Épine Gelée

Chapitre vingt-neuf

Lewis coupa le moteur et se précipita à l'extérieur du véhicule. Que se passait-il ? Était-il trop tard pour les fées ? Il s'approcha de l'adolescente et tenta de la sortir de sa torpeur, mais elle s'était si durement enfermée sur elle-même qu'il n'était pas certain qu'elle l'entende. Elle faisait les cent pas, sans même ouvrir les yeux un instant.

Le jeune homme l'enlaça alors. Il la plaqua fermement contre son torse pour arrêter son agitation. C'en était trop pour elle. Les larmes dévalèrent ses joues qui rosirent aussitôt, à cause du vent frais. Il l'entourait de ses bras, caressant doucement son dos et la naissance de sa nuque d'un geste apaisant.

Petit à petit, il sentait le corps de l'adolescente se détendre. Elle se reprenait. Elle abdiquait. Holly leva le visage, le menton posé sur le torse du jeune homme, son regard planté dans celui qui lui faisait face cherchant ainsi un soutien indéfectible. Le cœur de Lewis manqua un battement. Elle allait si mal en cet instant. Les larmes ne coulaient plus, mais avaient laissé des traces blanches sur le rose de ses joues. Il ne pu retenir sa main qu'il posa tendrement sur l'arête de sa mâchoire, ses yeux verrouillés avec les siens.

— Ça va aller. On est ensemble. Tout ira bien, Holly, murmura-t-il.

Après un reniflement timide qui arracha un sourire au jeune homme, Holly hocha doucement la tête et lui répondit sur le même ton.

— Aïna va bien, mais pas pour longtemps. Elle m'a dit que quelque chose se préparait.

Sa voix vrilla sur ses derniers mots, trahissant sa peur. Lewis comprit. Il lui demanda si la fée était encore là et après une réponse positive de Holly, il s'adressa à elle, toujours sans savoir où regarder précisément. Il lui fit confirmer la position de la grotte via la Banshee et lui assura qu'ils seraient tous deux présents le moment venu et qu'ils feraient tout pour arrêter la menace. Aïna se contenta de ces informations, elle remercia Holly qui était la seule à pouvoir l'entendre et disparut afin de rejoindre son peuple et se préparer à ce qui allait arriver d'ici quelques heures.

Lewis se rappela que les gestes étaient souvent plus forts que les mots. À ce moment-même, Holly reposa sa tête contre lui, et ferma les yeux. Cette fois-ci, elle était apaisée, elle se sentait en sécurité. Ils restèrent l'un contre l'autre pendant de longues minutes, n'entendant que les respirations de chacun entremêlées avec le vent. C'était calme. Lewis savait combien ils avaient besoin de cet instant hors du temps avant d'affronter ce qui les attendait.

Contrairement à Holly qui était obnubilée par la recherche de la grotte, le jeune homme avait concentré toute son attention sur le cavalier sans tête qu'ils avaient vu lors d'une vision. Et tout ce qu'il avait trouvé sur lui n'était qu'obscurité, mort et terreur. Il faudra qu'il en parle à l'adolescente, mais pour l'instant il ne souhaitait que la protéger de la dure vérité.

De retour sur la route, Holly ne mis que quelques secondes à s'endormir, épuisée par son trop plein d'émotions. La tête plaquée contre la fenêtre, elle était plongée dans un sommeil sans rêve, sous l'œil attentif de Lewis qui s'assurait de son apaisement avant la tempête.

Assis autour de la table, Neal et Ethan venaient de terminer de déjeuner. Le jeune irlandais avait une longue pause ce midi, de ce fait il avait pris le temps de rentrer. Quant à Ethan, il ne reprenait pas les cours avant le milieu de l'après-midi.

— Est-ce que tu as des nouvelles de Lewis ? Je n'arrive pas à croire qu'il soit allé voir ses parents pour passer du temps avec un chien qui n'existe probablement pas.

Neal n'avait pas compris le départ si soudain de sa petite sœur, alors suivi du départ tout aussi précipité de son ami, il se posait des questions.