Chapitre 22 - LE SCORPION ET LA GRENOUILLE

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~ Maman

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~ Maman... où est-ce que tu m'emmènes ?

Sa grande main froide enserre la mienne, me coupant presque la circulation. Je la suis dans les couloirs obscurs, essayant de lever la tête pour apercevoir son regard.

~ Maman...?

Elle me tire fortement et lance, grinçante :

~ Tais-toi ! Tu vas réveiller tes frères ! Et avance plus vite, bon sang !

Mes petites jambes s'activent, je trottine, entraînée par sa force écrasante. J'obéis. C'est ma mère. Et je fais ce qu'elle me dit... même si j'ai peur, parfois. Peur de certains de ses regards, peur de certains de ses mots, peur de certains de ses gestes.

C'est Maman. Pourquoi elle me fait peur ?

Nous descendons l'immense escalier du hall. J'ai sommeil, je bâille ostensiblement et frotte mes yeux qui me piquent.

~ Là, descends.

Tiens, une nouvelle porte sous les escaliers ?

~ Maman... ça sent pas bon...

~ Qu'est-ce que tu racontes ? Seigneur, ton odorat est détraqué... comme tout le reste, d'ailleurs. Descends, je te dis !

Elle me pousse, je chancelle sur les marches humides et me rattrape aux parois. J'ai une grimace de dégoût en sentant les aspérités qui s'enfoncent sous mes petits doigts dans un bruit insupportable.

Je continue mon chemin, ma mère derrière moi. J'aimerais me retourner et partir de cet endroit qui sent si bizarre, que je ne connais pas et que je ne comprends pas... je veux retrouver mon lit, je veux que Papa me raconte une histoire et qu'il me fasse plein de câlins...

Mais Maman referme sa main sur ma si frêle épaule. Pendant une seconde, j'ai l'impression que ses ongles écarlates sont de longues griffes acérées qui ne demandent qu'à transpercer ma peau.

Nous arrivons devant une énorme porte très épaisse, noire comme les braises calcinées de ce que Papa m'a décrit comme "l'enfer", lors de son dernier conte.

~ Entre. Dépêche-toi.

Je jurerai que sa voix a changé. Elle est aussi dure que la pierre, aussi glacée que l'hiver.

~ Maman... j'veux pas... j'ai peur...

~ En plus de me désobéir, tu admets être lâche ?

Je lève des yeux larmoyants vers elle, si haute, si imposante, si effrayante. Plus que l'endroit dans lequel elle veut me faire entrer.

~ Quelle enfant stupide. Je vais te faire passer ça. C'est mon devoir de te corriger, pour que tu ne deviennes pas comme ce monstre qui m'a engendrée.

Le Masque de la Lune - TOME 1  (Is it Love? Giorgio Maccini)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant