Degenerate Kings - Le vampire de Tregarta

Chapitre 5 - Où elle dort sur les genoux du policier ✓

Le retour à Tregarta, qui se fait en train, permet à Shiloh de revoir tout ce qu'elle a appris et de mettre au point un programme intensif pour les prochains jours.

Si la soirée après le concert de Bristol lui a permis de découvrir plusieurs choses, son voyage à Édimbourg sera quant à lui bien plus difficile à justifier.

D'un point de vue personnel, il était parfait, elle n'aurait jamais imaginé pouvoir socialiser ainsi avec Jed, Elijah et Nora. Mais d'un point de vue professionnel, il a surtout été une grosse perte de temps. Aucune nouvelle piste, aucun indice, et le peu de choses qu'elle a sur Barlow l'a empêché de le confronter sous peine de voir le maire débarquer dans les affaires de la police. Elle doit trouver plus de choses sur lui sans pour autant mettre de côté les autres pistes. C'est pourquoi elle prévoit d'aller voir sa femme dés le lendemain avec les photos d'Elijah. Et avec un peu de chance, Dustin sera même parvenu à trouver le nom de l'ex de Victoria.

En descendant du train et en sentant l'air marin lui caresser les joues, Shiloh se sent envahie par une puissante énergie. Habiter en bord de mer, c'est quelque chose, quand même, rien à voir avec les landes moites et brumeuses où elle a passé tant d'années*.
Elle n'a pas eu le temps de faire de sport ces derniers jours, tout comme, partie avec le strict nécessaire, elle n'a pas pu se changer autant qu'elle l'aurait voulu, et c'est peut-être le mélange de tout ça qui la pousse à piquer un sprint jusqu'au commissariat. Elle compte, de toute façon, prendre une douche en arrivant, alors même si elle déboule en sueur, ce n'est pas très grave.

10 minutes plus tard, elle traverse, toujours en courant, le petit parking visiteur qui se trouve devant le poste et elle pousse les portes vitrées presque avec violence. Wyatt, qui est toujours à l'accueil, se redresse brutalement, un air surpris, presque inquiet, se peignant sur son visage en voyant ses joues rougies par l'effort et ses cheveux en bataille.

— Shiloh ! Tout va bien ?
— Nickel. J'avais juste besoin de m'oxygéner un peu les poumons, s'excuse-t-elle. Tu vas bien ? Et Savane ?

À la mention du lapin, l'inquiétude du réceptionniste s'évanouit, et un sourire s'épanouit sur ses traits enfantins.

— On va très bien tous les deux. D'ailleurs...
— D'ailleurs ? répète-t-elle, suspicieuse.

L'homme lui fait signe de s'approcher alors qu'il s'écarte de son bureau en faisant rouler sa chaise.

— C'est une blague ? s'étrangle-t-elle en découvrant la lapine douillettement blottie sur les genoux du policier.
— Elle avait l'air si triste ce matin quand je l'ai quittée. Je pouvais pas la laisser seule encore une journée, s'excuse-t-il alors que ses traits se décomposent devant la réaction de Shiloh. Tous ceux qui l'ont vue la trouvent adorable, et elle a été gentille avec tout le monde.

— Tous ceux qui... Non, attends, se reprend-elle en portant la main gauche à sa tempe. Plus important : ce matin ? Je t'ai demandé de la nourrir le soir. T'as quand même pas dormi chez moi ?
— Bien sûr que non, se récrie-t-il. Mais j'ai préféré passer deux fois par jour pour m'assurer que tout allait bien. D'ailleurs, hier soir, Dunn est venu avec moi. Il voulait s'assurer que je la nourrissais assez. J'espère que ça t'embête pas que je l'ai laissé entrer.

Shiloh secoue la tête en soupirant.

— Non, ça m'embête pas, marmonne-t-elle alors qu'elle assimile cette nouvelle trahison lapinesque. Et donc, tu dis qu'elle a été gentille avec tout le monde ?
— Oui. Elle est super. Elle a même consolé un gamin tout à l'heure. Il attendait avec sa mère dans la salle d'attente, et quand elle l'a entendu pleurer, elle s'est levée de son panier, il désigne un panier pour chien caché sous le bureau, et elle est venue gratter à la porte. J'étais curieux de voir ce qu'elle allait faire, alors j'ai ouvert, et elle a couru jusqu'à lui. Elle s'est laissé caresser et il s'est calmé. Ça pourrait être sympa qu'elle vienne ici tous les jours. En plus, comme ça, elle ne serait plus obligée de rester seule toute la journée.
— J'y penserais, soupire Shiloh en s'étendant par-dessus le comptoir pour caresser l'animal endormi.