Je souffre plus que toi ~ DRARRY

Chapitre 19

A travers la fenêtre Harry observait le ciel, gris et maussade, comme son humeur. Les nuages s'aggloméraient au dessus de Poudlard tandis que le vent se levait au loin, soufflant dans les étendues vertes.

Harry était bien au chaud, à l'abri dans la salle commune des huitièmes années, affalé sur la table. Des encyclopédies en tout genre et une montagne de parchemin s'étalaient devant lui. Un encrier ouvert menaçait de tomber à sa droite, tandis que sa plume lévitait distraitement devant ses yeux fixés sur l'horizon.

   -  Harry !, l'interpella Hermione pour la énième fois, ensevelie sous une pile de livres. Ce parchemin ne va pas se remplir tout seul et il faut le rendre demain matin. Tu sais très bien que McGonagall punit sévèrement les retards.

Le brun acquiesça d'un air distrait. Un rapide coup d'œil vers ses affaires lui confirma ce qu'il pensait : trop ennuyant. Il n'avait pas le cœur à se plonger dans la théorie de la perte et du gain en métamorphose. Alors il observa à nouveau l'horizon, perdu dans ses pensées.

Hermione ferma brusquement son livre, le faisant tomber sur la table. Il sursauta et se retourna vers elle, surpris.

   -  Bon, qu'est-ce qu'il y a ?, lui demanda-t-elle d'un air exaspéré.

   -  Mais rien ! Pourquoi tu n'embêtes pas Ron plutôt ? Il n'a même pas commencé à travailler sur le projet en herbologie.

Ce dernier releva les yeux de sa partie d'échec en solo et fusilla Harry du regard.

    -  Parce qu'il est toujours en retard et qu'il ne m'écoute pas de toute façon. Clairement, j'ai du mal à comprendre pourquoi il est revenu cette année pour passer ses NEWTS alors qu'on lui a offert une place dans le programme de formation des Aurors. A croire qu'il veut juste battre ton record du plus grand nombre de détention, dit-elle en levant les yeux au ciel.

     -  Ah ! Sans Snape pour nous en donner ça risque de s'avérer très compliqué, pouffa le roux.

      -  Très respectueux Ron.

       -  Et ! Ordre de Merlin ou non, vivant ou mort, il reste un bâtard graisseux qui nous a fait vivre sept ans d'enfer. Enfin, peut-être qu'il l'on lavé avant de l'enterrer ... disons juste bâtard alors.

        -  Ron !

       -  Désolé 'Mione mais c'est la vérité.

Soufflant bruyamment, elle se retourna vers Harry. Dans son mouvement, ses longs cheveux bruns virevoltèrent dans les airs.

    -  Vraiment, je me demande pourquoi il est revenu étudier ici.

    -  Pour passer une année supplémentaire en ta compagnie Hermione. Il avait peur que tu découvre que tous les hommes ne sont pas aussi idiot que lui. J'ai pas raison Ron ?

Un nouveau regard noir le fusilla. Il se contenta de sourire naïvement et reporta son attention sur Hermione.

     - Je ne suis juste pas très intéressé par le sujet, je n'y comprends rien, c'est tout 'Mione, lui expliqua-t-il d'une voix qui se voulait le plus possible honnête.

Mais cette dernière n'était pas surnommée Miss Je Sais Tout pour rien.

    - Harry ... tu es dans cet état de passivité depuis hier soir, quand tu es rentré après t'être douché. Tu as passé la soirée à nous ignorer ou à nous répondre en mono-syllabe et tu es partie te coucher avant même le couvre feu.

    - Et Goyle t'a écrasé les pieds en sortant du grand Hall mais tu n'as même pas levé les yeux vers lui. Tu t'es excusé et tu es partit, comme si de rien n'était. Ajouta Ron en relevant la tête de sa partie.

Harry resta muet et s'affala sur ses affaires, fatigué et las. Des images du blond plein la tête, il repensait sans cesse à ce moment où atmosphère avait changé, où le drapeau blanc de la paix s'était transformé en étendard sanglant. Il revoyait ce visage ouvert et honnête, ses mains tremblantes et ses paroles remplis de sarcasme, piquantes mais se rapprochant plus d'une caresse que d'un coup. Et à ces pensées il ne pouvait empêcher son envie de le revoir, cette pique dans son cœur, cet élancement dans sa poitrine. Et il sentait encore plus mal, de ne pas arriver à se contrôler, de le désirer, encore, malgré son refus hier, clair et net. Il avait vu le dégoût dans son regard à l'idée de l'embrasser, cette peur dans ses prunelles et ce recul animal, cet instinct de fuite.

     -  Alors ? Il s'est passé quelque chose non, tu as fait une réaction au sortilège ?, le relança Hermione.

Il secoua la tête négativement. Certes, il en avait fait une mais ce n'était pas la raison de son mutisme.

    -  Tu t'es blessé au Quidditch ? Tu as croisé le professeur Sinistra qui a prédit ta mort imminente ou Luna qui t'a menacé de te donner à manger au N-narbbles ou narguels ? Enfin bref, tu vois de quoi je parle.  Ou alors Mimi Geignarde qui a tenté de te déshabiller ?, demanda Ron, hilare.

    - Ron, soit sérieux un peu. Qu'est-ce qu'il y a Harry ? C'est le fait d'être retourner à Poudlard c'est ça, de re-brasser tous les souvenirs, les images de la guerre et le château sans Lupin, Dumbledore, Snape. Je suis sur que te replonger dans ce bain à dû te rappeler le tournoi des trois sorciers et la confrontation avec Voldemort. Et Cédric évidemment. Merlin, je ne sais pas comment tu fais Harry ...

Ce dernier renifla bruyamment, relevant la tête.

   - Merci Hermione de me remonter le moral, vraiment, tu ne me rappelles que des bons souvenirs, ironisa-t-il.

Elle se tut aussitôt, affichant un air désolé.

     -  Alors quoi ? Dis nous Harry, si il ne t'est rien arrivé alors tu as croisé quelqu'un c'est ça ?

A contre cœur il acquiesça.

     - Ne me demande pas qui c'était, marmonna-t-il en même temps que Ron s'exclama :

     -  C'était qui ?

Harry ferma les yeux et posa sa tête contre la table froide. De nouveau, un début de migraine le guettait.

Il n'entendit pas les mouvements derrière son dos mais seulement la voix surprise de Ron.

   -  Malfoy ?!

Il se redressa aussitôt et toisa le roux avec incompréhension. A l'entente de son nom, son cœur loupa un battement.

    - Comment tu as su ?, s'enquit-il.

Un rire moqueur résonna dans son dos. Un rire froid et grinçant qui glaça son estomac.

 -  Comment a t-il su que j'étais là ? Simplement que la belette fait office de ses yeux contrairement à toi, le bigleux.

Sa voix était froide et cruelle, toute trace amicale disparu. Harry se retourna tandis que le contenu de son estomac tenta de remonter. Non. Il n'était pas aussi faible que cela, il ne pouvait pas faire profil bas devant Draco, pas après ce qu'il s'était passé. C'était sa faute, il s'était laissé bercer d'illusions et avait pris ses désirs pour réalité alors que c'était loin d'être le cas. Mais pour autant, il n'avait rien fait pour mériter ce traitement, ce regard. Ses yeux étaient plissés, remplis de haine et de mépris, tandis que ses lèvres formaient une fine ligne barrant son visage. Tout son corps était tendu, ses bras croisés contre son torse, un livre prit en étau contre sa cage thoracique et ses pieds fermement ancrés dans le sol. Il était face à Hermione et pourtant ses yeux ne le lâchaient pas du regard, comme un rapace guettant sa proie.