Chapitre 20 - Enzo

23 3 2
                                    

Depuis que je l'ai percutée, nous ne pouvons nous empêcher de nous chercher du regard. 

Je ne sais pas si c'est de l'espoir, de l'incertitude, de la crainte, de l'excitation, qui les animent mais c'en est déjà bien trop pour moi. Je m'efforce de chercher autour de moi quelque chose, un mensonge, qui me permette de détourner enfin le regard.

Je n'ai plus envie de la regarder, pourtant je le fais. Je n'ai pas envie de susciter son attention pourtant elle requiert toute la mienne. Je ne veux pas lui accorder le moindre signe, le moindre espoir auquel se raccrocher, la même joie, la même importance...soit tout ce dont elle m'a privé en me quittant.

Je déteste le fait de ne pouvoir me soustraire avec indifférence de son regard, autant que j'adore le fait qu'elle me regarde. Je veux qu'elle me voie. Je veux qu'elle se rappelle. Je veux qu'elle souffre, jusqu'à en mourir de chagrin.

Si Mary ne m'avait pas donné un peu d'espoir, j'en serai peut-être mort, finalement. Alors je veux qu'elle vive ce que j'ai vécu. Qu'elle ressente ce que j'ai ressenti. Qu'elle se sente aussi meurtrie que je l'ai été.

Je veux la blesser, la faire souffrir en lui montrant que je ne suis plus celui qu'elle a jeté comme un malpropre, celui qu'elle a abandonné malgré tout.

Seulement, la rage qui me gagne me paraît trop insurmontable pour l'apaiser. Je sais que ce n'est qu'une question de temps avant que tout mon être n'explose littéralement, ou que mon hypertension ne me provoque une crise cardiaque.

Il ne manquerait plus que je crève devant elle, et par sa faute. Je ne lui donnerai pas ce plaisir, ni ne provoquerait mon humiliation la plus totale.

Je reprends un tant soit peu mes esprits pour récupérer les rênes, et cesser mes fantasmes d'exister, tandis que mes poings se serrent avec force.

Je me retiens de me jeter sur James ou Peter, certainement responsables de ce hasard qui me donne envie de gerber. Une belle raclée serait un bon moyen de me défouler et de me venger d'eux. Je suis si chamboulé, avec un tel chaos à l'intérieur de moi, que je n'arrive même pas à prendre une quelconque décision.

Alors que cet instant qui me semble avoir duré des heures entières, n'a duré en réalité que quelques minutes, Alec empoigne mon bras pour m'entraîner vers les coupables. Je m'en dégage, avant d'attraper Peter par le col en le fusillant sur place. Nous nous isolons, pour s'éloigner du bruit et de celles que l'on veut éviter à tout prix. Nous nous retrouvons donc dans un couloir étroit et désert, aux murs entièrement peints de noirs, à demi éclairé par une vieille ampoule au plafond.

Il n'y a pas de porte séparant cet endroit de la salle principale, mais au moins ici la musique est un peu plus atténuée, et les spots de toutes les couleurs ne me donnent plus le tournis.

Ainsi, une fois à l'écart, je laisse ma rage exploser sur lui sans ménagement, tandis qu'Alec et James nous rejoignent.

-Explique-toi, ou je te pète la gueule, je grogne, les dents serrés.

Il lève les mains devant lui, sans montrer de résistance, les yeux écarquillés et les traits tirés par la surprise.

-Les mecs, enfin ! Je n'étais pas au courant, putain ! C'est ma nana qui m'a envoyé un message pour me dire où elle était, je voulais juste la rejoindre et profiter de la soirée avec vous.

J'ai envie de le secouer pour replacer son cerveau minuscule à l'endroit, mais je me contente de gueuler sans pouvoir me retenir :

-Tu croyais quoi ? Qu'elle sortirait en boîte sans sa bande de copines ?! T'es qu'un putain de con en fait !

Charlie : Je t'aimerai pour deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant