouveau dans sa chambre d'emprunt, qui ne ressemblait absolument plus à rien. Tant pis.

Elle s'assit en tailleur sur le matelas nu et entama ses recherches. Elle savait exactement qui trouver pour commencer à exécuter son plan. Mais, où le trouver, était un mystère encore non résolu.

Après avoir consulté quelques pages de l'internet, elle su où elle devait se rendre. Et si elle en croyait sa vision, elle aurait besoin de Lewis. Espérons juste qu'il pourrait se libérer de son travail. Entre sauver l'Irlande et aller travailler, le choix était vite fait non ?

À l'instar de quelques jours auparavant, elle sorti sa valise et y entassa des vêtements, prenant soin de laisser de la place pour ceux de Lewis. Elle prit ensuite le temps de ranger le bazar incroyable qu'elle avait fait la veille. Puis, elle descendit, déterminée.

— Lewis ! Il faut qu'on aille en Allemagne. Je nous ai réservé deux billets d'avion pour tout à l'heure. Ah et tu peux mettre tes affaires dans ma valise, je t'ai laissé de la place.

Lewis la regardait, interloqué. Puis, il jeta un œil à ses amis. Était-elle sérieusement entrain de lui imposer un voyage à deux, même s'il savait que ce n'était pas pour le plaisir, en face de son frère ?

— Quand je dis « tout à l'heure », en réalité, c'est vraiment bientôt.

Le concerné compris alors l'urgence et alla préparer sa valise, en chantonnant d'un air léger.

— Je pars en voyaaaaage !

Neal ignora le comportement de son ami et toisa sa petite sœur, qu'il ne parvenait décidément pas à comprendre.

— À quoi tu joues, Love ? Qu'est-ce qu'il s'est passé cette nuit ? Que se passe-t-il avec Lewis ? Et pourquoi pars-tu encore en voyage ? Pourquoi l'Allemagne ? Et avec quel argent ?

Holly prit place sur la table basse, afin d'être à égal hauteur avec son frère. Il ne pouvait le nier, elle avait ce quelque chose dans le regard qui promettait que rien ni personne ne pourrait l'arrêter. Elle savait ce qu'elle faisait.

— Fais-moi confiance. C'est tout ce dont tu as besoin de savoir. Je te le promets.

Mais comment pouvait-il se contenter de ces simples mots ? Apparemment, il n'aurait pas d'autres choix. Holly mit un terme à cette discussion. Elle ne pouvait lui en dire davantage.

Épine GeléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant