CHAPITRE SOIXANTE-ET-ONZE

146 11 4
                                    

 -Je suis vraiment content de te retrouver, dit Elio en tenant sa guitare contre lui. On dirait que ces vacances t'ont fait du bien.

-Ah oui ?

-Oui. J'ai l'impression que tu es encore plus inspirée qu'avant.

-On a bien avancé aujourd'hui, c'est vrai.

-Bien avancé ? glousse-t-il. Tu plaisantes ? On a fini l'écriture de la chanson. On est prêt pour la composition.

Nonchalamment, je hausse les épaules.

-C'était un travail d'équipe, déclare-je.

-Tu es vraiment trop modeste. En venant ici, j'espérai finir le deuxième couplet et toi, tu as carrément fini la chanson. Tu es une vraie machine de guerre.

-Ne dis pas n'importe quoi, ricane-je.

-Un jour, j'arriverai à te faire accepter mes compliments.

-Un jour, peut-être.

Je ne peux pas nier le fait que cette chanson m'a beaucoup inspiré. Elle parle de tout ce que je peux ressentir en ce moment. Elle évoque les difficultés d'un couple à communiquer. Je connais parfaitement cette situation puisque j'ai l'impression d'y être moi-même. Je sens que, Cameron et moi, on est plus sur la même longueur d'onde depuis quelques jours. On ne parvient plus à échanger comme avant. J'ai peur que cette histoire de bébé soit en train de nous éloigner.

Au moins, mes inquiétudes m'ont permis d'être productive aujourd'hui. J'ai transmis mes propres craintes dans cette chanson qui n'est pourtant pas la mienne. J'ai puisé dans mon histoire personnelle pour nourrir cette chanson d'un sentiment réel. Je n'ai pas eu besoin d'inventer une histoire ou une situation que je ne connais pas. Je n'ai eu qu'à faire le point avec moi-même pour en ressortir une expérience véritable.

-Je pense qu'on peut s'arrêter là, rétorque Elio. On a assez bossé pour aujourd'hui.

-Oui, je trouve aussi.

-On s'y remettra la prochaine fois.

-Je te tiendrais au courant de mon emploi du temps. Je ne sais pas trop à quoi vont ressembler les prochains jours.

-Ne t'en fais pas. On se reverra quand tu auras le temps. Tu es encore en vacances. Il faut que tu en profites.

-J'avoue que j'aimerai bien profiter de mes derniers jours de vacances.

Dans moins d'un mois, je retrouverai les bancs de la fac et l'emploi du temps chargé qui va avec. Ces quelques semaines qui s'annoncent seront mes dernières semaines de repos avant de reprendre mon quotidien d'étudiante. J'aimerai en profiter un maximum pour me reposer et me ressourcer pleinement. Je veux commencer cette année scolaire en forme et pleine d'énergie. Je ne veux pas commencer à me tuer à la tâche pour le moment. J'aurai tout le temps de mourir de fatigue plus tard. Pour l'instant, je veux me concentrer sur moi.

-Alors, fais ce que tu as à faire, me conseille Elio. On a déjà bien travaillé. On a été productif toute l'année. On a bien le droit de profiter de l'été. Je suis sûr que Whitney serait d'accord.

-Tu crois ? glousse-je. Whitney ne s'arrête jamais. Elle ne connaît pas le mot « vacances ». Je pense même qu'elle ne peut comprendre que certaines personnes ont besoin de faire une pause de temps en temps.

-Tu n'as sûrement pas totalement faux.

Nous rions l'un avec l'autre lorsque mon téléphone sonne dans mon sac.

-Oh, excuse-moi.

Je m'éloigne vers la sonnerie et fouille dans mon sac pour y trouver mon portable. Je suis surprise de découvrir le numéro de Malcolm sur l'écran. Je fronce les sourcils en me demandant ce qu'il peut bien vouloir me dire, lui qui ne m'appelle jamais. Je ne me questionne pas bien longtemps. Je décroche et colle l'appareil contre mon oreille.

THE WAY - L'INCERTITUDEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant