CHAPITRE VINGT-TROIS

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Deux heures. Ça fait plus de deux heures que je patiente désespérement dans la salle d'attente froide et austère du poste de police. J'ai froid, je suis seule et fatiguée et je suis morte de peur. J'ai passé ces deux dernières heures à ruminer en me demandant ce que Cameron avait bien pu faire pour mériter autant d'acharnement de la part de son beau-père. Mon angoisse et mes craintes n'ont fait que grandir au fil des minutes. Personne n'est venu me voir pour me demander comment j'allais ou si j'avais besoin de quelque chose. Je suis perdue et seule alors que je suis sans nouvelles de Cam.

En fait, quand je suis arrivée au commissariat, j'étais complètement affolée et en panique. J'ai débarqué ici en trombe et je me suis précipitée vers le bureau d'accueil pour savoir où trouver Cam. On m'a gentiment dit que je devais m'asseoir sans faire d'histoire et attendre qu'il en est fini avec son interrogation. J'étais folle de rage qu'on ne veuille pas m'en dire plus. J'étais encore sous le choc de son arrestation et j'avais besoin de réponse. On ne m'en a donné aucune.

Alors, j'ai été m'asseoir sur un des sièges en plastique de la salle d'attente et j'ai commencé à trépigner sans arrêt en ne pensant qu'à Cameron. Je me suis remémorée l'arrivée de la police et le face-à-face avec Stephen. Je n'ai cessé de revivre ces moments encore et encore. Mon corps a encaissé le stress et l'angoisse du mieux qu'il a pu. J'ai fixé l'horloge placé en face de moi pendant un très long moment et je me suis renfermée dans une bulle impénétrable. Je n'ai pas essayé d'écouter les conversations autour de moi pour m'occuper, je n'ai appelé personne au secours et je me enterrée dans ma solitude. Je n'ai voulu voir personne d'autre que Cameron.

Après une attente presque interminable, je suis à bout de nerfs. Ma jambe tressaute frénétiquement sans que je ne puisse rien y faire. Je suis si tendue que mon corps ne répond plus à aucune de mes directives. Je suis comme au bord du malaise depuis que je suis entrée ici. Je ne me sens pas bien dans cet endroit. J'ai l'impression que ma tête et mon coeur sont compressés à tel point que j'en ai le souffle coupé. J'angoisse à l'idée que Cam ait de gros ennuis. Je me sens horriblement impuissante. Je ne sais pas comment me rendre utile. On me dit d'attendre mais c'est si dur. Je ne supporte pas cette situation. C'est trop long. Je suis dans le flou total. C'est une torture pour moi de n'avoir rien d'autre à faire que d'attendre.

J'ai dans la bouche un goût amer qui me fait penser à un sentiment de colère à l'état pur. Je suis furieuse contre Stephen, contre ces policiers qui ont emmené Cameron, contre le monde entier aussi. Je ne comprends pas comment on peut s'acharner ainsi sur une personne qui ne nous a rien fait. Je peste intérieurement contre le beau-père de Cam qui est à l'origine de tout ce cirque. C'est à cause de lui si nous sommes au commissariat à cette heure-ci tardive et pour une affaire aussi stupide. Il n'a pas mit les menottes à Cameron mais c'est tout comme. Il a osé porter plainte contre lui alors que c'est lui qui a poussé Cam à bout. Plus j'y pense et plus je me dis qu'il avait déjà tout prévu. J'imagine qu'il savait qu'en le poussant à bout, il tiendrait là une occasion de le mettre hors jeu. Il avait sûrement échafauder ce plan en secret. Il n'a rien fait par hasard. Tout était calculé, j'en suis désormais certaine.

Je jette un énième coup d'oeil à l'horloge au dessus de moi et constate qu'il est déjà vingt-heure trente.

Le commissariat est remplit d'agents en uniforme mais il n'y a pas beaucoup de civiles comme moi. La plupart des gens sont chez eux un dimanche soir. Contrairement à nous, ils ont la chance d'être tranquillement chez eux alors que je me retrouve à passer la soirée au poste à cause d'un monstre sans coeur qui est décidé à anéantir l'homme qui partage ma vie.

Ne tenant définitivement plus en place, je bondis de mon siège et fonce vers le comptoir de l'accueil pour espérer mettre fin à cette attente interminable. Je n'en peux plus d'attendre bêtement sans que personne ne vienne me dire ce qui se passe. Alors, je prends la décision de prendre finalement les devants. Je mets fin à cette torture en allant me planter devant la femme en uniforme de police qui est assise derrière le comptoir.

THE WAY - L'INCERTITUDEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant