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J'ai tué mon père.

 Du point de vue de la justice c'est de la légitime défense, sauf que pour moi j'ai juste protégé ma mère. La même qui aujourd'hui au lieu d'être reconnaissante, a peur de moi, de ma maladie.

Sa voix aiguë me fait sortir de mes pensées.

_ Cassie c'est l'heure de prendre tes comprimés.

J'inspire un grand coup et me lève lentement en traînant des pieds jusqu'au salon où ma mère m'attend de pied ferme, verre d'eau et comprimés à la main, prêt à être engloutis. Je soupire en prenant place sur la chaise, je les avale à la suite en prenant le verre d'eau que ma mère a posée à côté de moi.

_ De la soupe, ça te dit?

_ Je n'ai pas très faim.

_ Tu dois manger Cassie.

_ Je sais.

Elle me pose le bol de soupe et se dirige dans le salon chercher son magasine qu'elle feuillette. J'essaie de  manger le plus rapidement possible afin de rejoindre mon lit au plus vite, la journée m'a épuisée. 

_ Je retourne dans ma chambre dis-je en me levant.

_ La secrétaire du docteur Smith va sans doute te téléphoner pour confirmer le rendez-vous de demain.

_ Aussi tard? Pourquoi faire?

_ Oui il est très occupé et sa secrétaire aussi, dit-elle en levant les yeux.

_ Ok, bonne soirée, grognai-je.

Moi qui pensais me reposer, je dois encore attendre que sa secrétaire me téléphone pour une raison futile. Je suis obligé d'y aller alors pourquoi confirmer?  Je quitte la table et part me réfugier dans ma chambre lire un livre que je viens de commencer et qui pour l'instant m'a l'air tellement passionnant.La lecture est mon échappatoire à la vie réelle , je m'imagine être l'héroïne d'un roman d'amour et pas la jeune femme qui ressemble à une adolescente malade qui ment à tout le monde et en plus de ça qui n'a pas d'amis sauf sa peluche. 

Je ne me sens pas folle, mais je le suis, donc je l'accepte. Je n'entends pas des voix, je ne suis pas parano mais apparemment je suis malade. J'ai des sautes d'humeur, mais les sautes d'humeur arrivent à toutes les filles âgées de 21 ans non? On appelle ça les hormones, mais eux appellent ça " la nouvelle forme de schizophrénie". C'est le début, ça commence toujours par des sautes d'humeur m'avait dit une infirmière. Donc j'ai accepté, j'ai subis mon destin, et je le subis encore.. Changer de rythme de vie du jour au lendemain, passer d'une fille banale à une fille qui vient de tuer son père, ah pardon une fille qui s'est légitimement défendue contre son père, et qui apprend qu'elle est atteinte elle aussi de la même maladie que son défunt parent. C'est comme ça, c'est ma vie, je l'accepte. Avant je voulais travailler dans une maison d'édition, mais ça c'était avant.. Aujourd'hui je dois être contente de pouvoir être dehors, ne plus avoir à être enfermé entre quatre murs blancs, ne plus entendre les hurlements d'autres malades, ne plus avoir envie de dormir 24h sur 24..

La sonnerie de mon téléphone retentit, je comprends que c'est la secrétaire du docteur, sinon qui m'appellerait?

_ Allô?

_ Bonsoir Cassie, je m'excuse de te téléphoner aussi tard mais je voulais confirmer notre rendez-vous de demain

_ Bonsoir, je pensais que c'était votre secrétaire qui...

_ Oui mais je suis sortis plus tôt de mon rendez-vous, j'ai pensé que c'était mieux si c'était moi

_ Je vois dis-je en prenant une pause

Fire (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant