CHAPITRE QUATRE-VINGT-TREIZE

188 15 16
                                    

 Je n'ai jamais eu la boule au ventre de façon si intense et mon coeur n'a jamais été aussi serré dans ma poitrine. Le sentiment de peur ne m'est pas inconnu mais il se dévoile aujourd'hui sous une toute autre façon. Je suis presque éteinte par elle. J'ai l'impression que mon coeur ne bat pas, que je suis dans l'attente d'une catastrophe imminente. Je ne sais pas comment me comporter, je suis simplement terrifiée.

Domptée par une angoisse paralysante, je fixe la porte de mon appartement. Je redoute plus que tout de l'ouvrir. J'ignore ce que je vais trouver derrière ou qui je vais trouver. La voiture de Cameron n'était pas sur le parking quand je suis arrivée mais j'ai peur qu'il soit là malgré tout.

Quand j'ai décidé de revenir ici pour récupérer quelques affaires, j'ai évalué toutes les possibilités. Je savais qu'il y avait une chance que nous nous croisions. Il n'a pas quitté notre appartement, lui. Il vit toujours ici et je pourrais très bien tomber nez-à-nez avec lui dans notre cuisine ou notre chambre. Je me sens déjà tellement mal en imaginant ne serait-ce qu'une seule seconde cette possibilité. Je suis partagée entre le manque de lui qui me donne une envie foudroyante de le voir et la peur de devoir l'affronter.

Nous ne sommes plus ensemble depuis plus de deux semaines maintenant. Je n'ai eu aucune nouvelle de lui et je ne pense pas qu'il en ait eu beaucoup de moi. J'ai demandé à Violet de garder le secret sur mon refuge et je lui fais confiance même si je suis persuadée qu'elle a fini par cracher le morceau à Tim. Je ne peux pas lui en vouloir. Elle m'aide déjà assez à remonter la pente. Josh et elle sont aux petits soins avec moi. Je compte énormément sur eux.

Ce matin, ils m'ont tous les deux dévisagés comme si j'avais eu trois têtes quand je leur ai dit que j'allais sortir une petite heure. Ils ont voulu m'accompagner mais je leur ai assuré que je pouvais m'en sortir toute seule. Je ne leur ai pas dit où j'allais, je ne voulais pas les inquiéter.

A présent, je suis seule face à cette porte qui me terrifie bêtement.

Allez, vas-y. Ouvre-la. C'est chez toi, après tout.

Il me faut plus d'une minute pour réussir à insérer la clé dans la serrure. Mes doigts tremblent tellement que j'ai besoin de plusieurs essais pour y parvenir. Je suis dans un état de nervosité extrême. Je tourne la clé dans la serrure en essayant d'oublier que mon estomac est complètement noué. Je ne veux pas penser à ce que je vais bientôt trouver derrière cette porte.

Quand j'entre finalement dans l'appartement, un silence glacial et terriblement déstabilisant m'accueille. Je fais quelques pas à l'intérieur et le bruit de mes baskets résonne sur le parquet. Je découvre que mon appartement est parfaitement rangé contrairement à ce que j'avais imaginé. Tout est propre et à sa place. Je ne crois pas avoir déjà vu un intérieur aussi étincelant de propreté.

J'avance au milieu de ce décor de magazine en ayant presque l'impression de ne pas être véritablement chez moi. Je n'arrive pas à croire que Cameron ait fait autant de ménage chez nous. Il a laissé l'appartement dans un état impeccable. Je pensais pourtant qu'il aurait mis un bazar incroyable depuis mon départ. Je m'attendais à trouver de la vaisselle sale, des vêtements traînants un peu partout et peut-être même des bouteilles d'alcool entassées dans un coin. Je sais comment il peut être quand il est livré à lui-même. Ce n'est pas un as du ménage. Il peut être diaboliquement bordélique si on ne le rappelle pas à l'ordre.

Je m'étais visiblement trompée.

Face à ce spectacle ahurissant, je prends conscience qu'il a tenu bon sans moi. Il a rangé l'appartement, l'a tenu en bon état et n'a visiblement pas fait trop de folies. Je n'aurai pas pu faire mieux. Tout est absolument impeccable à tel point que j'ai du mal à en croire mes yeux. En commençant à faire le tour de l'appartement, je réalise qu'il a vraiment pensé à tout nettoyer. Je n'aurai rien à lui reprocher. Tout ça est bien loin de la vision chaotique que j'avais en tête.

THE WAY - L'INCERTITUDEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant