THE WAY - L'INCERTITUDE

CHAPITRE SIX

 Les mains dans l'évier plein de vaisselle sale, Cameron lève les yeux vers moi.

-Qu'est-ce que tu fais ?

-Ben, je vais sortir les poubelles.

-Je peux le faire, bébé. Laisse-moi seulement une minute pour finir ça.

-Je peux très bien m'en charger.

Je sors déjà le sac remplit de détritus de la poubelle de la cuisine alors qu'il abandonne la casserole sale qu'il était en train de récurer.

-Tu ne devrais pas porter un truc aussi lourd jusqu'au rez-de-chaussé. Laisse-moi m'en occuper.

-Cameron, soupire-je en esquissant un sourire du coin des lèvres. Je te rappelle que je ne suis pas handicapée, que j'ai porté bien plus lourd que ça quand j'ai emménagé ici et qu'il y a un ascenseur. Ça ne va pas me tuer de sortir les poubelles. Tu deviens beaucoup trop galant ces derniers temps. Je commence à m'inquiéter.

-Je veux seulement me montrer à la hauteur.

-Tu es en train de faire la vaisselle, je te signale. C'est déjà plus que ce que j'espérai en venant habiter ici.

Il fronce les sourcils et s'esclaffe.

-Pour qui est-ce que tu me prends, Em ? Je ne suis pas empoté. Je suis capable de laver deux assiettes et une casserole.

-Je sais, c'est juste que je ne t'ai jamais vu très impliqué dans ce genre de trucs depuis qu'on se connaît. A l'ancien appart, c'était toujours Tim qui s'occupait de la vaisselle et Sam du dîner. Tu dois avouer que tu n'as jamais été fan des tâches ménagères.

-Personne ne l'est. Enfin, sauf peut-être toi. Je veux seulement faire des efforts, moi.

-Je vois ça.

-On habite tous les deux dans cet appart. Je ne veux pas que tu sois la seule à faire le sale boulot.

-Et c'est très gentil de ta part. Seulement, laisse-moi en faire autant que toi. Je peux sortir les poubelles.

-Bon, d'accord.

-Je ne suis pas en porcelaine, Cam. Il faut que tu t'y fasses.

Sur ces mots, je joue de mes bras pour soulever le gros sac poubelle et l'entraîner avec moi vers la porte. Je laisse Cameron terminer sa tâche de nettoyage et sors de l'appartement. Je prend ensuite l'ascenseur jusqu'au rez-de-chaussé.

Arrivée dans le hall, je prend la porte du fond menant au vide ordure.

Quand j'entre dans la petite pièce fortement éclairée, je constate que je ne suis pas la seule à sortir les poubelles à cette heure-ci.

Une petite femme menue aux cheveux noirs coupés en carré et au visage de poupée est visiblement en train de perdre patience avec son carton de pizza avec lequel elle bataille. Elle se déhanche tant bien que mal dans son jogging usé jusqu'aux coutures. Son t-shirt est bien trop grand pour sa fine carrure. Elle s'acharne à vouloir encastrer le carton dans le tiroir du vide ordure. Elle est si concentrée dans sa tâche qu'elle ne me remarque pas tout de suite.

-Merde ! peste-t-elle finalement. Foutue pizza à la con !

Elle se démène brutalement pour tenter de faire rentrer le grand carton dans le vide ordure. Je la regarde batailler tandis qu'elle jure à tout va.

Ce n'est que lorsque je me racle bruyamment la gorge qu'elle s'aperçoit de ma présence.

-Besoin d'un coup de main ? lui demande-je.