Chapitre 15 (2) - Charlie

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Thomas ne me regarde même pas, il mange et évite de prêter attention à ma réaction, certainement par crainte que je lui dise que je n'aime pas.

-C'est vraiment magnifique Thomas. Tu as un véritable talent, je suis...stupéfaite, dis-je en toute sincérité.

Il relève enfin la tête, pour déceler une part de mensonge dans mon regard. N'en trouvant pas, il se permet de sourire à demi, plutôt content de ma réaction positive.

-Ce ne sont que des brouillons, comme je te l'ai dit. Ça me fait plaisir qu'ils te plaisent quand même.

Je continue de scruter sa dernière œuvre, en me demandant à quoi peuvent bien ressembler ses peintures, si un simple dessin est si bien réalisée. Je n'y connais pratiquement rien en art, je ressens juste les choses, si je les aime ou moins, et cette merveille me donne envie de l'embarquer avec moi pour l'exhiber dans mon appartement.

-Tu plaisantes ? Je les adore ! Le dernier en particulier, il est sublime. Il m'en donne des frissons. Ça me semble si réaliste.

Il finit son sandwich, alors que je lui rends ses affaires pour terminer le mien à mon tour. Je peux lire dans l'expression qui détends ses traits constamment crispés, qu'il est satisfait de mon éloge. Mais il est si modeste, qu'il n'oserait probablement pas l'avouer.

-Je ne vais pas te faire un cours sur les détails techniques, mais c'est ce que je préfère faire, les paysages, me dit-il en s'essuyant les coins de la bouche.

Dans ces mains fines se cachent un talent infini, et ça m'épate sincèrement. Comment arrive-t-on à créer ce genre de choses ? Ça me paraît irréel, surtout lorsque l'on dirait des photographies, mais en mieux, et j'exagère à peine.

-Et cette femme ! Elle est si bien dessinée, que j'ai l'impression de la connaître ! Je n'imagine même pas à quoi peuvent ressembler tes peintures. Tu ne le vois peut-être pas, ou on ne te le dit peut-être pas assez, mais tu fais un vrai travail d'artiste. Je ne rigole pas.

Thomas me fixe de ses yeux sombres, un regard franc et sans filtre, et je le laisse me regarder ainsi pour lui prouver que je suis honnête et franche.

-Si tu aimes vraiment, peut-être que...tu pourrais voir mes peintures.

J'acquiesce docilement, et s'en rendant compte, il prend un air méfiant. Mais je ne tiens pas longtemps avant de laisser éclater mon véritable sentiment.

-Tu accepterais, vraiment ? J'adorerais ! je m'exclame en lui exprimant ma joie à l'idée de visiter son antre d'artiste déchiré.

-Je dis bien peut-être, réplique-t-il aussitôt, dans l'espoir de calmer mon ardeur.

Je lui souris, satisfaite d'être parvenue à ce résultat en fin de compte. C'est vrai, il m'a montré ses dessins, et en plus de ça, il envisage de me laisser voir ses peintures ! C'est un véritable coup de théâtre dans ma journée.

-Je m'en tiens à cette possibilité alors.

Mon téléphone vibre sur la table alors que Thomas rassemble ses affaires et qu'il est l'heure de reprendre les cours. C'est un numéro inconnu, et bêtement, je sens mon estomac se resserrer. Je déteste les numéros inconnus. Ça ne m'empêche pas de décrocher rapidement, trop curieuse de connaître son identité. Et si... ? Non.

-Oui ? je demande prudemment, une pointe d'excitation réveillant mes sens.

-Mademoiselle Perrin ? Monsieur Colman Matt à l'appareil, le propriétaire de l'appartement que vous...

-Oui, bien sûr ! Comment allez-vous ? Je comptais justement vous rappeler...

-Je me suis permis de prendre contact avec vous, car je voulais connaître votre décision concernant la location. Je dois impérativement le louer dans la semaine, auquel cas, je contacterai le prochain intéressé. Néanmoins, si vous avez besoin d'un jour encore...

Charlie : Je t'aimerai pour deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant