Chapitre 11 : un allié ennemi

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Je reste un instant stoïque face à ses paroles, puis entrouvre la bouche.

-M'aider ? M'aider à quoi ? Je n'ai pas besoin de toi, surtout si tu es de la brigade héroïque. De plus je te signale que tu ferais pacte avec l'ennemi, ça serait contre tes idéaux. M'énervais-je, mordant l'intérieur de ma bouche.

Elle ne lâche pas mon regard, toujours aussi déterminée.

-Mon pouvoir c'est la téléportation.

J'ouvre plus grand les yeux.

-Intéressant pour s'échapper à n'importe quel moment et n'importe où, pas vrai ? M'informe-t-elle d'un air malicieux.

Je mords ma lèvre.

-Que veux-tu en retour ? C'est impossible que tu m'aides aussi facilement.

Elle soupire de nouveau.

-Je t'ai déjà dit que je ne veux rien de spécial en retour, tout ce que je veux c'est une alliance. Cette société de justice dans laquelle j'ai grandi n'était pas celle que je pensais, elle est corrompue jusqu'à la moelle et ça me dégoûte. Je voudrais changer ça de mon côté, et on a un but commun, il vaut mieux être à plusieurs.

Je fronce les sourcils, je ne sais pas si c'est un piège, ça m'a l'air trop beau pour être vrai.

-Si c'était vrai, pourquoi m'aurais-tu attaqué la première fois qu'on s'est vu ? Et surtout c'est toi qui m'a attrapé je te signale. Rétorquais-je méfiant.

Elle se relève, puis se met derrière moi.

-La brigade est hautement sécurisée et surveillée, je n'allais pas retourner ma veste devant tout le monde. Il faut jouer le jeu, et c'était le seul moyen que j'avais pour réussir à te parler en te capturant.

Elle a raison, et ça m'énerve.

-Et comment comptes-tu m'aider alors ? Demandais-je haussant un sourcil.

Elle glisse dans ma main quelque chose de froid, et je me rends directement compte que ce sont tout simplement les clés pour me libérer des menottes et sûrement de la cellule par la même occasion.

-Sache que je ne pardonne tout de même pas une part des crimes que tu as fait, pour moi ils sont tout aussi punissables. Mais tu es la seule personne en qui je peux faire un minimum confiance dans ce milieu. Tu es l'ennemi direct de la brigade, je n'ai pas de soucis à me faire sur le fait que tu te mettras de leurs côtés.

-Rien de mieux que de faire de son ennemi son allié. Souriais-je.

Elle rigole en me contournant et avançant vers la sortie de la cellule. Elle commence à ouvrir la porte mais tourne avant sa tête vers moi.

-Je te laisse ça, débrouille toi pour sortir, je ne peux rien faire de plus sinon je serai davantage suspecte. On nous regarde mais on ne nous écoute pas.
Retrouve moi à l'aube demain matin à 6h sous le pont près de l'église.

Je l'interpelle alors.

-Et pourquoi tu n'as pas demandé l'aide d'Amos à la place ? Raillais-je.

Alors qu'elle s'apprêtait à répondre, soudain quelqu'un arrivant dans les couloirs à grands pas et à grande vitesse se fait entendre.

-Monsieur ! Revenez ! Vous êtes encore fragile ! S'exclame une petite voix.

-Rien à secouer, j'ai quelque chose à foutre ! S'écrit une autre voix que je connais que trop peu, Amos.

J'ouvre les yeux, stupéfait lorsque il arrive brusquement devant la cellule, dérapant sur le côté dû à la vitesse de l'impulsion. Il halète fortement, mal en point, étant torse nu avec un énorme bandage qui encercle son buste et sa blessure.

-Amos, qu'est-ce que tu fais là ?! S'exclame Azel.

Il l'ignore en la poussant légèrement, rentrant dans la cellule, et me pointant du doigt respirant fortement.

-Toi... faut qu'on parle.

La brune se téléporte d'un coup face à lui et l'arrête.

-Tu peux me répondre avant que je ne m'énerve ? Répète-t-elle d'un ton plus sec.

Je sens un soulagement en moi lorsque je vois qu'il est encore vivant et en un seul morceau. J'esquisse un sourire du bout de mes lèvres, arquant un sourcil tout en affichant un air arrogant.

-Le blondinet souhaite me parler ? Comme c'est mignon. À croire qu'il est amoureux. Dis-je d'une voix suave.

Azel tourne sa tête vers moi, mécontente.

-Commence pas, Keres. Me fusille-t-elle du regard.

Elle regarde de nouveau Amos dans les yeux, je vois qu'ils s'échangent un long regard qui en dit beaucoup. Pendant ce temps, je joue avec les clés, impatient de me libérer de ces maudites menottes qui me serrent la peau à en faire un mal de chien et me privent de mes pouvoirs.

Elle finit par baisser les bras, abdiquant tout en soufflant.

-Bon, vas-y. Et interdiction de le tuer, sa mise à mort n'a pas encore été décidée à 100%. Informe-t-elle en sortant de la cellule, m'adressant un rapide coup d'œil qui me fait comprendre la situation.

Le blond, légèrement pâle, avance pas à pas vers moi.

-Pourquoi ? Demande-t'il soudainement.

-Pourquoi quoi, mon mignon ? Continuais-je.

-Pourquoi m'as-tu sauvé la vie ? Me lâche t'il suspicieux, me montrant l'énorme bandage taché de sang.

Je penche la tête sur le côté.

-Doucement Amos, à s'égosiller comme ça tu risques d'ouvrir ta plaie de nouveau. Ça serait dommage. Dis-je en mimant un air inquiet et exagéré.

Il me prend alors soudainement par le cou et me force à lever la tête et à regarder ses yeux marrons qui plongent dans la noirceur de mon âme. Ses doigts sont rétractés sur ma chaire mais je le sens trembler petit à petit.

-Réponds moi, Keres. Je ne vais pas me répéter cent fois.

Je fronce les sourcils.

-Tu es tout pâle, tu vas t'évanouir à forcer comme ça.

Il vacille légèrement, mettant sa main sur son front et relâchant quelque peu sa prise sur mon cou.
Il lâche un juron quasiment inaudible et pâli davantage.

-Tu comptes vraiment pas me répondre.. Ricane-t-il.

Alors que je le vois frissonner et fermer lentement les yeux, je réponds en souriant.

-Non.

-Est-ce que tes souvenirs te sont revenus-... Murmure-t-il à voix basse avant de vaciller.

À la suite de mon refus, je le vois commencer à tomber sur le côté, perdant connaissance. Mais plus rapide que ça ; je me détache à l'aide de la clé de mes menottes. En me relevant, la chaise tombe à la renverse dans un fracas assourdissant. J'en profite pour activer mon pouvoir, et à la vitesse de l'éclair je l'attrape à temps dans mes bras avant qu'il ne touche le sol.

Sa tête se repose sur mon épaule, son corps basculant contre le mien. Son souffle chaud effleure ma nuque dans un rythme quelque peu erratique. Je le soulève légèrement puis le porte jusqu'au lit miteux à droite de la cellule. Je l'allonge dessus sans un mot, puis m'éloigne de lui, ouvrant la porte à l'aide de la clé et m'en allant sans un regard en arrière.

Sayhnn

Alors ? Que pense-t'on de ce retournement de situation avec Azel ?
L'arrivée de Amos ?

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