Pour la première fois de ma vie, je fuis.
Jamais je n'ai fui, même pas devant mon monstre de mère, même pas lorsqu'elle me maltraitait, lorsqu'elle me tailladait la peau avec ses longs ongles qu'elle peignait d'un rouge criard, même pas lorsqu'elle s'est saisi d'un poignard pour me lacérer la gorge et ainsi ne "plus m'entendre couiner"...
Pourtant, devant l'évidence et la puissance de l'attraction que j'éprouve face à cet homme, je prends mes jambes à mon cou.
Je réprime avec un gémissement de douleur les élans de ma louve et agrandit la distance entre ce désir dévorant et moi.
Lorsque j'ai agrippé sa cravate pour lui sortir des insultes, j'avais envie de dévorer sa bouche. De m'imprégner de son souffle, de sa force, de sa chaleur... Qu'il me fasse sienne autant que je le ferai mien.
"Je te ferai hurler comme jamais tu n'as hurlé auparavant".
Oh, l'excitation fébrile qu'ont déclenché ses mots ! Le timbre rauque avec lequel il s'est exprimé, la furieuse envie qui m'a enserrée les tripes alors qu'il me susurrait ces paroles lascives et obscènes... la douce promesse qu'elles ont fait naître en moi, accompagné du brasier dans mon tanga...
Je grimace et serre les dents rageusement tandis que j'atteins enfin la porte de service du cabaret. J'enclenche la poignée blindée et la tire brutalement pour pouvoir respirer l'air frais de la nuit.
Je me fais violence pour ne pas me retourner et rejoindre l'italien que je viens de gifler.
"Cette tension, tu la ressens aussi n'est-ce pas ?"
Oh putain que oui ! Comment faire autrement ?! Mais je ne peux pas me laisser aller !
Ce type est infect, il joue avec les sentiments des autres, il les intimide, ils les contrôle par la crainte. Il cache ses émotions sous un masque de dureté glaciale.
Il est tout ce que je déteste !
Et pourtant... pourtant je le désire à en être brûlante.
J'aimerais qu'il me rejoigne dans cette ruelle étroite et à peine éclairée par un lampadaire tremblotant. J'aimerais qu'il me plaque contre ce mur, qu'il dispose de moi comme il l'a laissé entendre, et qu'il me fasse hurler son prénom tandis qu'il me fera atteindre l'extase suprême...
Mais ce n'est pas moi, ça... je ne suis pas ce genre de femmes... attirée par le danger, par une nuit torride qui ne se résume qu'au sexe pur et simple, sans attache... cette intimité, je ne l'ai encore jamais vécue. Alors quand je choisirai de m'offrir à un homme, je veux qu'il y ait des sentiments, de VRAIS sentiments. Pas cet ersatz de désir qui ne signifie rien.
Je laisse reposer l'arrière de mon crâne sur le mur et me perds un instant dans la contemplation du ciel nocturne.
—C'est une blague, c'est ça ? Une sorte de jeu cruel ?
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Le Masque de la Lune - TOME 1 (Is it Love? Giorgio Maccini)
FanficLou : "J'imprime cette image sublime dans ma tête, comme tous les matins où je mesure la chance inestimable que j'aie de me retrouver en leur compagnie, à partager leur toit et leur amour. Ils sont ma famille. Ils sont tout pour moi." Giorgio : "Je...