CHAPITRE SOIXANTE-SEPT

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 Lorsque j'ouvre les yeux, je suis contente de constater que les stores ont été tiré hier soir. Les rayons du soleil ne passent que par fins filets à travers les palettes en bois. Ainsi, le salon est à moitié baigné dans une douce obscurité orangée. Je suppose qu'il doit être près de neuf heures puisqu'il fait jour et que j'ai du dormir assez longtemps pour me remettre du voyage. Je me sens bien plus en forme qu'hier. J'avais bien besoin d'une bonne nuit de sommeil après notre retour tardif à la maison.

Je m'éveille donc tranquillement dans le canapé-lit que nous avons déplié hier soir, Cameron et moi. Je m'étire et m'étend de tout mon long tandis qu'il dort encore à côté de moi. Visiblement, lui aussi avait bien besoin de dormir. Son torse se soulève de façon régulière, signe qu'il dort toujours profondément. Je résiste à l'envie de dégager la mèche qui tombe sur son front et me contente de l'observer jusqu'à ce que mes yeux se soient définitivement habitués à la luminosité du monde éveillé.

Soudain, un bruit de verre provenant de la cuisine m'interpelle. Je me redresse lentement sur les coudes et jette un œil dans cette direction. Mon regard tombe sur Jules qui esquisse un grimace gênée en prenant une tasse dans le placard. Elle s'excuse du bruit en faisant la moue et prend une seconde tâche pour la tendre dans ma direction en guise d'invitation.

Alors, tout en prenant garde à ne pas réveiller Cameron, je m'extirpe des draps et me lève sur la pointe des pieds. J'attrape rapidement mon gilet en laine laissé la veille sur le fauteuil du salon et l'enfile pour m'y emmitoufler. Puis, je vais rejoindre Jules dans la cuisine en faisant toujours attention à ne pas faire trop de bruit pour ne pas réveiller Cameron et Maddie.

-Je ne t'ai pas réveillé, j'espère, me dit ma belle-mère d'une voix mesurée.

-Non, non. Je l'étais déjà. Je prenais seulement le temps de me réveiller.

-Je vois. Tu avais bien besoin de repos, je suppose.

-Oui, la semaine a été longue et le trajet du retour aussi.

-Alors, tu as bien dormi ?

-Comme un bébé, glousse-je en m'asseyant sur un des tabourets du comptoir.

Pendant que je m'installe, Jules remplit nos deux tasses de thé noir. Elle met un sucre dans le sien et me demande d'un simple regard si je souhaite qu'elle en fasse de même pour le mien. Je hoche la tête en guise d'approbation.

-Tiens, Emery.

Elle me tend ma tasse fumante que j'accepte avec plaisir. Je souffle doucement sur le thé chaud et trempe mes lèvres pour en boire quelques gorgées sans me brûler. Je me délecte de cette boisson chaude qui me réconforte en ce réveil reposant. J'entoure la tâche de mes mains pour y trouver sa chaleur. Jules, elle, s'assoit simplement à côté de moi et tourne sa cuillère de façon circulaire dans sa tasse.

-Votre voyage s'est bien passé ?

-Très bien, oui. Ça nous a fait du bien à tous les deux de partir loin pendant quelques jours.

-Je n'en doute pas. J'ai crû comprendre que vous en aviez besoin.

-Oui, les derniers mois ont été plutôt compliqué. Il fallait qu'on fasse une pause avec tout ce qui se passait à Denver.

-Je comprends. On veut toujours changer d'air quand on se sent trop étouffés là où on est.

-Seattle nous a fait du bien.

-Pourquoi Seattle ? me demande-t-elle. Enfin, je veux dire, pourquoi cette ville-là en particulier ? Vous avez choisi par hasard ou est-ce qu'il y avait une raison précise pour que vous décidiez d'aller là-bas ?

THE WAY - L'INCERTITUDEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant