Chapitre 19

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La cloche de l’église fit trembler le bar avec ses quatre coups retentissants. Hiska se raidit. 

-Il vaudrait mieux y aller… La nuit tombe dans une petite heure et y a de grandes chances que mon patron rentre chercher une veste ou des éclairages.

-Ouais, vaut mieux qu’on file alors ! Acquiesça Daulgue. 


Et ils repartirent comme ils étaient entrés, en catimini. Hiska prit bien soin de refermer la porte derrière lui.  

-Alors.. On va chez toi ? 


Hiska remarqua bien que la voix de Daulgue tremblait un peu. Pourquoi avait-il aussi peur… Ils avaient déjà presque tout fait ensemble… Et si ça se passait mal, que c’était trop douloureux, il saurait se satisfaire de préliminaires. Il espérait que ça, Daulgue le savait… Après tout ça avait été très plaisant de jouer en classe. Même si ils auraient eu de gros ennuis si ils s'étaient fait prendre… Ils le referaient. C’était certain. Mais pour l’heure, il devait détendre un peu cette boule de stress en laquelle Daulgue était en train de se transformer. 

-Ça te dit de profiter qu’il fasse encore jour avant ? Allons marcher un peu près du lac. Tu aimes cet endroit non ? 


-Heuu.. Oui. Oui allons marcher un peu.


Depuis tout à l’heure, l’air s’était encore rafraîchi. Et les oreilles d’Hiska étaient devenues toutes roses à cause du vent. C’était adorable. Et Daulgue voulait les manger. Ils avaient découvert, lorsqu’ils étaient petits, un passage secret pour aller jusqu’au lac. Il fallait aller jusqu’à l’ancienne église. On en avait rebâti une plus dans le centre il y a quelque siècles car celle-ci était vraiment petite et très atypique. Il n’y avait que la façade et le clocher qui avaient été bâti, le reste avait été creusé dans la pierre de la montagne. Froide et humide. Et même si l’endroit était splendide, presque irréel, personne n’avait envie d’être assis là des heures à écouter un quelconque sermon. Le passage se trouvait dans la nef de l’église, une petite porte de bois vermoulu s’ouvrait sur un étroit et très grand escalier de pierre en colimaçon. L'ascension était un peu périlleuse parce que les pierres glissaient. Hiska, qui avait les meilleures chaussures, passa derrière Daulgue pour qu’il puisse le rattraper en cas de chute. Il ne tomba pas. Il avait fait le chemin tant de fois que ses pieds savaient où marcher sans glisser. Hiska lui, se sentit assez honteux d’avoir regarder les fesses de son ami se dandiner  au fil des marches durant toute la montée… À la fin de l’escalier, une trappe de fer. Daulgue la souleva avec force et ils se retrouvèrent à l’air libre. Derrière eux, et bien des mètres plus bas, leur village. Devant eux, s'étendait une immense prairie avec en son centre un petit lac, parfaitement rond. Il s’agissait en réalité d’un cratère de volcans éteints depuis des lustres. 
Ils se mirent à marcher un peu, puis au final ils s’assirent sur une large pierre. Au loin, on voyait des hommes installer des gradins. Ici, ce soir, il y aurait la représentation du spectacle de l’école primaire et du collège et ensuite le feux d’artifice qui clôturera la fin des festivités. Daulgue regardait un peu distraitement dans le vide. Hiska regardait Daulgue. 

-On fera rien si t’en a pas envie. 

Daulgue se retourna vers Hiska, un peu surpris. 

-J’en ai envie. Daulgue ne put s’empêcher de baisser les yeux après avoir dis ça. Il respira profondément et reprit; 

-C’est juste que… tu peux être un peu brutal.. Et j’aime ça hein! Mais aujourd’hui je suis pas sûr d’en avoir envie … 

-Daulgue… Je suis pas une bête sauvage. Bien sûr que si t’en as envie je serai doux. Tu me dis stop j’arrête dans l’instant. Le moment ne vient pas naturellement dans la soirée ? Et bien on le fait pas. Y a pas de problème. Vraiment.

'Merci...

 -Je vois que ça t'angoisse. Tout va bien, on passe un bon moment et tu y repense et alors ton visage se crispe… Je veux pas te faire ressentir de la peur. Je trouve ça débile. Alors ce soir, tu viens chez moi pour jouer aux jeux vidéo et mater un bon film. Pour le reste, y a rien de prévu au programme.. ça te vas ? 

Daulgue sourit. Hiska était profondément gentil comme garçon. Sans lui à ses côtés c’est sûr qu’il se serait fait frapper au collège … On s'en prend constamment aux gentils.

-Ça me va ! Alors on regarde quel film en arrivant ? 

Il se remirent en chemin, et à mesure que la nuit tombait, ils se rapprochaient de la maison d’Hiska. 

Je t'Aime Salope Où les histoires vivent. Découvrez maintenant