Chapitre 19 : Rencontres

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La montée de l'escalier de marbre du Manoir parut interminable pour Drago. Il essayait tant bien que mal de garder une allure constante mais le fait était que Granger s'arrêtait très régulièrement. Comme il lui tenait toujours la main, il devait donc suivre le train qu'elle imposait. Chaque marche rapprochait un peu plus la Gryffondor de ses démons et le blond se rendait bien compte qu'il en fallait peu pour qu'elle décide de tout abandonner pour rentrer chez elle et pleurer tout son saoul. Aussi, s'adapta-t-il à sa progression d'une lenteur exaspérante.

Finalement, ils mirent le pied sur la dernière marche et, sentant que les jambes de la jeune femme menaçaient de se dérober sous son poids, Drago se rapprocha vivement d'elle pour la soutenir. Elle pouvait remercier ses réflexes d'ancien attrapeur car, une seconde supplémentaire et elle dévalait les escaliers dans l'autre sens.

Elle le remercia d'un faible hochement de tête et il n'ôta le bras, qu'il avait instinctivement passé autour de sa taille, que lorsqu'il jugea raisonnable la distance entre elle et le vide.

Ils pénétrèrent ensuite dans un étroit couloir et le peu de couleur qui était encore visible sur les joues de Granger s'évapora comme neige au soleil.

L'ancien salon du Manoir était la première pièce qui se présentait à eux. Évidemment, Drago et Narcissa l'avaient fait rénover en même temps que le reste de la demeure mais, depuis qu'ils étaient revenus y vivre, personne d'autre que lui-même n'y avait mis les pieds. Il n'était pas fermé à clef mais le Serpentard n'avait jamais souhaité y entreposer quoique ce fut. Quant à Scorpius, il refusait purement et simplement d'y pénétrer.

Drago ne s'y était rendu qu'une fois, peu de temps après qu'ils se soient réinstallés avec son fils. Une seule fois durant laquelle il s'était dit que plus jamais il n'y remettrait volontairement les pieds. Cette pièce le rendait affreusement mal à l'aise et il se revoyait sans cesse assister aux diverses tortures auxquelles s'adonnait régulière sa tante Bellatrix. Celle de Granger lui étant la plus abominable et ne quittant, depuis cette abominable nuit, plus jamais son esprit.

Chassant ses sombres pensées de son esprit, Drago préféra se reconcentrer sur la Gryffondor. Un coup d'œil vers elle suffit à lui faire comprendre qu'elle se sentait réellement très mal. Comme précédemment, il tenta de prendre les choses en main, sachant que, d'elle-même, la jeune femme ne prendrait pas d'initiatives dans l'immédiat. Bien entendu, il ne souhaitait absolument pas la brusquer et respecterait son choix, peu importe ce qu'elle déciderait.

-          Je vais ouvrir la porte, Granger. Ça va aller ? lui demanda-t-il d'une voix calme qu'il tenta de rendre la plus douce possible.

Elle sembla subitement se remémorer sa présence et tourna difficilement la tête vers lui. Il y eut un moment de flottement avant qu'elle n'acquiesce, finalement, très brièvement.

Il fit alors un pas en avant dans l'intention d'ouvrir la porte qui menait à l'ancien salon du Manoir mais, avant qu'il n'ait pu faire quoi que ce fut, la main de la Gryffondor se fraya un chemin jusqu'à la sienne et la serra compulsivement. Légèrement désarçonné par son comportement, Drago se retourna vers elle et arqua un sourcil.

-          Ne me laisse pas toute seule là-dedans, s'il-te-plait, l'implora-t-elle d'une toute petite voix en regardant ses chaussures.

Pris d'un élan de compassion, Drago lui releva délicatement le menton grâce à sa main libre et plongea son regard dans les prunelles chocolat de son ancienne ennemie.

-          Je ne te laisserai pas, Granger.

Son ton était franc et sa voix, claire.

Drago vit qu'elle semblait légèrement rassurée et elle prit une longue inspiration avant de lui signifier, d'un mouvement de tête, qu'elle était prête à ce qu'il ouvre la porte.


Me sauveras-tu ? [1/3] | DramioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant