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 J'observe à contre coeur une dernière fois le spectacle qui s'offre à moi. Regarder la dame de fer s'éloigner de nous, me fait mal. Je réalise alors que c'est la fin, la fin d'une merveilleuse semaine, la fin d'un rêve, la fin d'un séjour plus parfait que le paradis lui-même. Je relève ma tête et me blottis contre lui, écrasant ma joue sur épaule droite. Il caresse lentement le haut de mon crâne, jouant parfois avec quelques mèches de cheveux. Je me sens si bien dans ses bras que j'arrive presque à oublier ce qui m'attend dans quelques heures. Seulement, une fois sur l'autoroute, une boule se forme dans mon ventre tandis que mon coeur se crispe un peu plus à chaque kilomètre de moins à parcourir jusqu'à l'aéroport. Le trajet se passe en silence, tout comme notre déjeuner de ce matin. Une tension  J'entreprends alors de prendre sa main et d'enlacer nos doigts, tout doit finir en beauté et non pas dans la mélancolie.

_ Tu veux du thé?

_ Oui s'il te plaît, répondis-je.

Je m'installe dans le salon privé pendant qu'il ordonne fermement à la serveuse de nous apporter rapidement une tasse de thé à la pomme que je termine rapidement lorsque nous entendons plusieurs fois notre numéro de vol au micro.

_ Les passagers du vol A-732 en direction de Seattle, sont priés de se rendre à la porte d'embarquement C 17.

Cela doit être le cinquième appel, il est temps d'y aller. Nos regards se rencontrent automatiquement, je peux sentir cette mélancolie qui s'installe en chacun de nous.

_ Tout c'est passé tellement vite, dis-je tout bas.

Je n'arrive pas à parler, ma voix est enrouée comme si j'avais pleuré toute la nuit.

_ J'espère que tu as apprécié cette ville.

_ Paris est une merveilleuse ville.

_ Paris est magique, rajoute-t-il en chuchotant.

Oui cette ville est magique, chaque quartier, chaque monument, chaque endroit mythique à son histoire, l'architecture est juste magnifique et très agréable à regarder. L'hôtesse nous invite poliment à la suivre pour rejoindre la porte d'embarquement quand soudain il s'arrête devant une boutique duty free*.

_ Je te rejoins dans l'avion, dit-il en entrant à l'intérieur.

_ Monsieur ne tardez pas l'avion...

_ Décollera dans quinze minutes, je sais, grogne-t-il.

Je souris intérieurement  lorsque je remarque qu'elle aussi frisonne lorsqu'il prend ce ton de dictateur.

_ Bon voyage madame, dit-elle en s'éclipsant.

Je m'assieds devant la porte C 17 patientant jusqu'au dernier moment avant d'embarquer, histoire de profiter encore de cette ville dont je suis tombée amoureuse.

_ Dernier appel pour le vol A-732 en direction de Seattle...

Je me lève aussitôt, cherchant Éric du regard dans la foule omniprésente. Je sors nos billets de mon nouveau sac à main Céline et avance jusqu'au guichet, elle détache une partie et me tant la seconde.

_ Mon ami va arriver, dis-je en lui donnant le second billet.

Elle répète son geste lorsque je sens un souffle chaud sur ma nuque. C'est le sien, je souris en me retournant.

_ Allons-y, lui dis-je en prenant sa main.

Je remarque qu'il tient, en plus de sa valise, un sac noir avec des écritures que je n'arrive pas à lire. Nous montons rapidement dans l'avion et nous nous installons à l'étage.

Fire (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant