CHAPITRE TRENTE-NEUF

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CAMERON

Putain mais qu'est-ce que je fous ici ?

Posté devant la maison de ma mère, je me demande bêtement ce qui m'a prit de suivre les conseils d'Emery. Je me souviens de ses mots et de ses encouragements. Je m'interroge sur mon niveau de stupidité. Je n'aurai sûrement pas dû croire que j'en étais capable. Je n'aurai pas dû envoyer ce message à ma mère pour lui dire que j'acceptais de la voir. Je n'aurai pas dû, non. Ce rendez-vous qu'elle m'a donné est une putain de mauvaise idée.

Pourtant, je me mets en marche et traverse l'allée menant au porche de la maison. Je suis dans un état second. J'agis tel un robot lorsque je frappe quelques coups à la porte. J'attends, la boule au ventre et les poings serrés. Je ne me sens pas prêt à l'affronter mais je ne peux plus faire marche arrière.

Si je ne me lance pas maintenant, je ne le ferais jamais. Je ne supporterais pas de devoir revenir ici. Je me suis déjà conditionné. Il faut que je lui parle aujourd'hui. Si je rebrousse chemin, je ne reviendrais pas. Je dois me faire violence.

Perdu dans mes pensées tortueuses, je réagis à peine lorsque ma mère ouvre la porte et se matérialise devant moi.

J'avale difficilement ma salive alors qu'elle m'inspecte d'un regard inquiet.

Elle aussi est sur la défensive. Elle n'est pas à l'aise, elle est tout aussi nerveuse que moi. L'un comme l'autre, nous n'avons pas fière allure. Nous sommes tous les deux particulièrement stressés par cette rencontre. Je crois que je peux attester du fait que nous appréhendons tous deux ce qui va suivre.

-Bonjour, Cameron.

Ma voix est étrangement enrouée mais je parviens à articuler quelques mots.

-Salut, Maman.

Elle me détaille encore un instant et se presse finalement de se décaler pour m'ouvrir sa porte en grand.

-Entre, je t'en prie.

J'hésite quelques secondes et fini par abdiquer. J'entre dans la maison et attend qu'elle referme la porte derrière moi pour reprendre la parole.

-Stephen n'est pas là, hein ?

-Non, m'assure-t-elle en triturant nerveusement ses ongles. Je t'ai dit qu'il avait une réunion. Il ne rentrera pas avant ce soir. Il n'y a que toi et moi.

Son absence était la condition stricte pour que j'accepte de venir jusqu'ici. Ma mère m'a promit qu'il ne serait pas à la maison et que je pourrais venir en toute tranquillité sans craindre de le croiser sur mon chemin.

Après ce qu'il s'est passé, je refuse de l'avoir une fois de plus devant moi. Je ne veux pas prendre le risquer de faillir en lui refaisant le portrait. Si jamais je craquais, je pourrais dire adieu à ma vie. J'irai directement au tribunal et peut-être même pire, en prison. Je ne peux pas me permettre de prendre ce genre de risque. Je ne dois pas le voir, c'est impératif. Emery compte sur moi. Je lui ai promit que je me tiendrais bien et qu'elle n'aurait plus affaire à la police tout comme moi. Il est hors de question que je rompt ma promesse. J'en fais le serment.

-Allons dans la cuisine, rétorque Maman en brisant le silence pesant dans lequel nous sommes si mal à l'aise.

Je hoche la tête et la suis de façon mécanique.

-Tu veux boire quelque chose ? me demande-t-elle en allant directement vers le frigo. J'ai fait de la limonade mais j'ai aussi tout un tas d'autres trucs. Je peux aussi t'offrir à manger. Il y a du gâteau, de la brioche ou même des biscuits au citron. Je voulais faire des sablés comme je sais que tu adores ça mais...

THE WAY - L'INCERTITUDEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant