Chapitre 23

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La soirée est plutôt sympa en fin de compte. Il y a même une salle attribué aux jeunes, pour qu'on puisse s'amuser entre nous. Je regarde les personnes danser et discuter, tout en buvant mon verre d'alcool. Un garçon qui doit faire ma taille mais qui paraît bien jeune s'approche de moi.

- Salut beauté.

J'esquisse un rire en buvant une gorgée de mon rhum.

- Ta soirée se passe bien ? Si tu t'ennuie on peut aller passer du temps seuls tous les deux. Me dit-il très confiant.

- Attend tu as quoi, 14 ans ?

- Bientôt.

Je pouffe de rire.

- Excuse moi, mais la situation et sûrement l'alcool me permet de rire facilement.

- Ce n'est pas grave. Mais ma proposition alors ?

- Désolé gamin, mais laisse tomber. Dit Alex en récupérant mon verre des mains.

- T'es qui toi ? Demande le garçon.

- Surement quelqu'un de plus apte à l'aborder que toi.

Le garçon lève les yeux aux ciel et s'en va. Alex prend sa place et s'accoude au comptoir.

- C'était quoi ça ? Lui demande-je.

- De quoi ? Répond-t-elle un sourire scotché au visage, le regard plongé dans la foule devant nous.

- Laisse tomber, j'arrête d'essayer de comprendre de toute façon.

Elle se place devant moi, une main tendu, le sourire aux lèvres.

- Tu m'accorde une danse ?

Je comprend alors que la chanson qui passe est un slow. Super.
Bien sûr ce soir elle sourit tout le temps, je ne comprend RIEN. Que se passe-t-il dans sa tête ? Ce n'est jamais la même personne.
En réponse, je me contente de lever les yeux aux ciel. J'espère qu'elle ne redemandera pas, car pompette comme je suis, je risque d'accepter.
Malheureusement pour moi, elle ne renonce pas:

- Aller.

Je bois une gorgée d'un verre posé sur le comptoir et attrape sa main. Elle m'emmène au millieu de la piste et s'arrête. Elle place doucement mes bras autour de son cou et elle, pose ses mains sur mes hanches. Nous commençons à bouger en rythme et son visage est si près du miens que je peux sentir son souffle. Ses yeux plongés dans mon regard, aucune de nous deux ne le détourne. Son front de pose sur le miens et je ferme les yeux, appréciant le moment. À cet instant, plus rien autour ne compte. Seulement elle, moi, et la musique. Je reconnais alors "the night we met", cette magnifique musique que j'ai connu dans une série sur Netflix. C'est plutôt drôle, je suis comme dans un film.

Je ne saurais évaluer combien de temps nous sommes resté comme ça même après la fin de la musique. Quand tous le monde bougeait dans un rythme actif, nous étions dans la même position, comme si la chanson tournait encore.

Mais ce moment fut interrompu par une simple sonnerie de téléphone.
Alex s'écarte de moi et décroche. En quelques secondes, elle semble m'oublier. Elle fronce les sourcils en écoutant ce que la personne au bout du fil lui dit puis sort de la pièce d'un pas rapide. Je reste là comme une conne. Au millieu, abandonnée, sans excuses. Oui je suis conne. Trop conne.

Quelques minutes après un garçon faisant deux têtes de plus que moi attrape mes mains. Je ne le repousse pas et il commence à bouger autour de moi. Il est brun, les cheveux frisés, et il est vachement beau. Un ange tombé du ciel ?
Je commence à me laisser aller et à danser avec lui. Quand j'aperçois Alex toujours au téléphone dehors à travers la baie vitrée, j'attrape les joues du garçon et l'embrasse. Qu'est-ce qu'il m'arrive, je perd les pédales. Je me met dans un état pour rien. Je suis ridicule. Mais c'est fait. Et Alex me voit, et la  colère empare son visage. Elle raccroche et disparait de mon champs de vision. Quelques secondes après, toujours collée au garçon, une main agrippe mon bras et me tire vers l'extérieur.
Une fois dehors, Alex passe nerveusement sa main dans ses cheveux.

- Tu foutais quoi la putain !?Crie-t-elle.

- Rien je-

- Tu te fous de ma gueule !?

Elle tourne en rond en se grattant la nuque.
Je la regarde sans bouger.

- Alex ?

- Quoi !?

- Ça va ?

- Non ! Pourquoi tu joue à la conne comme ça !? T'es comme les autres.

- C'est quoi ton problème !? Je te dois rien, j'embrasse qui je veux.

Elle me jette un regard noir.

- Ouais bah vas-y, embrasse n'importe quel connard que tu récupère, t'es comme ça hein ?

Cette fois, c'est moi qui suis en colère.

- J'en ai marre de tes conneries Alex ! J'en ai marre de subir tes changements d'humeurs et tes crises à la con ! Je ne te dois strictement rien, on n'est pas ensemble, on ne le sera jamais ! J'embrasse qui je veux, je bois quand je veux, je danse où je veux, et je baise qui je veux !

En entendant ces mots, quelque chose semble se briser en elle. Son regard se casse en mille morceau. Elle ne bouge plus, ne parle plus. Je regrette immédiatement ce que j'ai dis, je me déteste a cet instant, elle devrait me détester aussi. Je suis la pire des idiotes. La main qui triturait nerveusement son piercing à la lèvre récupère quelque chose dans sa poche. Alex détourne le regard en serrant la mâchoire. Elle se retourne et se dirige vers une voiture. Je me met à courir vers cette dernière mais elle referme la portière. Je tape à la vitre en la suppliant d'ouvrir mais ses deux mains sont sur le volant, son regard fixé sur le pare-brise, elle n'en fait rien. Quelques secondes après elle démarre. J'ai beau taper sur la vitre, elle ne compte pas l'ouvrir. Les larmes coulent sur mes joues alors que la voiture s'éloigne.

Combien de temps je suis restée là, à regarder la route ? Je n'en ai pas la moindre idée. Des minutes, des heures peut-être bien. Assez pour arriver à minuit, où j'ai entendu tous le monde à l'intérieur crier et se souhaiter la bonne année. Ça m'est égal. Je ne sais pas pourquoi mais à ce moment là, je n'ai pas l'impression que je vais la revoir.

Trop ConneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant