Chapitre 14- Enzo

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-Enzo ! s'exclame une voix qui résonne dans ma tête pendant quelques secondes, tel un écho lointain.

Je fais un bond hors du lit, les yeux encore mi-clos, le palpitant au cœur. Je cligne plusieurs fois des paupières pour adapter ma vue, alors que la nuit n'a toujours pas cédé sa place. Je distingue alors Mary, se tenant au bord du lit, la main serrée contre son bras visiblement douloureux.

-Qu'est-ce que tu as ?!

Je m'approche, inquiet, pour m'assoir à côté d'elle et examiner son bras rougi. Elle le retire puis s'écarte de moi en s'adossant à la tête de lit, gênée.

-Tu n'as pas fait exprès, excuse-moi, mais tu m'as fait peur. Me dit-elle d'une toute petite voix.

Même si la luminosité est faible, je peux aisément distinguer sa poitrine se soulever rapidement, et ses yeux me fuir.

-Je suis...sincèrement désolé, j'étais en train de rêver, je crois. Je n'ai pas senti que je m'agitais. Pardonne-moi, ma chérie.

Je suis désemparé et surpris, mais ce que je ressens surtout, c'est de la confusion.

Elle s'apaise un peu. Du moins, elle ne me repousse pas lorsque je prends place à côté d'elle et que j'effleure sa joue avec précaution.

-Ce n'est presque rien, mais j'ai cru que tu ne te réveillerais jamais. Je dormais quand tu t'es mis à marmonner, et puis j'ai ouvert les yeux...et juste après, tu as crié un nom et ton bras est parti, comme si c'était un réflexe ! Sauf que j'étais trop près, et pas assez rapide.

Je ne sais même pas quoi lui répondre, tant la culpabilité me noue la gorge. Je n'ai jamais voulu faire de mal à Mary, et je ne ferai jamais de mal aux femmes. Alors, même si c'était accidentel, je me sens coupable. Mon sommeil agité peut paraître effrayant, surtout pour elle. Chaque fois qu'un truc dans le genre s'est produit, elle a toujours eu du mal à l'oublier. Elle me l'a déjà avoué, ça lui fait peur, parce qu'elle ne sait pas comment réagir dans ces situations.

-Je suis désolé, vraiment. Même quand mon sommeil est léger, j'ai dû mal à me contrôler. Ne m'en veux pas...

-Bien sûr que non, ce n'est pas ta faute. Et puis, tu n'en faisais plus beaucoup depuis quelques temps. Des cauchemars, je veux dire... mais je pense que tu devrais arrêter complètement tes médicaments, les somnifères ne sont jamais bons pour la santé, ce n'est pas un sommeil réparateur.

À ces mots, elle évite mon regard, et je donnerai tout pour savoir ce qu'elle pense à cet instant dans sa tête. Est-ce qu'elle s'inquiète ? Ou est-ce qu'elle me juge ? Son visage est fermé, si bien que je n'arrive pas à savoir ce qu'elle ressent.

-Ce n'est pas ça, tu sais bien qu'ils m'aident à dormir. Sans eux, je resterais debout jusqu'à quatre heures du mat sans jamais récupérer. Non, je crois que je suis stressé en ce moment et ça doit y contribuer. Mais je te promets que ça va passer.

Elle ne semble pas convaincue pour autant, mais de toute façon, je ne peux rien dire ni faire quoi que ce soit de plus.

-Peut-être. Mais tu sais, je n'aime pas ça, à chaque fois, j'ai l'impression d'être inutile ! Je ne sais pas si je dois te réveiller ou te laisser dormir ! Enfin, ce n'est pas grave, c'est passé. Dis-moi, de quoi as-tu rêvé ?

Je réfléchis rapidement, mais je ne trouve rien à dire. Je ne sais même plus distinguer mes cauchemars de mes souvenirs, et puis, je me suis réveillé si vite cette fois, que j'ai complètement oublié la dernière chose que j'ai vu.

Face à mon silence, elle tente de me rassurer, mais elle ne comprend pas que je n'en ai pas besoin, qu'il faut juste...j'en sais rien, oublier et se rendormir.

Charlie : Je t'aimerai pour deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant