Chapitre 28

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C’est totalement exténué qu’ils se blottirent dans le lit de Daulgue. Celui-ci avait la tête calée sur le torse d’Hiska alors qu’ils regardaient une série médicale quelconque à la télé. Hiska n’osa rien dire mais il avait vraiment du mal à suivre Daulgue. Il y a pas deux jours il ne voulait pas un câlin car ça faisait trop couple et voilà qu’il se comportait vraiment avec lui comme avec un petit ami… à s’enlacer ainsi devant une série. Mais Hiska se dit que Daulgue lui-même ne devait pas se comprendre en ce moment, tout ça était trop perturbant et , pour ce soir, il ne voulait plus réfléchir. Alors il détendit ses muscles et passa son bras valide par-dessus l’épaule de Daulgue pour le rapprocher un peu plus de lui et lui frotter doucement le dos. 

-Hiska… qu’est ce qui n’allait pas tout à l’heure au dîner ? 

Hiska déglutit bruyamment. 

-Rien.. C’était rien.

-Pas avec moi Hisk’ … J’ai bien vu tes yeux tristes, je les connais. Je te connais quand même. 

Daulgue n’avait même pas relevé sa tête du torse d’Hiska. Il parlait d’une voix calme. 

-Je sais bien que je ne suis plus un enfant et que je peux me débrouiller tout seul … mais j’aurais aimé que mes parents reviennent. Qu’ils montrent un peu d'intérêt pour moi. Quand on mangeait tout à l’heure.. L’ambiance qu’il y avait à table, ça n'a jamais été comme ça chez moi.  

-Tu n’es plus un petit enfant, mais tu n’es pas un adulte Hiska, ça aurait été normal qu’ils rentrent. Et cette fois-ci je ne leur trouverai pas d’excuses. Je vais pas te répéter pour la millième fois que tes parents t'aiment mais que leur travail est important et qu’il faut pas leur en vouloir. La vérité c’est que tes parents sont des cons de pas vouloir passer juste le plus de temps possible avec toi, parce que t’es quelqu’un de formidable. Gentil, généreux, attentionné et t’as aussi une sacrée dose de courage. Si ils sont incapable de voir tous ça chez toi c’est que c’est des abrutis et qu’il te méritent pas. Je les déteste pour t’avoir fait tant de mal durant toutes ses années.  

Hiska se sentit ému au possible, quelque chose dans sa poitrine se serrait et les larmes lui montèrent presque aux yeux. Pourtant , ce n’était pas douloureux. Il avait la sensation d’être enfin soulagé. Ils l’avaient pensé souvent et toujours il s’était blâmé d’avoir eu de telles pensées mais jamais il n’avait osé formuler ça à voix haute et jamais il n’aurait cru qu’un jour quelqu’un dirai ça de vive voix. Ces parents étaient des cons. Il n'était pas le seul à le penser alors ça l'autorisait à être triste pour ça. Pour leur bêtise et pour sa solitude. Il resserra son bras sur le corps de Daulgue. Il avait besoin de le sentir contre lui, de sentir sa chaleur. Sa présence. Et malgré qu’il le réprime de toute son âme, son corps trembla sous la secousse d’un sanglot. Une larme tomba. 

-Je… leurs en veux…
Articula difficilement Hiska, la voix emplie de tristesse. 

Daulgue se redressa et vint l’enlacer vivement. 

-Tu as le droit Hisk’, personne ne t’en voudra pour ça. Je crois que tu trouveras pas âme qui vivent dans ce village qui te dira que tes parents sont des gens bien. Mais on avait tous peur que tu souffres si on le disait devant toi..

-Pourtant si tu savais depuis combien d’années j’attends que quelqu’un le dise enfin. Que quelqu’un ose enfin poser des mots sur eux. 

Les yeux d’Hiska bien que mouillés, ne laissaient plus transparaître aucune émotion. Seulement une morne lassitude. Un sourire cynique s’étallait parfois sur ses lèvres. Sûrement à la réminiscence de certains souvenirs qui fusaient alors en flèche dans son esprit . 

-Est-ce que tu te souviens, commença t’il, cynique et presque mordant, la première fois où j’ai quitté le banc, mon premier vrai match de basket. J’avais quoi ? Treize ans? J’étais tellement fière, je m’étais tellement entraîné pour aller sur le terrain, pour te rattraper. C’était le match de ma vie, en tout cas à ce moment-là, pour moi,  il y avait rien de plus important. Ma mère était encore en voyage et mon père n’est même pas resté dix minutes. Lorsque j’ai marqué, j’ai regardé dans sa direction, il venait de décrocher son portable, il s’est levé et est sorti. Sans même regarder le terrain. Sans me regarder moi.
Il déglutit difficilement. Et plongea sa tête au creux de l’épaule de Daulgue. 

-Je me souviens oui. Je me souviens de tous les grands moments de ta vie. Parce que j’étais là. Pour tous. La première fois que tu as touché un ballon, tous tes matchs, toutes tes punitions, tous tes contrôles, tous les délires, les éclats de rires et je crois pas me tromper quand je dis que, depuis des années, je dois être le seul à te voir pleurer. Je suis aussi ton premier baisé, tu te souviens, à la fête d’anniversaire de Narok, le cap ou pas cap ? Je suis aussi la personne avec qui t’as fait des prélis pour la première fois, je suis ta première fois … Avant j’aurais pu me qualifier comme ton frère mais maintenant … J’ai était dans tous les grands moments de ta vie et la seule chose que je veux .. C’est d’être dans tous tes grands moments futurs… Je supporterai pas de plus faire du tout partie de ta vie. Je sais bien que ya des moments où … 

-Hey… Je te coupe directe Daulgue… Je compte pas t’éjecter de ma vie. Jamais. Le sexe entre nous, ça change rien à ça.

Les deux garçons se regardèrent intensément quelques longues secondes. Rassurer des troubles dans l’esprit et de l’un et de l’autre, ils se réinstallèrent l’un contre l’autre.

Juste de l’autre côté du mur, adossé à celui-ci, Guève avait laissé tomber le livre entre ses mains, la conversation derrière elle la captivant nettement plus. 

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 18, 2022 ⏰

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