Chapitre 18

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Même si il avait tout bien préparé en  vue de cette soirée… il stressait un max. Assis sur le haut rebord du lavoir, il scrutait l'horizon. De là, il entendait le tumulte de la fête en bas. Il n'aimait pas vraiment ce genre de rassemblement… trop de vacarme. Il aimait réellement le calme. Il voyait bien que Daulgue aussi était inquiet à propos de cette soirée, et malgré sa propre nervosité, il allait tout faire pour le mettre à l'aise. Cette après midi ils feraient des choses qu'ils aiment, et le soir glisserai tout naturellement sur tout ça. Il regarda une unième fois son portable. Pas de réponse de Daulgue. Mais lorsqu'il leva la tête, il le vit apparaître au sommet de la montée qui menait à ce coin du village. Il était quelque peu essoufflé. 

Haa… soupira t'il d'aise en s'asseyant près de lui, désolé pour le retard… On a mangé à côté de la famille Mortinet et leur fils aîné m'a pris en otage ! 


Haha … c'est ta faute ! T'as été assez bête pour commencer une conversation avec Joris… Tu aurais dû savoir que ça te mènerait à ta perte ! 


Ils rirent. Puis un petit silence gêné s'installa. 

Ton sac est lourd ? Demanda Hiska


Nan pourquoi ? 


Alors ça ne te dérange pas de marcher ? 


Où veux-tu aller ? 


Hiska pris un petit air malicieux. 

Comme tu sais mon patron s'occupe du four toute la journée aujourd'hui…. Et, il tira un trousseau de clés de sa poche, j'ai les clés du resto. Ça te dit d'y faire un petit tour ?


 Les yeux de Daulgue s'illuminèrent. Et il ne put empêcher ses dents de passer sur sa lèvre inférieure en signe de gourmandise. 

Allons y… 


En se relevant, Daulgue poussa Hiska en direction de l'eau du lavoir. Seulement comme ça, pour lui faire un peu peur. Mais, vraiment surpris de ce geste, il faillit tomber. Il ne se rattrapa que de justesse, aidé par Daulgue qui le saisit par le col avec force et le tira en arrière. Tout se passa en quelques secondes, et résultat d'un tel moment de panique, ils se retrouvèrent tous les deux le cul par terre . Et ils rirent de ça. Beaucoup. 

Lorsqu'ils descendirent la côte, ils purent voir tout le village en effervescence. De là où ils étaient, la foule était un assemblage fourmillant de points colorés. Ils parvenaient même à entendre quelques sons de la chanson que le groupe était en train de jouer, bien des mètres plus bas. Leur village était atypique. Rocailleux. Planté là, dans la montagne. Et le dénivelé qu'il y avait entre le lavoir et l'hôtel de ville était plutôt impressionnant pour celui qui n'avait jamais vécu là. Mais tous les deux ils avaient grandi ici, et connaissaient ce petit bourg comme personne. Ils l'avaient traversé, à pied, en vélo, avec toute leur bande de potes ou seulement tous les deux. C'était le genre de campagne où il faisait bon être, mais tout de même, arrivé à un certain âge, on avait hâte de voir autre chose et de partir loin. C'est ce qu'avait fait la sœur de Daulgue à l'obtention de son diplôme. Elle était partie le plus vite possible. Tous les jeunes adultes s'acheminaient vers les grandes villes, peu revenaient au pays. Et la population, petit à petit, se vieillissait. 

Ils arrivèrent à la porte de derrière du petit bar- restaurant où Hiska travaillait les week-end et quelques soirs de la semaine quand les réservations affluaient. Ils entrèrent par les cuisines, Daulgue laissa glisser son regard dans ce lieu où il n'avait jamais pu aller jusqu'à ce jour. Hiska lui intima de le suivre. Ils se faufilèrent entre le plan de travail et une gazinière massive et débouchèrent, par une porte battante sans poignée, derrière le bar. Le restaurant était composé d'une pièce principale, donnant sur terrasse. Une pièce large, avec de nombreuses tables et un comptoir. Et par un encadrement de porte creuser dans la pierre du mur du fond, on entrait dans une autre pièce, un peu plus petite, où trônait un magnifique bar en bois de chaînes, des banquettes rouges, et accroché à l'un des murs, un large écran plat pour regarder les matchs. Mais ce qui avait surtout donné envie aux deux adolescents de venir ici, c'était le baby-foot et le billard, réels pièces maîtresse de ce lieu. 

D'habitude il est toujours pris d'assaut… je me suis dit que ça pourrait être sympa pour une fois de l'avoir pour nous. Commença Hiska  en caressant le flan du billard. 


Je trouve que c'est une très bonne idée. Répondit Daulgue tout en sortant une queue de son receptoir accroché au mur.

 Il prit une craie et d'un geste faussement expert, il en enduit le bout de sa queue. Il se positionna ensuite contre la table, son buste en avant offrait une jolie  vue sur son postérieur. Il visa, laissa la queue glisser entre ses doigts avant de taper dans l'une des boules … intérieurement, il se dit qu'il n'y avait pas plus erotique comme jeux que le billard. C'était limite des préliminaires ! Et cette sensation fut renforcée lorsqu'il croisa le regard déterminé d'Hiska qui se penchait à son tour sur la table au fin tapis vert. Baigner dans la lumière sombre des néons, l'ambiance avait quelque chose d'électrique et d'hypnotisant. Ils n'étaient pas très doués, pourtant ils jouaient tous leurs coups avec une véritable concentration. Hiska avait ce tic de se mordre la lèvre inférieure lorsque sa boule manquait le trou de justesse. Et le regard de Daulgue était irrémédiablement attiré par ça. 

Tu sais ce qui manque ? Commença ce dernier. Un bon verre de scotch. Rajouta t'il à l'attention du bar.


Hiska rit doucement.

Tu cherche à me faire virer ? Mais je suppose que deux petits verres passeraient inaperçu vu le nombre de poivreaux qui s'entassent ici tous les jours …


Il se dirigea derrière le bar mais Daulgue le retient par le bras. 

Je plaisantais ! Je ne veux pas boire ! 


Hiska le regarda, étonné de cette réaction excessive. Il n'allait rien faire de grave… Au cour de leurs jeunes vies, ils avaient déjà fait pire que de voler 20 centilitres d'alcool… 

Mais si tu veux boire c'est tout à fait possible ! Ne t'inquiète pas je ne me ferai pas renvoyer pour si peu ! Et puis personne ne le saura.


C'est juste que … j'ai l'impression qu'aujourd'hui tu me dirai oui à tout. 


Hiska dégagea son bras de la main de Daulgue et vient se positionner en face de lui. Tout près.  Ses mains sur ses hanches, il l'embrassa. Un baiser chaste, dans lequel, bien que ce soit difficile, il mit le moins d'envie sexuelle possible. Il ne voulait pas lui faire peur. 

Oui. Aujourd'hui je suis à toi, je dirai oui à tout ce que tu veux.


Daulgue resta un instant troublé, puis finit par serrer ses poings, agrippé à la chemise d'Hiska, par baisser la tête, et par murmurer un faible " merci". Après quelques secondes de silence, Hiska se détacha de Daulgue et fit le tour de la table pour revenir à sa place. 

C'est à ton tour de jouer. 


Daulgue empoigna sa queue. Comprenez par là, celle du billard. Et se concentra sur le coup à jouer. Ce dernier n'était vraiment pas facile. La boule se trouvait dans un endroit exigu près de la bordure. Il changea maintes fois de positions pour trouver le meilleur angle. Ne le trouvant pas et dans le but d'avoir une meilleur stabilité, il posa son genoux sur le rebord de la table et se pencha en avant. Hiska ne put s'empêcher de faire un commentaire à la vue de cette position un peu tendancieuse…

Mmh.. te penche pas comme ça … tu me donnes des idées… 


Daulgue descendit prestement sa jambe. Même s'il avait senti l'humour dans sa voix, il ne prendrait pas le risque de perdre sa virginité dans l'arrière salle d'un bar… Bon, il reconnaissait que ça serait plutôt excitant de le faire ici… Mais pour une première fois … il avait si peur que ça se passe mal… Mais pour l'instant, la journée se passait tout en douceur et il fallait qu'il arrive à profiter du moment présent. Pour oublier ce qui l'attendait ce soir. Il tira. La boule ne rentra pas. Il aurait dû garder sa jambe contre le rebord. 

Heureusement que j'ai fait cette remarque, avec le bon angle tu aurais gagné la partie …


Alors ce n'était qu'un stratagème pour gagner ? 


Hisk eu un petit sourire sadique et plein de compétition.

Évidemment…  qu'est ce que tu croyais … ? Petit pervers… 


Daulgue, le sourire aux lèvres, leva l'un de ses doigts, et je ne dirai pas lequel, bien haut en direction d'Hiska. Et la partie pû reprendre. 

Je t'Aime Salope Où les histoires vivent. Découvrez maintenant