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Je n'arrive pas à croire qu'il vient d'officiellement dire qu'il est amoureux de moi, sans contrainte, sans raison... Un large sourire se dessine sur mon visage à cette annonce aussi surprenante qu'inattendue. Mon coeur bat si fort que j'ai l'impression de l'entendre à travers mes vêtements. Sa main remonte le long de mon bras frissonnant de désir, pour finir son ascension sur ma nuque qu'il caresse doucement, lentement. Je plonge mes yeux brillant dans les siens sans pour autant briser ce merveilleux silence... et nous restons là, assis face à l'autre, à se regarder sans rien dire. Nos regards se suffisent pour parler, pour se montrer à quel point on est épris l'un de l'autre. C'est une sensation si puissante qu'elle me consume de l'intérieur d'une telle intensité que je sais qu'une fois fini je ne pourrai me relever.

On a toujours une boîte d'allumettes qui traîne dans un tiroir durant des années, qu'on n'utilise jamais sauf lorsque l'on a égaré son briquet et une fois utilisé cette allumette ne sert plus à rien, il faudra en utiliser une autre. Je fais partie de cette boîte d'allumettes.

_ Je, je peux rester? Demandai-je timidement.

Il arbore son sourire enfantin avant de répondre calmement.

_ Je ne comptais pas te laisser partir.

Je lâche un petit rire, soulagé par ses aveux. Je n'ai absolument pas envie de me retrouver seul dans ma chambre après ça.

_ Merci.

Son sourcil se redresse, il ne comprend pas mes remerciements. Je n'ai pas envie d'y répondre, je me contente de passer mes bras autour de lui en l'attirant contre moi. J'ai envie de sentir son odeur m'envahir et se déposer sur chaque parcelle de ma peau désireuse de son corps.

_ Je, ça m'avais manqué, lâchai-je en engouffrant ma tête dans contre son cou.

Il caresse avec soin mes cheveux encore mouillés qu'il démêle avec agilité, je me relève et prends place sur le canapé en posant ma tête sur ses genoux. Je me sens si bien à ses côtés même si je sais que cela ne durera que le temps d'une nuit.

_ Tu m'as terriblement manqué, finit-il par répondre.

_ J'en ai marre de passer de merveilleux moment avec toi et puis plus rien.

Il me regarde surpris, je sais que je ne dois pas gâcher ce moment mais je ne peux m'en empêcher.

_ C'est vrai, tout est parfait et ce qui suit l'est toujours moins. Soit tu me révèles quelque chose d'énorme, soit je me fais menacer ou bien ma mère...

_ Cassie, dit-il en me coupant.

Je relève mes yeux cherchant son regard mais en vain.

_ Lèves-toi s'il te plaît.

Tandis que je m'exécute j'observe son regard fuyant.

_ Moi aussi j'aimerais que tout soit différent...

_ Mais, il y a toujours un mais, dis-je en soufflant.

_ Mais, on le savait dès le début, on savait à quoi s'attendre avant même d'embarquer...

Il s'arrête un instant, se lève en direction du buffet où il se sert un verre de scotch qu'il avale d'une trêve avant de revenir s'installer à mes côtés.

_ Seulement maintenant qu'on est à l'intérieur du bateau il est difficile d'en sortir, rajoute-t-il.

_ Je n'ai pas envie d'y sortir, soufflai-je.

_ Moi non plus Cassie, il est bien là le problème. On connaît déjà la fin de l'histoire.

Je lâche un soupire, il a raison notre histoire est déjà écrite et elle mène droit à un mur, en direction du quel on continue de courir. Je sais que ça va faire mal et que je vais souffrir, mais je souffre déjà alors je préfère atténuer mes souffrances actuelles en revenant vers lui et profiter encore, au maximum des choses qu'il m'apporte.

_ Je n'aime pas parler de ça.

_ Moi non plus, mais il le faut. Je t'aime comme un fou Cassandra, comme jamais je n'ai aimé quelqu'un et pourtant je vais me marier avec une autre.

Il s'arrête pour se lever prendre la carafe de scotch et la poser sur la table en se servant un second verre qu'il engloutit aussi rapidement que le premier et reprend.

_ Tu sais, parfois j'en viens à me dire qu'il est préférable que je me dénonce, que j'aille en prison pour être libéré de son emprise et enfin être avec toi mais m'attendras-tu? Je ne sais même pas combien de temps je pourrai y rester, cinq, dix ans peut-être plus?

Je l'arrête en posant ma main contre sa bouche.

_ Je suis égoïste mais pas à ce point. Je préfère encore te voir libre et dans les bras d'une autre que plus du tout te voir derrière des barreaux. Je préfère souffrir que te voir souffrir, ne plus te voir me tuerai encore plus que t'imaginer avec elle. C'est vraiment un sale endroit Éric et tu n'as aucunement ta place là-bas, tu n'es pas coupable.

Il pose sa main sur la mienne pour la retirer.

_ Laisse-moi terminer! Oui tu vas te marier avec elle, oui tu vas te détester et je vais sans doute te détester aussi mais ça ne durera pas. J'ai appris qu'une fois mariée, une femme ne peut témoigner contre son mari alors tu vas te marier et rester le temps qu'il faudra à ses côtés, deux peut-être trois, même cinq ans s'il le fallait et puis tout sera terminé Éric.

_ Et nous dans tout ça?

_ Tu y crois vraiment? Tu viens de me dire que nous allons droit dans un mur?

_ Je sais ce que j'ai dit mais au fond de moi, je sais que notre histoire est possible, je ne vois plus ma vie sans toi... Oui ça va être difficile, surtout pour toi et je n'ai pas envie de te faire souffrir encore plus c'est pour cela que je t'ai dit...

_ Je t'attendrai toute une vie s'il le fallait, finis-je par le couper.

_ Je t'aime Cassandra.

_ Je t'aime aussi.


Fire (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant