Chapitre 14 : vengeance brûlante

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La vengeance est un plat qui se mange froid.

Mais de mon côté, on peut en tirer quelque chose de plus exaltant et trépidant. Quelque chose de brûlant et ardent comme les flammes d'un enfer abyssal.

L'heure a sonné, le bruit des cloches de l'église du petit village dans lequel je me trouve en dehors de Londres résonne comme un jugement dernier.

Je prends une grande inspiration, serrant les poings, et m'approche pas à pas vers le chemin qui mène à ce manoir immense rempli d'horreurs que je ne pourrai oublier.

Mais cette fois-ci, quelqu'un se trouve à mes côtés. L'ombre qui est derrière mes pas est accompagnée d'une autre.

Azel avance à ma droite, puis nous nous stoppons face à cette résidence qui abrite un démon.

Je relève les yeux vers celui-ci, un air déterminé et tueur flottant dans mon regard.

-Tu sais quoi faire. Dis-je à l'attention de la jeune femme.

Celle-ci hoche la tête, croisant les bras, tournant son visage vers moi.

-Tu es sûr que je ne peux pas t'accompagner ? Demande-t-elle.

Je tourne à mon tour ma tête vers la sienne et la regarde.

-Il ne vaut mieux pas, c'est entre lui et moi... Dis-je, mais me stoppant réfléchissant quelques instants.

Oh...

Un sourire malsain étire alors mes lèvres.

-Tout est en place ? Demandais-je.

Elle hausse un sourcil et se penche en arrière, posant sa main sur sa poitrine, surprise.

-Bien évidemment, tu me prends pour qui ? Je ne suis pas incompétente. Rétorque-t-elle.

Je passe ma main sur mes cheveux, baissant la tête et ricanant pour moi-même. Alors que je la relève, je prononce d'une voix amusée :

-Au final, je t'invite à venir, ça va être encore mieux si tu es là. Toi figure de la justice faisant la une des journaux...

J'ai si hâte de voir son visage désespéré, languissant et rempli de plaintes. C'est un tableau frémissant et faisant exalter chaque parcelle de ma peau.

Elle a l'air quelque peu réticente.

-Je viens seulement pour m'assurer que tout se déroule bien à l'intérieur. Je ne sais pas ce que tu as derrière la tête en me laissant finalement venir, Keres. Souffle Azel, tandis que nous nous mettons de nouveau à avancer pas à pas direction la demeure.

Nous enfilons alors un masque pour camoufler notre partie haute du visage, et la brune enfile une cape pour camoufler sa chevelure et son allure, étant donc ainsi non reconnaissable.

Le plan est celui-ci : Azel s'occupe de faire en sorte que les quelques domestiques du manoir soient en dehors de la demeure. Elle a insisté car elle considérait que ces gens-là étaient innocents et ne méritaient aucunement le châtiment que j'allais infliger à mon oncle.
De mon côté je ne le pensais pas, ils n'ont rien fait pour m'aider à l'époque, ils ne m'adressaient même pas un regard, le fuyant lorsque je me faisais battre. Ce ne sont que des traîtres.

Pendant ce temps, je m'occupe de trouver cette ordure. Azel me rejoindra finalement.

Pourquoi ai-je besoin de son aide dans cette vengeance ?

Elle s'est occupée de faire en sorte que la brigade de ce village soit concentrée vers une autre partie de la ville. Elle s'est téléportée dans le bureau du chef de police local lorsque c'était la pause, et ainsi mimer une alerte d'urgence dans la partie B de la ville et que ce soit la brigade chargée de surveiller les alentours du manoir de mon oncle de s'en occuper. Ainsi la voie est libre.

J'ai bien évidemment contribué, j'ai fait en sorte de causer différents problèmes dans cette partie B de la ville. Vol à l'étalage, perturbation publique, destruction d'une statue.. De quoi mimer la présence de l'apparition d'un vilain.

Mon alibi est parfait.

En ce moment même la police et les héros sont sur place pourchassant un criminel qui n'est plus là : moi.

Au même moment, et il faut faire vite, j'accomplis ma vengeance.

J'enfile à mon tour une capuche sur mes cheveux blancs, Azel se dépêche de se téléporter pour trouver et faire évacuer les domestiques, tandis que dans mon cas j'escalade la palissade.

Je me souviens, en voyant cette fenêtre sur mon côté gauche en haut, que c'est son bureau. Là où il s'amusait à prendre une règle et un bâton, me punissant avec, frappant ma peau enfantine sans vergogne et laissant des marques rouges gisantes et brûlantes.

La rage monte en moi en repensant malgré moi à tout cela. Je prends une inspiration, calmant mon sang circulant à toute allure dans mes veines, et arrivé à fenêtre je me cache sur le côté contre le mur et jette un regard discret à l'intérieur.

Mon cœur rate un battement en voyant ce gros porc en train de fumer un cigare, écrivant quelque chose sur du papier, toussotant à cause de la fumée.

Mes yeux s'ouvrent grand, de l'électricité palpable dans l'air. La fenêtre entrouverte pour laisser passer le gaz toxique du tabac me laisse une chance de passer sans avoir à la briser ou autre.

Je la pousse, et au bruit du grincement de celle-ci il sursaute et tourne vivement sa tête dans ma direction.

J'entre, mettant un pied sur la moquette rouge sang, et avance doucement tel un félin face à sa proie.

Il se relève en faisant tomber sa chaise de stupeur, me regardant horrifié et s'écriant :

-Qui êtes-vous ? Sortez tout de suite de chez moi ! Je vais contacter la police !

Je remets en place mon gant, et ne peux m'empêcher de sourire en le voyant apeuré.

-Pas besoin, ils sont déjà occupés. Contente-toi de garder le silence, vieux porc.

-Espèce de !

Il recule tandis que j'avance, tente de courir vers la porte, mais à la vitesse de l'éclair je me dirige vers celle-ci, tourne la clé qui était dessus pour fermer la porte puis la balance à l'autre bout de la pièce.

Il accourt vers elle en lâchant un cri, c'est sans compter que d'un coup de pied je le balance à l'autre côté du bureau et il s'écrase contre le meuble en bois. En faisant ça, le bol d'encre avec lequel il écrivait bascule et tombe sur son visage et ses yeux.

Il s'écrie d'agonie en frottant ses paupières, reniflant. Sa tête et son costume sont tachés d'encre noir et couvre son regard.

-Ah ! Au secours ! Vous voulez de l'argent c'est ça ? J'en ai pleins ! Prenez tout mais laissez moi ! S'exclame-t-il.

Un rire incontrôlable sort de ma gorge, trouvant hilarant de le voir me supplier comme un chien. Exactement comme je faisais avant.

Les rôles se sont inversés.

Je me stop alors, posant mon pied sur son crâne et poussant sa tête contre le meuble et le forçant ainsi à avoir le regard levé vers moi.

-Continue de me supplier, c'est un son incroyable pour mes oreilles. Tu devrais comprendre ça, non ? Combien de fois m'as tu dit et fait crier ainsi, disant que tu adorais ce son ? Pas vrai, Alfred ? Ricanais-je, penchant mon buste vers lui et appuyant davantage sur son crâne avec ma chaussure.

Sa bouche s'entrouvre, ses pupilles vibres et ses yeux tremblent de peur. Il tilt alors, puis dit d'une voix horrifiée :

-Keres ?

Sayhnn

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