CHAPITRE VINGT-HUIT

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Cameron


-Merde !

C'est la troisième fois depuis que je suis arrivé au salon que je renverse mon matériel par terre.

Je penche encore pour ramasser mes ustensiles tout en poussant un soupir proche du grognement.

Aujourd'hui, je ne suis pas dans mon assiette. Je marche comme si j'avais deux pieds gauches, je manipule mon matériel avec une maladresse sans nom et je suis d'une humeur de chien. Ce week-end de malheur, et plus particulièrement mon passage chez les flics, a visiblement des répercussions bien désagréables sur mon humeur. Je n'arrête pas de bougonner dans le vide alors que personne n'a rien fait pour me mettre en rogne. Je ne fais que de ressasser les derniers événements.

Je pense sans cesse à cet enfoiré de Stephen, à la plainte qu'il a déposé contre moi et à ma mère qui s'est comporté comme un fantôme, comme à son habitude. Je pense aussi à Emery qui n'a pas mérité de vivre tout ça. Je m'inquiète beaucoup pour elle. Je sais qu'elle souffre beaucoup de cette situation même si elle ne me le montre pas. Elle essaie par tous les moyens de faire bonne figure pour me soutenir et ne pas m'inquiéter mais je la connais par coeur. Je sais qu'elle est terrifiée par ce qui pourrait nous arriver. Elle m'imagine sûrement derrière les barreaux.

Ça me rend littéralement fou de penser qu'elle puisse déjà envisager cette éventualité. Elle connaît mon caractère et mes mauvaises manières mieux que personne. Elle sait que je peux déraper à tout moment. Seulement, je suis bien décidé à ne pas aller en taule ou même au tribunal. Je ne peux pas lui faire ça. Elle compte sur moi et elle ne supporterait pas de sortir avec un putain de prisonnier. Je refuse catégoriquement de lui faire un coup pareil. Je suis prêt à me tenir, à me transformer en agneau s'il le faut. Je n'ai pas le choix de toute façon. Il faut que je le fasse si je ne veux pas la perdre ou même donner une bonne raison à Stephen de me gâcher définitivement la vie. Je n'ai pas d'autre option cette fois-ci.

Mes nerfs sont mis à rude épreuve à cause de tout ça. Je suis furieux contre Stephen et je suis terriblement déçu par ma mère même si son comportement ne m'étonne plus. J'ai envie de taper dans chaque mur que je croise. Je voudrais pouvoir effacer les deniers jours de ma vie. Je voudrais ne jamais avoir frapper mon beau-père. J'aurai sûrement évité beaucoup d'emmerdes si j'avais réussi à me contenir.

Sauf que ce n'est définitivement pas dans ma nature de contrôler mes pulsions meurtrières.

Perdu dans mes pensées malsaines, je renverse un flacon de désinfectant sur le sol.

-Putain de merde !

Encore une maladresse de plus.

Mon passage au poste m'a grillé tous les neurones ou quoi ?!

Je n'ai pas d'autre choix que de me baisser une fois de plus pour nettoyer mon bazar.

Avant même que je ne me relève, Malcolm passe la tête dans mon box.

-Un problème, Cameron ?

Je pousse un grognement qui traduit mon humeur d'aujourd'hui.

Il n'en faut pas plus à mon mentor pour entrer dans la pièce et refermer la porte derrière lui. En faisant ça, il me promet un instant privilégié seulement entre nous. C'est le signe qu'il est décidé à obtenir le pourquoi du comment. Je sais d'avance qu'il va me questionner sur mon état et me demander ce qu'il m'arrive. Malcolm est comme un père pour moi. Il n'est pas du genre à passer devant moi sans rien dire s'il voit que je ne vais pas bien. Je peux compter sur lui.

THE WAY - L'INCERTITUDEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant