Épine Gelée

Chapitre trente-quatre

Neal s’était assurément réjouit du retour imminent de sa petite sœur. Elle lui avait envoyé un simple message l’avertissant qu’elle montait dans l’avion et de son heure d’arrivée afin qu’il vienne la chercher à l’aéroport.

En l’attendant, il se questionnait. Pourquoi était-elle partie sans aucune explication et pour si peu de temps ? Et pourquoi Lewis était parti, à peine deux jours, en prétextant un mensonge qui n’avait guère de sens ? D’ailleurs, il semblait l’éviter depuis son retour.

Le jeune Irlandais ne pouvait freiner le tourbillon de questions qui enflammait son esprit. Son ami avait un air très pensif, et puis, il lui avait semblé vraiment épuisé, comme s’il n’avait pas dormi lors de son séjour on ne savait exactement où.

Le fil de ses pensées se déroulait aussi vite qu’une pelote de laine entre les pattes d’un chaton. Il ne pouvait s’empêcher de croire qu’il y avait un lien entre le départ de Holly et celui de Lewis. Mais lequel ? Il attendait le retour de sa sœur avec impatience maintenant. Il se jura de les surveiller et de découvrir ce qu’il se passait entre eux. Tout en croisant les doigts pour ne rien trouver.

Lewis évitait effectivement son meilleur ami Irlandais. Ces derniers jours, il n’avait fait que penser à ses sentiments pour la jeune fille et à ce demi baiser qu’elle lui avait offert. Comment pouvait-il être tombé amoureux de la petite sœur de son ami ? Il n’avait pas envisagé cette possibilité lorsqu’elle était venue s’installer chez eux. Cependant, il ne pouvait pas nier ce qu’il ressentait.

Il avait beau tourner la situation dans tous les sens, le résultat restait le même. Il était sûr de lui, sûr de ce qu’il voulait. De ce fait, il esquivait avec brio toute conversation avec Neal. La technique de l’autruche semblait convenir pour le moment. Seulement, à cause de cette méthode, il ignorait que l’adolescente était de retour à la maison et ne le découvrit qu’en pénétrant dans le salon, et se retrouvant nez à nez avec elle.

Holly le salua timidement et ils s’échangèrent un sourire sincère.

—    Je vais ranger ma valise, affirma-t-elle dissipant ainsi l’atmosphère flottante qui prenait place.

Depuis quelques temps, Ethan s’amusait à observer les réactions des personnes qui l’entouraient. Il aimait étudier les expressions faciales, la communication non-verbale, aussi bien chez ses amis que pour des inconnus qu’il croisait dans la rue ou dans les transports en commun. Et ce soir, il avait envie de jouer un peu. Alors, profitant que tout le monde soit présent autour de la table, il laissa tomber une toute petite question et attendit sagement la réaction en chaîne qui suivrait.

—    Au fait Lewis ! Comment va ton chien ?

Il ajouta un petit sourire innocent, sachant bien que cette interrogation ferait son petit effet. Le concerné fronça les sourcils, ouvrant la bouche pour formuler son incompréhension, mais se ravisa en l’espace de quelques secondes, se remémorant son mensonge.

—    Oh ! Mmh.

Il se racla la gorge, jeta un regard vers Holly, puis vers Neal. Il était nul pour inventer des excuses. Il savait que personne ne croyait en son histoire, mais il se le niait totalement.

—    Eh bien, finalement il va bien. Il avait juste un coup de mou. Rien de grave. Le petit loustique va bien !

Il appuya ses paroles d’un large sourire pour se donner une contenance, mais ne trompa personne. Ethan su que sa question avait déstabilisé son ami, et il ne souhaitait pas en rester là.

—    Tu ne nous avais pas dit que c’était une femelle ?

Le jeune homme fut pris d’un doute. Avait-il dit « chienne » pour crédibiliser son mensonge, quelques jours plus tôt ? Il ne savait plus.