Chapitre quatorze

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Une sensation étrange traversa tout le corps de la jeune fille. Imprégnée de chair de poule, elle sortie de son repos sans rêve. Méfiante, Holly se redressa lentement et scanna le salon à la recherche d'une quelconque présence. Elle fût tout de même surprise en posant son regard bleu-gris sur un petit garçon brun qui la fixait. Que faisait-il ici ? Fronçant les sourcils, elle se leva. Le décor dans la pièce semblait changer au fur et à mesure qu'elle avançait vers l'enfant.

Soudain, elle fût projetée dans une toute autre habitation. La tapisserie usée et l'odeur fétide qui y régnaient ne présageait pas une vie heureuse et riche. Holly continuait son chemin vers le garçon, sans trop savoir où elle allait. Silencieusement, elle avançait, observant son nouvel environnement.

Plus elle s'enfonçait dans le couloir sombre qui lui semblait interminable, plus elle ressentait une douleur dans sa poitrine. Ses cordes vocales étaient désireuses de s'animer. Elle savait qu'elle ne contrôlait rien. Elle ne pouvait que suivre. Alors elle suivit l'enfant, lentement. Celui-ci s'arrêta devant une porte qui s'ouvrit sans l'aide de personne. Holly l'observa, puis entra dans la pièce lorsqu'il lui fit signe de le faire. Le visage impassible de l'enfant lui fit froid dans le dos.

À peine entrée dans ce qui semblait être une chambre, Holly ne pu se retenir. Ses cordes vocales avaient pris le contrôle, libérant un cri perçant d'une telle puissance que son réflexe fût de porter ses mains à ses oreilles. Devant elle, toute une famille inanimée jonchait sur le sol. Le petit garçon y comprit.

La vision s'évapora soudain et Holly se laissa tomber à terre. Les mains plaquées de chaque côté de sa tête. Les yeux clos. Les larmes inondant son visage qui perdait chaque jour un peu plus de ses traits d'enfant.

Lewis fût le premier à entrer à la maison ce soir-là. Il se déchaussa, signe que sa journée de travail était bel et bien terminée et qu'il pouvait à présent se détendre d'une toute autre façon. Aujourd'hui, un vieil homme lui avait confié l'horloge qui appartenait anciennement à son arrière-grand-père. Celle-ci ne fonctionnait plus et le mécanisme était très ancien et complexe. Un véritable casse-tête que le jeune homme n'avait pas encore réussi à résoudre, mais cela le fascinait. Il lui tardait, après un bon repos, de reprendre le travail demain afin de trouver la clef de ce mystère. L'air joyeux, il s'empressa de monter à l'étage à la recherche de Holly.

— Holly ? Je suis passé au Starbucks en débauchant ! Je me suis pris un grand café et je ne savais pas ce que tu aimais donc je t'ai pris un chocolat chaud avec de la chantilly. Tu aimes ? Je me suis dit que c'était une valeur sûre !

En voyant la porte de sa chambre ouverte, il sentit que ce n'était pas normal. Il se hâta d'y entrer et y découvrit la jeune fille, recroquevillée sur le sol, ses longs cheveux noirs couvrant son visage. Cette vision lui serra le cœur. Il posa aussitôt les boissons chaudes à l'entrée de la pièce et vint s'agenouiller près de l'adolescente. D'une main, il dégagea ses cheveux et découvrit ses yeux rougit et ses joues craquelées de larmes séchées. De l'autre main, il serra doucement l'épaule de Holly, se voulant réconfortant.

— Holly. Tu m'entends ? Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais c'est terminé maintenant. Tu n'es plus seule.

Sa voix se voulait rassurante et la jeune fille le sentit. Elle sorti de sa torpeur et leva des yeux ronds vers l'homme qui l'aidait à se redresser lentement. Elle s'agrippait à lui. Elle se sentait plus en confiance, plus en sécurité. Leurs regards verrouillés l'un à l'autre l'apaisait.

— Tu vas bien ?

Holly déglutit, essayant de chasser sa énième vision d'horreur et se concentra sur la présence, bien vivante, qui lui faisait face. Elle hocha la tête en signe d'affirmation. Lewis lui adressa un sourire. Il n'était pas très doué pour les paroles réconfortantes. Son fort était de propager la bonne humeur autour de lui. Il ne savait pas quels mots utiliser pour rassurer sa cadette. Alors il revint sur son idée de départ lorsqu'il était entré dans la maison.

Épine GeléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant