Mon père m'a toujours dit qu'il était un roi parmi ses sujets. Que tous lui devaient reconnaissance, respect et obéissance. Lorsque, enfant, je lui ai rétorqué que s'il était un roi, alors j'étais un prince, il m'a battu jusqu'à ce que je ne sois plus en mesure de me relever.
Son règne a toujours été absolu, ses hommes fidèles et loyaux, le monde à sa botte.
La famille ? Il ne savait pas ce que c'était. Ma mère était l'une de ses nombreuses maîtresses, il n'a jamais pris les femmes que pour des poules pondeuses. Il lui fallait un héritier, soit. Mais j'allais être éduqué selon ses ordres et surtout pas sous la tutelle ou l'œil bienveillant d'une mère.
Quatre ans d'enfer jusqu'à ce qu'enfin, un lumière naisse : ma petite sœur, Gia. Moi qui n'avais connu que l'implacable dureté de la vie, je me voyais désormais le protecteur d'une existence que je chérissais déjà bien avant de comprendre ce que je ressentais.
Dans la chambre de ma petite sœur décédée, je caresse les contours de son visage sur le cadre photo qu'elle avait installé à côté de son lit. Un sourire naît sur mes lèvres.
—Qu'est-ce que tu me dirais si tu me voyais, piccola testa di mulo (*petite tête de mule) ?
La jeune fille sur la photo me sourit à pleines dents. J'ai l'illusion d'entendre sa voix dans mon oreille, ses longs cheveux bruns chatouillant ma joue.
"Ti dirò che non è troppo presto, fratellone!" (*"Je te dirais que ce n'est pas trop tôt, grand frère !)
Mon sourire s'accentue tandis que je me détourne du cadre pour venir planter mon regard dans le miroir plein pied sur le dressing impressionnant de Gia.
Le type qui me renvoie mon œillade est apprêté comme un roi : costume immaculé, cravate argentée, chaussures vernies, chevelure lâchée mais impeccablement coiffée vers l'arrière... je suis paré.
Alors pourquoi j'suis si nerveux, merde ?!
Le reflet dans la glace me regarde, troublé. Je ne peux pas cacher ma nervosité, mon impatience, ma joie, mon excitation, mon angoisse... en gros, toute une myriade d'émotions qui secouent mon cerveau et le truc dans ma cage thoracique comme s'ils étaient dans un grand huit.
Il serait temps que tu dises ton "cœur", non ?
Je ricane intérieurement et lisse le léger pli que je vois sur ma veste. Je dois être parfait. Comme l'est celle à qui je vais me lier pour toujours aujourd'hui.
Un nouveau pic de stress me traverse lorsque je pense à Lou, enfermée avec Katia, Ayumi, Rin et Lisa dans ma chambre. J'ai vite été éjecté de la pièce, mis au coin comme un gosse par l'armée en talons hauts qui refusait catégoriquement que j'assiste à l'habillage de ma déesse.
Nan mais sérieux, me faire foutre à la porte de ma propre chambre... rah !!
Je peste pour la forme mais en vérité, c'est pour le mieux : si j'étais resté avec Lou, je ne l'aurais probablement pas laissée en paix et nous aurions loupé notre propre cérémonie de mariage.
—Oh dio dannazione (*Oh bordel de dieu)... soufflè-je à voix haute.
Mes yeux se perdent comme pour me rassurer sur le cadre photo de Gia et moi. J'imagine immédiatement son sourire railleur, éclatant, se superposant soudain à celui de ma déesse.
Dès lors, je n'ai plus aucun doute. L'impatience me ronge les tripes, j'en viens à menacer l'horloge et son tic tac bien trop lent pour mes nerfs... vite, putain ! Plus vite !
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Le Masque de la Lune - TOME 1 (Is it Love? Giorgio Maccini)
FanfictionLou : "J'imprime cette image sublime dans ma tête, comme tous les matins où je mesure la chance inestimable que j'aie de me retrouver en leur compagnie, à partager leur toit et leur amour. Ils sont ma famille. Ils sont tout pour moi." Giorgio : "Je...