Chapitre 9 - Enzo

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-S'il te plaît, fais un effort pour moi ! Me supplie Mary, à bout de nerfs.

Je sais qu'elle adore son frère, mais, putain, on ne peut pas se blairer tous les deux ! Alors passer toute une soirée ensemble, même autour d'un verre, est une véritable perspective de torture !

-Mais pourquoi ce soir ? On pourrait profiter un peu du temps qu'on a ensemble, je peux t'emmener au cinéma ou au restaurant ?

-Non. Il va me tuer si je refuse encore une fois ! Tu pourrais, je t'en prie, t'obliger à le supporter le temps de trois heures, peut-être deux si tu veux ?

Elle essaie de trouver un compromis, mais il n'y a aucun qui pourrait me satisfaire. J'aime pas ce connard, point. Ses yeux bleu pâle m'implorent, et ça me fout en rogne. Je passe ma main dans mes cheveux, hésitant, avant de céder à regret.

-Ok. C'est bon. Mais je ne te promets rien.

Elle me saute au cou pour m'embrasser chastement. Il faut que je fasse des efforts envers elle, et c'est uniquement pour ça que j'accepte. Néanmoins, le sourire radieux qu'elle m'offre me détend, un peu.

Une heure plus tard et je me retrouve adossé au comptoir d'un bar du centre-ville, que je reconnais comme étant l'un des favoris de la bande d'Alec. C'est vrai qu'après le départ de Charlie, je me suis senti un peu...en trop. Alors je me suis retiré progressivement de mon propre chef. De toute façon, je ne pouvais plus me voir ce Thomas à la con, et Rilee n'arrêtait pas de m'envoyer balader sans que je comprenne pourquoi. Il n'y a qu'Alec qui soit resté le même envers moi.

Le liquide brun, que j'ingurgite sans modération, me brûle agréablement la gorge, et je le sens même me réchauffer la poitrine jusqu'à mon estomac. J'essaie de me concentrer là-dessus chaque fois que ce connard de Dash ouvre la bouche.

-Et ça te fais quoi de vivre avec elle maintenant ? Dis-moi qu'il se comporte comme un gentleman au moins, Mary.

Il se régale, il prend son pied, il adore me tester pour voir jusqu'où il peut aller et à quel moment je vais l'envoyer chier. Il n'est jamais venu dans notre appart, ni même que nous ne l'avons vu depuis des mois, car même si Mary ne le montre pas, elle n'apprécie pas plus que moi son frère le timbré. Il ne branle rien et se fourre dans toutes les emmerdes possibles, jusqu'à ce qu'il s'en prenne une pour de bon.

D'ailleurs, je me souviens comme si c'était hier du soir où je m'étais jeté sur cet enfoiré, et lui avait collé une bonne raclée. Ne serait-ce qu'à cette pensée, et la vision de mon poing s'écrasant fermement contre sa mâchoire, je me sens déjà mieux. Jusqu'à ce que ne s'invite l'image de Charlie, déboussolée, qui était la principale raison pour laquelle nous nous étions retrouvés lui et moi. Je me souviens également que je l'avais attendue, devant sa baraque pleine de nanas hystériques chaque fois que je débarquais, pour m'excuser comme un idiot. Ces souvenirs ont un goût aussi doux qu'amer dans ma bouche, comme un bonbon dont la saveur sucré nous éveille els papilles, jusqu'à ce qu'on ne s'aperçoive qu'il est périmé et qu'on le recrache immédiatement. Putain, je suis le roi des métaphores ! Imbécile.

-Hé ! Enzo ! Ça te tuerait d'avoir au moins la politesse de répondre ? Je le savais Mary, ce mec n'a pas changé. S'agace Dash.

Joue là cool, Enzo. Pas de vagues, c'est ce qu'elle a demandé.

-T'es pas si con finalement.

J'émets un ricanement sec, m'amusant moi-même, tandis qu'il me foudroie. C'était plus fort que moi.

-Enzo ! Me réprimande Mary. Son regard sévère me fait comprendre que je n'ai pas été très gentil. Je soupire, la mâchoire serrée par la frustration. Merde, je suis devenu une vraie couille molle.

Charlie : Je t'aimerai pour deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant