Chapitre 29 - Charlie (1)

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Décharger, ranger, nettoyer, ce qui me semblait interminable il y a deux heures n'est finalement qu'un souvenir. L'appartement scintille de propreté, et bien qu'encore vide à mon goût, il est fin prêt à m'accueillir en son sein. Je pose le dessin de Thomas sur le meuble soutenant ma télévision. Il faudra que j'achète un cadre pour pouvoir l'accrocher au mur. Je l'imagine déjà donner un peu de caractère à la pièce !

Malgré notre efficacité, lorsque nous finissons toutes les installations électriques, les branchements, et ce que je n'aurais jamais soupçonné de devoir faire, il est déjà vingt heures.

Heureusement que Thomas était là pour m'aider, et à la suite à cette journée chargée et épuisante, tout deux décidons de nous détendre en allant diner dans le centre-ville.

La nuit nous ouvre les bras, lorsque nous quittons mon père et Jenny, pour nous mettre en route.

Une simple brasserie nous convient, et j'avais si faim que j'étais prête à engloutir mon repas en une seule bouchée. Mais, mon burger est si bon, que je ne peux m'empêcher d'être patiente et de le déguster comme si c'était le dernier. Ça faisait un moment que je n'avais pas manger un aussi bon burger américain !

Après une heure à discuter d'arts, d'école et de mes nouvelles études autour d'une bière, Thomas m'annonce qu'il doit rentrer. J'en suis presque déçue. Je passe un si bon moment, que je n'ai pas vu le temps passer. Il est pourtant plus de minuit, et il a beaucoup contribué aujourd'hui, alors je ne le retiens pas. Nous marchons un peu ensemble, longeant les ruelles animées et gaiement éclairée, jusqu'à ce que nos directions ne divergent en sens opposés.

Je suis pressée de retrouver mon appartement pour y passer ma première nuit, et c'est bête, mais ça m'excite autant que lorsqu'on déballe un cadeau. Je sais ce qu'il contient, mais je ne sais pas s'il me fera plaisir. Je me suis toujours pressée à devenir indépendante, avec pour unique rêve un endroit rien qu'à moi, pourtant à présent, je crains...de me sentir seule. Je crains que, progressivement, la solitude ne me gagne et ne me retire la joie que me procure cette décision.

C'est épuisant, d'être contradictoire. J'en ai mal à la tête. Mes yeux se posent sur ce ciel ténébreux, partiellement couvert par d'épais nuages, occultant toute étoiles, et je crains qu'il ne pleuve dans les heures à venir.

Un vent glacial vient entamer ma bonne humeur, et me contraint à resserrer mon col autour de mon cou. Sournoisement, un mauvais pressentiment me gagne, sans que je n'en comprenne la nature, et j'accélère le pas pour rejoindre ma voiture.

Ce que je peux être sotte, parfois. Dans la chaleur de l'habitacle, je retrouve ma raison, et me ressaisis. Je monte le volume des basses à fond, et m'amuse à chanter maladroitement sur les musiques qui défilent. Après avoir dépassé un cimetière, je suis contrainte de m'engager dans des petites rues, dont j'ignore jusqu'au sens même de la circulation.

Je baisse un peu la radio, afin d'être plus concentrée, mon champ de vision nettement restreint par le faible éclairage qui m'empêche de distinguer la fin de cette foutue rue.

Je plisse des yeux, lorsque mon attention est attirée vers le trottoir à ma droite, et je distingue un ivrogne titubant sur le trottoir. Il menace d'ailleurs de s'effondrer, ou pire, de traverser la rue sans crier gare.

Alors que je suis sur le point de le dépasser, j'ai l'étrange sensation de le connaître. Je n'y fais pas davantage attention, si bien que lorsque je pile, mes roues crissent sur le bitume. Je fais un bond en avant, menaçant même de me cogner contre mon volant, surprise.

Mes yeux fixent mon rétroviseur droit, et je m'y reprends à deux fois pour confirmer ma première impression.

Des cheveux bruns ébouriffés, une veste en cuir et une clope à la main, je n'ai plus aucun doute, c'est bien lui !

Charlie : Je t'aimerai pour deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant