Lorsque je me lève ce matin, une affreuse boule de nerfs s'invite dans mon estomac et me cloue au lit.
J'angoisse, j'appréhende, j'ai presque peur de ce qui pourrait arriver aujourd'hui.
Comme si ce mauvais pressentiment qui m'habite depuis quelques minutes, n'était pas qu'une impression, et que tout allait foirer aujourd'hui. Ce n'est pas comme si tout allait bien en ce moment non plus, mais je le ressentais particulièrement en cette journée.
Je n'ai pas arrêté de penser à Charlie. Après l'avoir surprise sur le perron d'Alec, elle n'a plus quitté mon esprit.
Et puis, aujourd'hui est un jour particulier.
C'est dimanche. Ce n'est pas n'importe quel dimanche. C'est celui qui annonce le malheur. Et je hais ce mois, je hais ce jour, je hais le dimanche.
Mais ce que je hais encore plus, c'est le lendemain. Je hais déjà le lundi, parce qu'on sera le onze. Si on pouvait sauter des jours, je sauterais le onze chaque année.
Je sais comment déjà comme il va être. Je sais aussi comment il finit, toujours.
Je me sens déjà mal. Mal au cœur, mal au ventre, mal à la tête, mon corps entier m'envoie ces signaux que je reconnais trop bien.
Je ne peux me résoudre à vivre cette journée. Est-il possible de dormir plus de 48 heures d'affilée sans se réveiller ?
J'ai envie de m'enfiler une boîte entière de somnifère. Ce serait toujours moins pure que d'avoir à supporter de vivre cette journée-là.
Comment on fait pour s'évader, quand ni le jour ni la nuit, ne peut nous apporter la paix ?
Avec une lenteur insupportable, je me lève du lit. Après avoir bu l'équivalent d'une bouteille d'eau, je sors cette petite masse verte, compacte, qui dormait dans la poche d'un de mes jeans.
Quand j'ouvre le petit sachet, une odeur chargée s'en dégage. Je sors une cigarette, puis commence à découper le cul pour ne garder que le tabac. Après une procédure méthodique, j'allume enfin mon somnifère maison.
Ça doit faire une demi-heure que je suis assis sur le balcon, fumant patiemment mon joint pour ne pas le consommer trop vite.
Mary est partie prendre trois, ou quatre jours, de vacances chez sa famille. Je ne sais même plus exactement, parce que je ne l'ai pas écoutée.
Quand elle m'a annoncé son départ, la seule chose qui m'obsédait, c'étaient les conséquences de son absence.
Après notre « réconciliation », elle a affirmé que s'éloigner quelques jours ne pourraient nous faire que du bien.
Putain, parle pour toi !
C'est bien la pire idée qu'elle n'ait jamais eu.
Au moins, elle ne verra pas le fiasco que seront les prochains jours, et ce n'est pas plus mal. J'entre dans la pire période de l'année, et tout ce qu'elle trouve à faire, c'est de s'éloigner encore.
Après une réconciliation, on n'est pas censés rester ensemble pour consolider notre entente ? Se chercher tendrement avant de baiser comme au premier jour ? Putain, c'est ce que j'aurais aimé faire. Mais elle en a décidé autrement.
D'après elle, rester ensemble n'est pas l'étape suivante, parce qu'on a besoin de souffler. Merde, j'ai d'autres besoins que de souffler.
Si je pouvais me tirer d'ici, si j'avais les moyens...
Qu'est-ce que j'aurais fait ? Je serais resté comme un blaireau dans cette ville, ne serait-ce parce que je ne saurais pas quoi foutre ailleurs.
Alors, ouais, qu'elle soit là ou non, ne change pas grand-chose. Je me dis que sa présence m'aurait peut-être empêché de vraiment merder. Mais, en fait, non. Je sais que je ferais quand même n'importe quoi, parce que, putain, je suis comme ça.
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Charlie : Je t'aimerai pour deux
RomanceEnzo est un jeune homme complexe, perdu entre ce qu'il aimerait être et ce qu'il est. Lui qui n'a connu que la douleur et la solitude durant toute son existence, entre une famille déchirée et une violence quotidienne, n'est plus le même depuis qu'il...