CHAPITRE VINGT-DEUX

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Armée d'un coton et d'un flacon de désinfectant, j'appuie le plus délicatement possible sur la plaie qui barre sa joue. J'essuie le sang qui a coulé au coin de sa pommette lorsque Stephen l'a frappé. J'essaie d'être douce pour ne pas lui faire mal mais Cameron grimace quand même.

-Désolé, dis-je en me penchant un peu plus au dessus de son visage.

Assis au bord de notre lit, il se laisse faire.

-Ce n'est pas grave.

Notre retour à la maison s'est fait dans un silence inquiétant. Cameron et moi avons quitté Jules et son beau-père de façon brusque. Nous avons prit la fuite alors que les deux hommes venaient tout juste d'engager un face-à-face. Cam s'est laissé emporté à cause des remarques innommables de Stephen mais je le comprends totalement. Il a dépassé les bornes et Cameron ne pouvait pas rester de marbre. Je me doutais qu'il perdrait le contrôle quand son beau-père a commencé à parler de moi. Il s'est attaqué à son point faible.

Ce que je retiens finalement de cet après-midi cauchemardesque c'est que Cameron et moi avons été vidés de toutes nos forces. Nous n'avons pas beaucoup parlé depuis notre retour à l'appartement. Nos épaules ne semblent plus supporter le poids de ce que nous avons vécu il y a près d'une heure. Nous sommes épuisés par la situation.

Alors, pour faire taire ce vide angoissant qui gronde en moi, je me concentre sur Cameron et sur sa blessure. Je me réconforte en le soignant.

-Tu m'en veux ?

Je fronce les sourcils.

-De quoi ? ricane-je. De m'avoir défendu alors que ton beau-père me traitait de prostitué ? Non, pas du tout. Je ne t'en veux pas.

-Je ne pouvais pas le laisser parler de toi comme ça. C'était au dessus de mes forces.

-Je sais.

De ma main libre, je caresse sa joue non meurtrie.

-Tout ça n'est pas de ta faute.

-C'est moi qui ai frappé le premier.

-Mais il avait franchi la limite de trop.

-Je pensais que tu serais furieuse contre moi.

-C'est contre lui que je suis furieuse, réplique-je. Il t'a traité comme un moins que rien et il s'en est prit à moi. Cet homme est un monstre. Je ne t'en voudrais jamais de lui tenir tête après tout le mal qu'il t'a fait.

-Emery...

-Non, Cam. Je suis contre la violence, tu le sais, mais cette fois-ci tu as eu raison de faire ce que tu as fait. Il s'est montré odieux, ignoble. Il t'a attaqué en sachant très bien que tu finirais par perdre ton sang froid. Tout était déjà calculé. C'est un manipulateur. Il voulait te faire du mal et te pousser à passer à l'acte. Tu ne pouvais rien y faire. Tout ce qu'il s'est passé est entièrement sa faute à lui et à lui seul.

Il sait à quel point j'ai horreur de ce genre de démonstration de brutalité mais je veux qu'il sache que je ne lui en veux pas d'avoir céder à la colère. A sa place, je serai sûrement devenu folle de rage moi aussi. Je ne peux pas lui reprocher d'avoir riposté alors que Stephen menait une bataille sans merci contre lui. Il fallait qu'il fasse quelque chose. Ce ne pouvait pas être autrement.

-Ne va pas croire que je suis en colère contre toi parce que ce n'est pas le cas.

-J'avais peur que tu m'en veuilles d'avoir perdu le contrôle.

-Tu avais toutes les raisons de le faire. Et puis, je t'ai toujours dit que je serais toujours de ton côté face à lui.

-Il s'est attaqué à toi. Je ne pouvais pas rester là à rien faire alors qu'il te traitait de salope. Il ne te connaît pas.

THE WAY - L'INCERTITUDEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant