Je t'Aime Salope

Chapitre 11

Une soudaine vibration sous lui le fit se redresser en sursaut avant même que la sonnerie de son réveil ne se mette en route. Daulgue détestait les vibrations. Surtout quand celles-ci avaient pour but de l'extirper d'un sommeil si réparateur. Il se leva et s’habilla. Dans la salle de bain il passa un moment à perfectionner l’effet coiffé,décoiffé qu’il aimait donner à ses cheveux blond.  Il descendit ensuite dans la cuisine. Sa mère, une femme forte au visage sympatique, était occupé a découpé des kilos  de poireux, de prunes et de poires.

-Qu’est ce que tu fais ? Dit Daulgue en se saisissant d'un bol, d’une brique de lait et d’un paquet de céréales avant de venir s'asseoir autour de la table où sa mère s'affairait à la tâche.

-Ce week end c’est la fête de four mon grand. Tu avais oublié..? 

Oui, pour le coup Daulgue avait totalement oublié cette fête de village. Chaque année, le dernier week-end d’automne, on rallumait le grand four du village qui était là depuis des siècles, mais qui marchait encore très bien, et l’on faisait cuir de tout, des tourtes, du pain, on faisait sécher des fruits… Et on se régalait de tout ça, tous ensemble, sur des grandes tablés où l’on ripaillait et buvait beaucoup de vin et de cidre, pour oublier le froid. Petit, il l'attendait avec impatience parce qu’on lançait des feux d’artifice près du lac le soir venu. Mais il était grand maintenant. Et son quotidien avait été un peu chamboulé récemment. Il n'avait plus vraiment eu la tête à ça. 

Il fut tiré de sa rêverie par son petit frère, s’ agitant frénétiquement sur sa chaise haute. 

-Daulgue, tu peux le faire manger ? Je suis un peu occupé là.

Daulgue se retins de soupirer face à la corvée. Il tira sa chaise pour se rapprocher de son frère et se saisit de la cuillère. Il espérait qu’Hiska arrive bientôt pour l’accompagner au lycée et accessoirement, lui éviter la compagnie du diablotin en face de lui. Mais il ne vint pas. A vrai dire, l’heure tournait de plus en plus, et le petit déjeuner était fini depuis longtemps, mais il n'était toujours pas là. Et ça ne lui ressemblait pas. Il était du genre ponctuel. Enfaite non c’était plus que ça, il était du genre, en avance. Donc ça commençait à l’inquiéter. 

-Maman ! J’y vais ! Cria Daulgue tout en s’emmitoufflant dans des vêtements chauds.

-Tu n'attends pas Hiska ? Vous êtes toujours fâché tous les deux ? Répondit-elle de la pièce d’à côté.

-Je t’ai dis qu’on était pas fâché ! Je vais chez lui là !

-D’accord, mais soit pas en retard au lycée !

-Oui, bien reçu caporal… Rajouta t’il à mis voix, seulement pour lui-même, avant de passer la porte. 

Dehors il faisait frais mais le soleil ne tarderai pas à réchauffer tout ça. Il marcha rapidement jusqu'à la maison d’Hiska. Il n’habitait pas très loin. Il sonna. Une,deux, puis six fois. Aucune réponse. Quoi, il serait encore mal à l'aise et il l'éviterait ? Il avait pourtant l’air d’aller bien hier et de ne plus lui en vouloir. Il avait cru que la relation dans laquelle ils avaient décidé de se lancer lui convenait à lui aussi… Il se saisit de son portable et l’appela. Une fois, et il repondit à la deuxième tentative. 

-Mmhraleau...

Daulgue pris ce baraguinement pour un “allo”

 -Tu es où là ?

-Daulgue? C’est l’milieu de la nuit ou tu veux qu’ je sois…

-Hiska. C'est le matin. Et si tu te bouge pas , on va être sacrément en retard. 

-Merde !

Il raccrocha. Depuis l'extérieur, Daulgue entendit un grand fracas de bruits étouffés. La porte se dévérouilla. Hiska était là, sur le pas de la porte. Il avait les cheveux dans tous les sens, et ces vêtements étaient froissés. 

-Entre , j'en ai pour 5 minutes. 

-Tes parents sont pas là ? 

-Non. Ils sont repartis. Fais comme chez toi .

Et il disparu à toute vitesse dans les escaliers. Daulgue s'assit sur une chaise en soupirant. Les parents d'Hiska n'étaient pas souvent là. Son père à lui aussi voyageait  beaucoup pour le travail mais il avait sa mère. Il n'était pas livré à lui-même. Par bien des aspects, il trouvait Hiska courageux de mener ce genre de vie. Sans se plaindre. Depuis si longtemps. 

Sept minutes plus tard, Hiska redescendit. Fin prêt à affronter cette journée. Ils sortirent de la maison et se mirent vite en marche. Ils leur restaient le temps du trajet si ils ne traînaient pas trop. 

-Tes parents sont repartis quand ? 

-Hier. 

-C'était pas prévu si ? 

-Nan et j'ai été mis au courant qu'en arrivant dans une maison vide hier soir en rentrant. Je te jure ses parents c'est dur de les élever. Répondit Hiska. Tout sourire. Mais Daulgue savait qu'il se sentait seul. Souvent. 

Il marchèrent de longues minutes en silence. 
Daulgue hésita à prononcer ce qu'il avait sur le bout des lèvres. Il se résigna à abandonner le sujet qu'il voulait aborder et c'est à ce moment là que sa bouche parla sans lui avoir vraiment demandé son avis. 

-C'est la fête du four ce week-end. Je me disais qu'on pourrait y aller ensemble, tu travaillera pas non ? 

-Bonne idée ! Et non tous les endroits où on vend de la nourriture seront fermés donc j'ai mon week-end de libre pour une fois ! 

Daulgue hésita encore. Et quand il parla, sa gorge lui fit mal. 

-Alors puisque tu es libre et que … y' aura personne chez toi avant un moment … on pourrait peut-être… 

Hiska eut un grand sourire sadique et satisfait qui lui bouffa le visage. Il l'effaça vite avant que Daulgue n'est pu le voir. Il le remplaça par un petit sourire simple. Charmant et rassurant.

-Peut-être que tu pourrai venir dormir chez moi samedi soir ? 

Dans sa bouche ça semblait innocent, hors ça ne l'étais pas. Mais Daulgue se laissa docilement prendre au piège. 

-Ouais c'est là où je voulais en venir, ça fait longtemps qu'on c'est pas fait une soirée entre potes.

Ils sourirent et passèrent les portes du lycée. Ils savaient tous les deux très bien que cette soirée ne serait pas qu'amicale. Et ça tombait bien. Aucun des deux n'avait envie que ça reste simplement platonique. Ils se voulaient. Et c'était dur de résister.