XXXIX- Trente-neuvième

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Elle garda sa petite main doucement posée sur l'avant-bras du brun durant tout le trajet du retour. Il était pas mal bourré, mais il faisait de son mieux pour le cacher. Sa démarche chancelait quelque peu parfois et il devait s'appuyer -très peu subtilement- contre le corps menu de la blonde qui l'accompagnait. À un moment, Aki crut qu'il allait tomber et eut le réflexe de s'accrocher à son torse pour l'en empêcher, ce qui provoqua une exclamation de surprise à peine audible chez le brun. Ils ne se touchaient pas beaucoup ces derniers temps, et le moindre contact avec la blonde faisait vibrer chaque corde de son coeur comme une guitare qu'on effleurerait à peine.

Ils arrivèrent sans trop de peine au bâtiment du bataillon d'exploration, et fort heureusement ne croisèrent personne jusqu'à la chambre de Levi.

Quand Aki referma la porte derrière eux, Levi s'affala sur le lit double en soupirant d'aise. Il était fatigué, bourré, son esprit était embrouillé mais il gardait ses inhibitions juste assez pour se retenir de sauter sur la blonde, et il avait besoin de sommeil.

La recrue alluma des bougies, jeta un coup d'oeil au brun. Puis elle sortit quelques instants et quand elle reparut, elle tenait des glaçons enveloppés dans un torchon et une petite boîte.

-Caporal? Je peux?, questionna-t-elle doucement en faisant un mouvement de menton vers son poing meurtri.

-Yep, souffla-t-il sans la regarder.

Elle s'assit en tailleur à côté de lui, sur la couverture corail, remonta ses lunettes sur son nez fin et prit précautionneusement la main du brun.

-Ça va être froid et sûrement pas très agréable, le prévint-elle.

Elle n'obtint qu'un grognement de la part du brun, qu'elle prit pour un assentiment, et appliqua délicatement le torchon glacé sur la blessure qui commençait déjà à se refermer.

Levi eut un mouvement de recul qu'elle avait anticipé, gardant la glace fermement appuyé sur ses phalanges. Il s'était soudainement redressé, une expression assez indescriptible sur le visage.

-Putain!, jura-t-il entre ses dents. C'est froid ta merde.

-C'est de la glace, Caporal.

Il se laissa retomber sous les draps blancs et se mit à fixer la blonde qui s'affairait à appliquer une pommade qu'elle devait avoir trouvé avec la glace.

Son esprit embrumé par des volutes d'alcool lui fit la réflexion qu'elle était putain de sexy, dans ce pantalon qui dévoilait ses courbes plus que flatteuses, sa mine concentrée sur le visage, et il pouvait distinguer sa putain de clavicule de là où il était et merde, pourquoi il faisait une fixation sur cet os-là, pourquoi devait-elle être aussi magnifique et lui aussi minable. Il inspira un grand coup et détacha douleureusement ses yeux de la jeune fille devant lui, fermant les paupières et se concentrant sur les quelques onces de raison qu'il lui restait.

Tu es bourré. Quoique tu fasses tu le regretteras.

-Je crois que ça devrait aller comme ça, dit la blonde en brisant le monologue interne de son supérieur.

Il hocha à peine la tête et bougea vaguement la main. Il avait un peu moins mal.

-Merci, murmura-t-il.

-Hum...Caporal?

Elle pouvait bien aller se faire foutre sa raison. Les grand yeux bleus lagon soulignés de cils blonds qui le regardaient suffisaient largement à lui faire perdre la tête.

-Putain Aki, me regarde pas comme ça...

Il détourna la tête pour ne plus l'avoir dans son champ de vision en soupirant. Il avait juste besoin de dormir, et demain tout irait mieux, demain il serait capable de se maîtriser, demain il pourrait la regarder sans avoir une envie folle de lui faire l'amour jusqu'au lever du jour, demain...

L'automne d'une vieWhere stories live. Discover now