Degenerate Kings - Le vampire de Tregarta

Où elle hausse le ton ✓

— Vous avez combien de planques, comme ça ? interroge Grant en poussant la porte
— Jamais assez.
— Mais plus précisément ?
— Aucune idée, je les connais pas toutes. Mais il en existe un peu partout en Angleterre si c'est ça ta question. Parfois, elles appartiennent à des chasseurs, mais le plus souvent se sont juste des endroits abandonnés.

L'abri où ils ont déplacé Aaron se trouve dans le sous-sol d'une ancienne usine textile.

Abandonné depuis plusieurs décennies, le bâtiment attire quelques squatteurs irréguliers et parfois l'un ou l'autre amateur d'urbex, mais les trois portes menant au sous-sol ont été habilement camouflées par des chasseurs voilà plusieurs années.

— Ici c'était habité par un groupe de chasseurs il y a dix ans, explique Brianna en refermant la porte derrière Elijah. Ce sont eux qui ont fait la majorité des installations. C'était vachement pratique à l'époque, mais pas assez discret. Leurs allées et venues ont alerté les flics qui se sont mis à faire des rondes. Au bout de deux ans, ils ont définitivement quitté les lieux, mais l'adresse à continué à tourner et d'autres chasseurs ont commencé à utiliser les lieux en cas de besoin. J'y ai passé quelques nuits, il y a deux ou trois ans, mais vu la superficie de l'endroit, c'est pas super rassurant de ne l'habiter qu'à deux. Par contre, si on veut retenir une créature, c'est le top, ajoute-t-elle avec entrain. Je vous montre.

Ouvrant la marche, Brianna fait défiler Jed et Elijah, quelques provisions dans les bras, et Grant et Shiloh portant Aaron, dans plusieurs couloirs étroits tout juste éclairés par des lampes à halogène vacillantes.

— Normalement il n'y a personne, assure-t-elle. Même si un chasseur en plus pour cette mission ne pourrait pas nous faire de mal.

Au fond d'un énième couloir, elle ouvre avec difficulté une porte plus massive que les autres. La pièce où elle les fait entrer est peinte en blanc et les spots au plafond, au nombre de six, éblouissent le petit groupe au complet quand elle les allume.

— Posez-le sur une chaise le temps que je prépare la cage.
— La cage ? s'étonne Shiloh en se délestant de son encombrant colis. On ne va pas l'enfermer dans une cage ?!

La chasseuse se retourne avec, dans la main, un flacon rempli d'une mystérieuse substance orangée sorti d'une armoire encastrée dans le mur.

— Alors comment comptes-tu le maîtriser ? Parce que si c'est pour qu'on continue à lui injecter du tranquillisant toutes les deux heures, autant lui briser la nuque tout de suite.
— Je ne comptais pas en abuser, se renfrogne Shiloh. On pourrait juste... je ne sais pas, l'attacher ?

Un large sourire se peint sur les traits de la jeune femme et Shiloh se demande s'il est honnête ou simulé tant il est incongru.

— Ça tombe bien, c'est ce que je m'apprête à faire.

Faisant volte-face, elle s'éloigne en direction du mur opposé composé d'une vitre courant sur deux bons mètres et d'une porte à l'aspect plus solide encore que la première.

Appuyant sur un interrupteur, elle allume la lumière dans la pièce se trouvant de l'autre côté de la vitre et maintenue jusqu'à présent dans l'obscurité. La salle, aussi blanche et éclairée que celle où ils se trouvent, mais deux fois plus petite, est vide, à l'exception de deux cages d'environ trois mètres sur deux et d'un large couloir permettant de marcher entre les deux.

Tournant une sorte de petit volant situé à l'endroit où devrait, normalement, se trouver la poignée, Brianna ouvre la porte et entre dans la pièce aux cages. Utilisant la clef laissée sur la porte de l'une d'entre elles, elle l'ouvre et, avec un chiffon récupéré dans l'armoire encastrée, se met à étaler le produit orangé sur les barreaux et les chaînes reliées au sol.