Fire (en pause)

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   Durant les cinq jours qui ont suivi mon retour au bercail j'ai passé le plus clair de mon temps à éviter ma mère et son sextoy en allant chaque jour à la bibliothèque à réviser malgré les appels incessants de ma meilleure amie morte d'inquiétude. Je ne dors plus, ne mange plus, d'ailleurs j'ai retrouvé ma silhouette d'antan, mes jeans sont à nouveau trop grands. Je suis triste, très triste d'avoir maigri, triste d'avoir retrouvé mon train-train quotidien de fille malade, triste de ne plus voir cet homme, mais surtout triste de ne pas avoir réponse à mes questions.

Que s'est-il réellement passé la nuit de la fête?

Il est 18 heures et je viens de terminer mon épreuve de Français, je pense avoir réussi. Mon téléphone sonne à nouveau, je soupire en lisant le nom de ma mère et raccroche aussitôt. Je ne lui adresse plus la parole, elle non plus. Sans doute trop occupé à se faire plaisir au vu des sons qu'elle émet la nuit. Je me sens mal dans cette maison, j'ai vraiment envie d'aller vivre chez Kate au risque qu'elle téléphone au centre mais pourquoi le ferait-elle? Elle est trop occupé désormais. Je sors de l'établissement et me dirige vers la bouche de métro qui se trouve à une centaine de mètres.

Arrivé chez ma mère je sonne car bien entendu je n'ai pas les clés, celle-ci me faisant bien comprendre que je ne suis pas chez moi. La porte ne s'ouvre pas, je grogne et sonne une dizaine de fois avant qu'on daigne m'ouvrir et bien évidemment c'est Mike recouvert d'une minuscule serviette sur la taille qui m'ouvre, mes joues brûlent et au vu de son sourire mesquin je comprends qu'il a ressenti le malaise.

_ Entre dit-il en me laissant la place.

J'hallucine de voir comment certaines personnes sont sans gêne, apparemment il se sent plus chez lui ici que moi. J'entre en dévalant l'escalier et m'enfermant directement dans ma chambre.

Je vis un véritable cauchemar, suis-je morte? Suis-je en enfer? Cela y ressemble tellement que je n'arrive pas à imaginer que l'enfer soit pire que ce que je vis actuellement. Je ne sais pas si je deviens folle, si j'hallucine, ou simplement que l'alcool est responsable de ces images que je ne cesse de repasser en boucle, comme une scène de film qu'on aime voir et revoir.

Je sens sa bouche contre la mienne, ses mains chaudes dans le creux de mes reins, ses cheveux caressants mon visage , son odeur divine qui m'enivre et son regard.. Son regard si intense, si sur de lui, si noir qu'il me fait perdre le peu de moyen que j'ai. Bordel mais qu'est-ce qu'il m'arrive? Après tout ce qu'il m'a fait je repense encore à ça en me disant qu'il me manque. Je suis si bête que ça?

Putain Cassie réveille toi, déteste le au lieu de le désirer, grogne ma conscience.

_ Cassie! Hurle Mike

Je me lève en soupirant.

_ C'est Cassandra! Dis-je en le corrigeant.

Je sors de la chambre et l'observe en attendant sa question.

_ Tu voulais?

_ Tu as 21 ans c'est ça?

_ Oui pourquoi?

_ Nous ne sommes pas très loin l'un de l'autre.

Que sous-entend-il par là?

_ Tu voulais quelque chose en particulier où je peux retourner vaquer à mes occupations?

Il ricane, me fait un clin d'oeil avant de redescendre.

C'était quoi ça? Je rêve où le joujou de ma mère me drague?

La soirée se passe dans le calme jusqu'au moment du dîner, où l'incessante même scène se répète, ma mère hurlant, moi qui ne réponds, ensuite Mike monte me prévenir que c'est prêt et je prétexte réviser et m'endors en pleurant, sauf aujourd'hui. Je n'ai plus de larmes.

6 heures 02, maudit 6 heures 02, pourquoi je ne peux me réveiller normalement? Je soupire en me levant. Je sens que cette journée va être longue, très longue.

Après m'être douché et habillé je me mets en route pour aller chez ma meilleure amie.

_ Bordel Cassie! Hurle celle-ci.

_ Pardon Kate.. Pardon.. Dis-je en la prenant dans mes bras.

Après avoir passé la mâtiner à lui raconter le détail de ma semaine horrible ainsi que la scène du bureau, mon amie me prépare un repas des plus délicieux.

_ C'est officiel je déteste ta mère autant que mes parents et puis bordel tu as maigri !

_ Je sais..

Elle soupire en me servant une seconde assiette de pâtes.

_ Viens vivre ici!

_ J'aimerai bien Kate, mais tu sais que..

_ Oui je sais, me coupe-t-elle.

_ Tu vas te trouver un travail et tu vas économiser et reprendre ton ancienne chambre ok?

_ Mais comment? Je ne pourrais pas travailler en plus des cours en septembre.

_ Fait une demande de bourse puis au pire on se prendra une chambre à deux et on avisera d'accord?

Je vois enfin une lueur face à toute l'obscurité de la semaine..

_ Et tu vas changer de psy, tu ne dois pas rester sans consulter.

_ Je le sais, j'ai bientôt terminé mes comprimés.

_ En plus! Bref je vais téléphoner et voir si je peux te trouver un petit boulot de serveuse.

La journée en sa compagnie m'a énormément fait du bien, je décide de rentrer lorsque je remarque que l'horloge indique 21 heures. Mon amie me propose de m'accompagner mais j'ai besoin de marcher et prendre l'air.

_ Fait attention Cassie, téléphone-moi si tu croises quelqu'un de louche.

_ Promis.

Le trajet en bus est dix fois plus rapide, je marche depuis 30 minutes et remarque une voiture blanche roulant lentement derrière moi. Peut-être que le conducteur cherche seulement une place où se garer mais rapidement je comprends que celle-ci me suit au bout de 400 mètres.

Je soupire et me retourne face à celle-ci. C'est un 4x4 blanc, c'est le 4x4 blanc! Mon rythme cardiaque s'accélère, c'est lui. Je reprends très vite mon chemin en décidant de prendre une ruelle où sa voiture ne passe pas. Je réalise qu'il vient de se garer au milieu de la route lorsqu'une vague de klaxons retentit. J'accélère à nouveau jusqu'à courir mais rapidement mon bras est retenu. Je tremble et ne me retourne pas. Je ne veux pas, je ne peux pas le regarder.

_ S'il te plaît, s'il te plaît pars, pars je t'en prie.. Dis-je à bout de souffle.

Il ne répond pas, comme à son habitude. Je l'entends seulement essayer de reprendre son souffle, lui aussi a couru. Mes jambes tremblent de plus en plus jusqu'à ne plus tenir, je sens qu'elles vont lâcher.