THE WAY - L'INCERTITUDE

CHAPITRE SEIZE

     Je suis en retard et sur les nerfs lorsque j'arrive enfin au bâtiment de musique du campus. Je viens de passer plus de dix minutes à chercher une place sur le parking de la fac. Je ne pensais pas qu'il y aurait tant de monde ici un samedi matin. Malheureusement, ma dispute avec Cameron m'avait déjà fait prendre du retard. Je ne suis pas fière de ça et c'est pourquoi je fonce comme une folle pour rejoindre le parvis du bâtiment où se trouve les studios généreusement prêtés par la fac aux étudiants en cursus musical. 

     Quand j'aperçois Ava qui m'attend patiemment sur une marche, je suis déjà prête à me confondre en excuses. Je presse le pas et me dirige directement vers elle. J'arrange rapidement mes cheveux, remonte mon sac sur mon épaule et me racle la gorge. J'essaie d'avoir fière allure même si je sors tout juste d'un épisode difficile dans ma vie de couple. Je ne veux pas qu'Ava remarque mon malaise alors je plaque un sourire contrit sur mes lèvres et m'avance vers elle en ayant l'air aussi désolé que je le suis réellement. 

     -Hey, salut ! s'exclame la jeune fille à la chevelure blonde et à la jupe d'un rose flashy. 

-Je suis vraiment, vraiment, vraiment désolé du retard. 

-Du retard ? glousse-t-elle. On avait rendez-vous à dix heures et il n'est même pas dix heures dix. Pour moi, ce n'est pas du retard. 

     Son regard d'un bleu cristallin pétille étrangement. 

     -Je m'excuse quand même. Je me suis réveillée tard et je...enfin, bref. Désolé. 

-Ne t'en fais pas, Emery. Je viens seulement d'arriver. Je ne t'ai même pas attendu. J'en ai profité pour répondre à mes mails et mettre à jour mon profil Instagram. 

-Oh, d'accord. 

-Tu as passé une longue soirée, hier soir ? minaude-t-elle. 

-On peut dire ça, avoue-je en sachant parfaitement que j'arbore des cernes phénoménales. On est sorti avec le groupe et d'autres amis. La soirée s'est finie tard. 

-Je connais ça. 

-Ce n'est pas mon genre d'oublier de mettre le réveil. Seulement, on est rentrés très tard et j'ai complètement zappé. 

-Ne t'en fais pas. Ça m'arrive toujours le temps. Presque tous les matins, en fait. 

-Pas à moi, ricane-je nerveusement. Je pense toujours à tout, s'en est presque maladif. 

-Alors, dis-toi qu'il y a une première fois à tout, O-K ? 

-D'accord. 

-On est pas pressés, en plus. Ce n'est même pas une vraie séance de travail. On va seulement discuter de nos idées et prendre quelques notes si besoin. Pas de stress, pas de pression. Ce n'est pas cinq minutes de retard qui vont y changer quelque chose. Il n'y a pas de mal, je t'assure. 

     Ses mots me réconfortent. Je crois en ce qu'elle dit. Mon malaise s'évanouit peu à peu. 

     Soudain, Ava saute sur ses pieds et me gratifie d'un sourire immense. 

     -Et si on commençait par aller au studio et parler de cette longue soirée qui est, j'en suis sûre, très intéressante. 

     Aussitôt, mes joues s'empourprent mais Ava ne le remarque pas car elle marche déjà vers l'entrée du bâtiment. 

     -Oh, euh...il n'y a pas grand-chose à dire, en fait, réponds-je en la suivant. 

-Je suis sûre que si. Il y a toujours des choses à dire quand on se couche aussi tard.