Épine Gelée

Chapitre seize - 1/2

Holly ne savait pas grand-chose sur sa nouvelle condition. Elle avait besoin d'en connaître davantage. Déterminée, elle se leva et se dirigea vers le bureau blanc collé au mur, faisant face à son lit. Tiroir après tiroir, elle fouillait à la recherche de l'ordinateur de son frère. Il devait bien y en avoir un quelque part, non ? Mais le contenu du bureau, malheureusement pour elle, ne lui était d'aucun intérêt. Hormis quelques feuilles blanches, des partitions de guitares, des crayons et d'autres petites babioles futiles, il n'y avait rien. Lâchant un soupir, la jeune fille rebroussa chemin et alla s'assoir contre le rebord intérieur de la fenêtre, le regard perdu dans le brouillard matinal.

Puis elle se souvint. Elle avait bien vu un ordinateur portable dans le salon. Holly ne savait pas à qui celui-ci appartenait, mais elle voulait juste faire quelques recherches sur le web, rien de méchant. Résolue, elle quitta sa chambre et gagna le cœur de la maison. L'appareil était posé, fermé, sur la table de basse. Le cœur battant, la jeune irlandaise s'en saisit et s'assit à même le sol, ne prenant même pas la peine de contourner la table afin de prendre place sur le canapé.

Elle l'alluma, en espérant qu'il n'y ait pas de mot de passe. Bingo ! Elle ne savait toujours pas à qui appartenait le pc, mais à présent, elle pouvait naviguer à l'intérieur. Curieuse, elle observait ce fond d'écran. Cette peinture représentant des pendules, des objets maîtres du temps, s'écoulant, fondant, comme une glace sous un soleil d'été. C'était ce tableau si connu de Salvador Dali, La Persistance de la Mémoire.

Elle secoua la tête et visualisa son objectif ; en savoir davantage sur les banshees. Alors, les doigts légèrement tremblants, Holly tapa « Banshee » dans la barre de recherche Google. Elle cliqua sur le premier lien de la page de résultats. Ses yeux dévorèrent le contenu si rapidement, qu'elle continua avec le deuxième lien. Puis le troisième.

Le souffle court, elle stoppa ses recherches un instant. Être banshee n'était pas comme être la grande faucheuse, mais ce don pouvait tout de même être un fardeau bien lourd. Annonciatrices de la mort, les banshees ne peuvent pour autant pas choisir les personnes visées. Et cela rassura quelque peu Holly. Du haut de ses seize ans, elle n'imaginait pas avoir à accomplir un tel devoir.

— Serais-tu une espionne Irlandaise ?

Holly sursauta et, par réflexe, referma précipitamment l'ordinateur en le reposant à sa place initiale, comme si de rien n'était. Un rire communicatif emplit la pièce. Lewis s'approcha doucement de la jeune fille et s'assit sur la table basse, non loin d'elle, mais assez pour ne pas l'effrayer. Elle le regardait, de ses grands yeux ronds, sans savoir comment agir.

— Je plaisante ! J'imagine bien que tu n'es pas une espionne. À moins que tu ne le sois ? questionna-t-il en arquant un sourcil. Tu as pu trouver ce que tu cherchais ? Ne t'inquiète pas, si tu as besoin d'utiliser mon ordinateur d'autres fois, je t'en prie. De toute façon, je ne mets jamais de mot de passe.

La jeune fille ne savait quoi répondre. Elle avait été prise en flagrant délit, même si cela ne semblait pas déranger le propriétaire de l'appareil. Elle était très gênée et pour la première fois depuis longtemps, elle sentait son cœur battre à tout rompre, pour une toute autre raison que ses terrifiantes visions.

Lewis se leva avec entrain et tendit une main vers sa nouvelle colocataire. Mais elle n'était pas sûre de pouvoir l'accepter. Aussi, se leva-t-elle sans son aide, et le jeune homme n'en teint guère compte.

— Un petit-déjeuner ça te tente ? Je crois qu'il nous reste un peu de bacon dans le frigo et je peux nous faire des œufs brouillés aussi.

Holly hocha la tête. Toutes ces révélations lui avaient creusés l'estomac. Être une banshee ne serait pas de tout repos. D'ailleurs, qu'est-ce que cela changeait à ses visions à présent ? Allait-elle pouvoir les contrôler ? Être consciente de sa nature surnaturelle était-il un tournant pour son présent, pour son avenir ? Elle ne saurait le dire. Il faudrait qu'elle puisse en parler avec Aïna. Mais la fée se faisait bien discrète. Lui laissait-elle un peu de temps pour réfléchir ?