CHAPITRE CINQUANTE-SEPT

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 -Je ne sens plus mes pieds.

-Les miens sont déjà morts, ricane Cameron en me prêtant son bras pour que je m'y appuie.

-Et je meurs de faim.

-Ouais, moi aussi.

Après une longue journée à arpenter les rues de Seattle, nos estomacs crient famine et nos jambes commencent à avoir du mal à nous supporter. Nous avons marché toute l'après-midi pour découvrir le centre ville jusque dans ses moindres recoins. Nous avons aussi fait un passage vers le port pour voir la mer et nous n'avons mangé qu'un maigre muffin sur la route. La fatigue et la faim se font ressentir après de longues heures d'efforts.

Néanmoins, nous ne regrettons rien. Ça en valait vraiment la peine. Nous avons laissé toutes nos affaires à la maison et nous avons foncé vers Seattle pour une première approche touristique. Cet après-midi a été riche en émotions. Cameron et moi étions tout excités à l'idée de faire connaissance avec cette ville encore inconnue jusqu'à présent. Je crois que cette longue visite de Seattle nous a permit de prendre une bonne dose d'air frais.

En fait, nous avons été tellement occupés à nous extasier devant tout et n'importe quoi que nous en avons oublié nos différents. L'atmosphère est moins lourde entre nous et la tension est considérablement redescendue depuis que nous sommes en ville. Cam est parvenu à se détendre et à annihiler ce froid qu'il y avait entre nous et moi, j'en ai profité pour recréer cette proximité que nous avons toujours eu. Nous avions vraiment besoin de ça pour briser la glace et faire disparaître ce malaise qui stagnait entre nous depuis des jours.

-On pourrait trouver un restaurant et manger dehors ce soir, me propose Cameron tandis que nous flânons le long des rues animés de Seattle.

-Ce serait une bonne idée, oui.

-De quoi est-ce que tu as envie ? Japonais ? Mexicain ? Pakistanais ?

J'esquisse un sourire du coin des lèvres.

Depuis que nous habitons ensemble, Cameron et moi avons commencé à prendre de nouvelles habitudes. Nous avons plus ou moins décidé de tester de nouvelles choses. Chaque fois que nous voulons commandé quelque chose ou manger dehors, nous choisissons un pays dont nous ne connaissons pas les spécialités. Avec le temps, nous avons testé assez de nouveaux plats pour en connaître un rayon sur le monde et sa cuisine. Nous sommes tous les deux très calés sur ce domaine. Le choix est infini désormais. Nous savons ce que nous avons aimé et ce qui n'est pas vraiment notre truc à nous.

-Je mangerai bien italien.

-Italien ? répète-t-il. Ça me va.

-Cool. Je tuerai pour des pâtes au pesto.

-C'est à ce point-là ? s'esclaffe-t-il.

-Oh, oui. Et encore, je me retiens pour ne pas te faire peur.

-C'est vrai que ton appétit à de quoi être flippant parfois. Tu es flippante quand tu as faim.

Alors que le soleil entame franchement sa descente dans le ciel, Cameron et moi rions au milieu des passants. Mon cœur se gonfle de bonheur en voyant qu'il est enfin redevenu lui-même, qu'il rit avec moi comme si toutes les mauvaises choses du passé avaient disparu. J'ai le sentiment que nous sommes sur la bonne voie et je me sens incroyablement soulagée de faire ce constat. Nous marchons l'un à côté de l'autre et c'est absolument parfait. Cet instant est sans aucun défaut.

-Tu n'abuses pas un peu ? glousse-je en levant la tête vers lui.

-Oh que non, bébé. Ton estomac est sans pitié quand il est vide.

THE WAY - L'INCERTITUDEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant