Chapitre vingt-et-un

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Neal et Holly ne s’étaient pas précipités pour entrer à la maison et arrivèrent à l’heure du repas, s’ils en croyaient l’odeur délicieuse qui embaumait la cuisine. En effet, Lewis préparait des sauces pour accompagner le plat de ce soir.

Ethan, assiettes et couverts à la main, s’approcha de la table basse pour tout installer. Un sourire en direction des jeunes qui retiraient chaussures et manteaux, il les informa du dîner.

—    Lewis nous a préparé un bon repas asiatique. Holly, tu aimes ça ?

L’adolescente n’était pas dupe, elle savait que cette question de goût était avant tout un moyen pour ses colocataires de savoir si elle restait manger avec eux dans le salon. Elle hocha alors vivement la tête et leur sourit.

—    J’adore ça ! Surtout si c’est fait maison !

Cette dernière remarque était toute dirigée vers le jeune homme qui s’affairait en cuisine. Un regard vers l’adolescente, il n’eut aucun mal à lui retourner un sourire radieux. En voyant le visage de la jeune fille, il fut instantanément soulagé. Il ne décela aucune douleur. Pour lui, c’était un signe que tout s’était bien passé. Il essayerait néanmoins d’en avoir confirmation à un moment ou à un autre.

Neal et Ethan s’assirent autour de la table, attendant patiemment la nourriture. Holly failli faire de même, mais se ravisa. Elle fit demi-tour et entra dans la cuisine, rejoindre Lewis.

—    Tu as besoin d’aide ? Je peux apporter quelque chose ? demanda-t-elle timidement.

Le jeune homme, remuant la sauce avec une cuiller en bois, ramena finalement toute son attention sur la nouvelle arrivée dans la pièce. Sondant son regard, il ignora sa question, pour en poser une autre, doucement. Il n’y avait aucun risque que leurs deux amis les entendent, épris d’une conversation apparemment très divertissante, mais il souhaitait prendre ses précautions.

—    Tu vas bien, Holly ?

Leurs yeux se connectèrent et le jeune homme ne fut même plus surpris par la couleur invraisemblable des iris qui lui faisaient face. L’adolescente hocha la tête. Elle avait passé une journée très agréable. Elle s’était tellement accrochée aux mots que Lewis lui avait prononcés avant de partir le matin-même, qu’elle avait réussi à oublier sa véritable nature et ses visions horrifiques.

—    Je vais bien oui. Je suis juste fatiguée de cette longue journée… Je n’étais jamais autant sortie depuis…et bien…

Elle ne pouvait finir sa phrase. Ses chaussettes blanches et roses étaient soudainement devenues captivantes. Un voile traversa son regard. Elle repensait à tout ce qu’elle avait enduré ces derniers mois.

Lewis lança un regard furtif vers le salon. Les amis leur tournaient le dos et semblaient imperturbables. Alors, il lâcha sa cuiller en bois, et pris les coudes de la jeune fille dans la paume de ses mains. Celle-ci, surprise par ce rapprochement physique, eu un léger sursaut, puis osa relever le regard.

—    Tout va bien Holly. Je suis là. Tu n’es pas toute seule. Plus maintenant.

Sa voix n’était qu’un murmure, mais cela la rassura grandement. Elle avait besoin de ce soutien. Elle ne devait pas oublier qu’il était là pour elle. Hochant frénétiquement la tête, comme pour assimiler ces informations, l’adolescente respira grandement.

—    Merci Lewis. Merci.

Un sourire et le jeune homme retira ses mains, non sans frôler les doigts pâles de celle qui lui faisait face. Il songea alors qu’elle était magnifique. Ses cheveux noirs de jais légèrement en pagaille, ondulaient le long de son corps. Son visage clair faisait ressortir ses yeux ronds uniques au monde. Un éclat de rire de Neal le ramena instantanément à la raison. Ses esprits retrouvés, il se racla la gorge, attrapa sa cuiller en bois pour remuer la sauce, juste à temps avant que celle-ci ne commence à coller aux parois de la casserole.

Épine GeléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant