Chapitre 31 - Charlie

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Je ne sais plus quoi faire à présent. Je ne sais pas non plus vers qui me tourner. Je ne peux tout simplement pas le laisser là ! Je n'ai plus beaucoup d'options. Si je le ramène chez moi, il me tuerait sur place, je l'ai bien compris. Je ne sais pas pourquoi, il refuse si catégoriquement mon offre. Ce n'est pas comme si j'allais le pousser dans mon lit ! Je préfère le savoir bien au chaud sur mon canapé que dans une ruelle minable jusqu'au petit matin. Je le trouve si incompréhensible, que j'en suis frustrée de ne pas parvenir à déceler ses intentions.

Je jette un coup d'œil dans sa direction, et le trouve les yeux parfaitement clos, la tête adossée contre la vitre glacée. Avec toute la délicatesse que je puisse fournir, je place une écharpe qui traîne à l'arrière entre son crâne et la vitre.

Si seulement cet imbécile m'avait donné son adresse, il serait déjà chez lui au lieu de dormir dans ma caisse !

Sur cette pensée, une idée germe dans mon esprit, mais je sais d'avance que ce n'est pas la meilleure possible. Or, il ne m'en vient aucune autre qui puisse la surpasser après cinq minutes de réflexion, ce qui me convainc de la suivre. D'autant que si nous restons ici trente minutes de plus, nous mourrons sûrement de froid !

Je décide donc de le mener dans le seul lieu que je connaisse qui puisse le satisfaire, du moins c'est ce dont j'essaie de me persuader. En fait, il n'y a pas de bonnes solutions dans cette situation, puisque peu importe ce que je décide il ne sera ni content ni même reconnaissant. Il m'a bien fait comprendre à quel point il me détestait pour ce que je lui avais fait, et que rien ne pourrait y changer. Mais impossible ne serait pas moi. J'en tiens pour mon compte ce soir, alors qu'il est complètement bouleversé par les évènements qu'il traverse, et cette date si particulière pour lui. Toutefois, je ne veux pas en rester là. Je le veux, vraiment. Et c'est peut-être un caprice, puisque je l'ai perdu par ma faute, pourtant j'y crois si fort que je garde naturellement espoir.

Je roule ainsi vers ma première solution, qui, je l'espère, créera le moins de tension entre nous. Seulement, je ne me souviens pas complètement du chemin, alors je suis contrainte de mettre le GPS pour me repérer. De temps à autre, je jette des coups d'œil vers Enzo, mais durant tout le trajet, il reste plongé dans un profond sommeil.

Je repense alors à tout ce qu'il m'a dit ce soir. Toutes ses confidences dont il ne se souviendra peut-être pas au réveil. Je sais qu'il va regretter ses aveux, je sais qu'il va regretter m'avoir vue. Tandis que moi, je suis heureuse de l'avoir croisé sur mon chemin. Je suis même soulagée d'avoir été celle qui l'a trouvé. Parce que même s'il ne me l'avouera jamais, si une autre personne l'avait vu dans cet état, il ne se le serait jamais pardonné et dieu sait comment il aurait pu réagir. Et puis, personne n'aurait pu comprendre. Moi, je me fous bien du pourquoi et du comment, je serai toujours là pour l'accompagner et le soutenir. Jamais je ne pourrais le juger, quand bien même s'il pense le contraire.

Je l'observe du coin de l'œil. Même endormi, il a l'air de souffrir. Même endormi, son visage est fermé, éteint, et ses sourcils froncés. Je ne ressens peut-être pas ce qu'il ressent à cet instant, mais je sais quels dégâts cette douleur peut provoquer. Je sais qu'il va lui falloir encore bien du temps et des efforts pour se relever, lui qui paraît complètement à terre. Mon cœur se resserre. Il ne mérite pas tant de maux. La vie est si injuste envers lui...

Une fois arrivés, je coupe le contact et descend de la voiture doucement, pour aller toquer à la porte d'entrée. Certes, il est tard, mais je suis persuadée qu'il répondra. J'essaie de rester discrète, pour ne pas effrayer le maître de maison. Comme je m'y attendais, quelques minutes plus tard, la porte s'ouvre à la volée :

-Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? scande une voix grave et menaçante.

Devant un jet de lumière éblouissant, une ombre se dresse face à moi, et je reste stupéfaite, complètement prise de court par la situation.

Charlie : Je t'aimerai pour deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant