CHAPITRE SOIXANTE-QUINZE

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CAMERON


Une fine pluie tombe sur Denver lorsque j'entre dans le café où ma mère m'a donné rendez-vous. Je suis légèrement en retard mais j'ai une bonne excuse. Je travaillais. J'ai passé la journée au salon à enchaîner les clients. Je n'ai pas eu une seconde à moi même pour avaler un morceau. J'ai bossé comme un dingue et j'ai tout fait pour être à l'heure. Je n'ai pas pu mieux faire malheureusement.

Dès mon entrée dans le petit café, je sens mon ventre se creuser et me faire nettement remarquer que je n'ai quasiment rien avalé de la journée. Les effluves de café chaud et de muffins tout juste sortis du four me mettent l'eau à la bouche. Je meurs de faim tout à coup. J'ai besoin de me nourrir avant que mon estomac me ronge de l'intérieur.

Très vite, je repère ma mère assise à une table près de la baie vitrée donnant sur la rue. Je me dépêche de la rejoindre en me faufilant entre les quelques tables occupés par d'autres clients. Je manque de faire tomber le sac d'une dame dans ma course et m'en excuse brièvement avant d'atteindre finalement la table où ma mère m'attend.

-Oh, Cameron ! s'exclame-t-elle en me voyant. Te voilà.

-Ouais, désolé du retard.

Je m'empresse de m'asseoir en face d'elle tout en lorgnant sur la part de tarte aux pommes qui trône au centre de la table entre un café noir, un chocolat chaud et une assiette de mini-gâteaux.

-Mon rendez-vous a été plus long que prévu et il y avait du monde sur la route.

-Ne t'inquiète pas, m'assure-t-elle. Ça ne fait pas longtemps que j'attends. J'ai eu le temps de commander quelques petits trucs. Je t'ai pris un café d'ailleurs. Vas-y, sers-toi. Prends ce qui te fait envie.

-Je crève de faim.

-Alors, mange. On est pas pressé.

-Je n'ai presque pas mangé de la journée, avoue-je en me ruant presque sur la tarte.

Je plante rapidement ma fourchette dans un carré de pommes en l'avale en moins de deux secondes. Ma voracité semble drôlement amuser ma mère qui rit contre sa main. Elle m'observe tandis que je dévore ma part de tarte. Je remplis mon estomac creux sous son regard amusé.

-Longue journée ? me demande-t-elle.

-Je n'ai pas arrêté depuis ce matin. J'étais à deux doigts de mourir de faim.

-Je vois ça.

Soudain, je me rends compte que son rire m'avait manqué. Je ne l'avais pas entendu rire franchement depuis des lustres. Ça me fait du bien de la voir plus épanouie. En tout cas, je crois qu'elle l'est. Son sourire ne ment pas.

-Désolé, rétorque-je en avalant un énième morceau de tarte. Je dois avoir l'air d'un dégénéré mais j'avais vraiment super faim.

-Tu n'as pas l'air d'un dégénéré, rassure-toi. Tu avais seulement besoin de manger quelque chose.

-Comment tu savais que je prenais un café noir ?

D'un coup de menton, je désigne la tasse fumante devant moi.

-Ben, je te rappelle que j'ai vécu presque une semaine chez toi, ricane-t-elle en serrant sa tasse de chocolat chaud entre ses doigts. J'ai eu le temps de voir comment tu prenais ton café.

-Merci d'avoir commandé, en tout cas.

-C'est normal. C'est moi qui t'ai demandé de venir.

THE WAY - L'INCERTITUDEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant