Chapitre 26

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Voilà bien cinq minutes qu’Etienne s’agitait dans tous les sens. 

-C’est quand qu’on ren’teeeee !

-Deux minutes Étienne, maman fini de remplir des papiers et on rentre. 

Par les larges fenêtres on voyait le soir tomber. Dans l’après midi on avait fait un chek-up de l’état du petit garçon et sa sortie avait été programmée pour ce début de soirée. Daulgue et Hiska n’avaient pas bougé de cette chambre d’hôpital de toute la journée. Ils leurs semblaient même intimement connaître les poissons peints aux murs. Tous avaient hâte de rentrer et de reprendre un train-train quotidien. Même si ça voulait dire supporter l'énergie nouvellement débordante d’un enfant de deux ans remis sur pied. Enfin presque, avec sa jambe plâtrée, sa mobilité était plus que réduite et toute cette volonté de courir un peu partout allait être brimée pendant plus d’un mois et ce ne serait pas lui, chose sûr, qui en ferait le plus les frais. Il allait être insupportable. Plus encore qu'à l'accoutumé. La mère de Daulgue entra dans la pièce qu’il ne manquait plus qu'à quitter et c’est ce que toute la petite famille fit à sa suite. Ils s’engouffrèrent dans l’ascenseur. 

-Tes parents rentrent ? 

Hiska hocha négativement la tête. 

-Pas ce soir non. 

-Alors tu restes avec nous. 

Il n’y avait pas lieu de discussion. C’était un faits qui ne faisait pas débats, ce soir encore il dormait avec Daulgue. Il n’allait pas s’en plaindre. Il ne voulait vraiment pas être seul aujourd’hui. Il avait préféré passer sa journée cloitré ici plutôt que de rentrer dans cette maison froide et vide. Il aurait voulu qu’ils rentrent. Au moins quelques jours. Pas parce qu’il était blessé, mais parce qu’il avait fait quelque chose dont ils auraient pû être fiers. Il n’était pas le plus doué en cours, seulement le deuxième de sa classe en sport, vu que la première place était occupée par Daulgue, il dessinait bien mais n’était pas un vrai artiste. Il n’était vraiment fière d'aucune des choses qu’il avait accomplies. Comme si tout avait glissé sur lui. Mais là. Il avait agit. Il avait fait ce qu’il y avait à faire. Il y était allé, avait prévenu tous les gens de l’école, avait porté Etienne à bout de bras. Il avait agit, il ne s’était pas seulement contenté d’être un acteur passif de la situation. Et il aimait beaucoup ce sentiment de contrôle qui lui faisait tant défaut dans sa vie quotidienne. Enfin, à part au lit, là c’était lui qui menait. Ils arrivèrent sur le parking, et ils durent se partager pour ramener les deux voitures jusqu'à chez eux. Etienne monta, bien sûr, dans la voiture de sa mère où était installé son réhausseur. Il insista à grand coup de cris et d’yeux larmoyants pour que celui qu’il appelait désormais “ son héro” monte à l’arrière avec lui. Daulgue pris la place du mort dans la petite clio 2 de sa sœur, pour ne pas lui laisser faire le trajet toute seule. Et puis, à dire vrai, il était, mais vraiment de façon infime, comme blessé qu’Hiska soit le nouveau héros de son petit frère et il ne voulait pas passer plus de vingt minutes avec sa mère et son frère qui allait l'encenser . Daulgue se dit qu’il était vraiment égoïste. Hiska avait toujours été très discret et, il en avait conscience, dans son ombre. Et pour une fois qu’on lui portait un peu d’attention, ça le mettait mal à l’aise, lui. Il ne pût s'empêcher de se détester une seconde. Ce comportement était vraiment méprisable. Ne pouvait-il pas se contenter d’être heureux pour son ami et son frère qui allait bien malgré tout ? Non, il fallait qu’il y ait ce ressentiment… 

-ça ne va pas ? 

Gwève lui lançait quelques regards furtifs. 

-Rien je suis juste … épuisé. 

Répondit-il, il ne pouvait décemment pas lui dire qu’il se sentait dégueulasse et puis, ce n’était pas vraiment un mensonge, il était réellement exténué. 

Je t'Aime Salope Où les histoires vivent. Découvrez maintenant