𝐋𝐞 𝐒𝐨𝐮𝐯𝐞𝐧𝐢𝐫 𝐝𝐞 𝐌𝐚𝐠𝐢𝐞 𝐍𝐨𝐢𝐫𝐞 || FᴀɴFɪᴄᴛɪᴏɴ Dʀᴀᴍɪᴏɴᴇ

━━━ Pʀᴏʟᴏɢᴜᴇ

𝐋𝐄 𝐒𝐎𝐔𝐕𝐄𝐍𝐈𝐑 𝐃𝐄 𝐌𝐀𝐆𝐈𝐄 𝐍𝐎𝐈𝐑𝐄 ⸻ prologue.

𝕯𝑟𝑎𝑔𝑜 𝑀𝑎𝑙𝑒𝑓𝑜𝑦.

J'aurais bien aimé te présenter une lettre structurée, un joli petit texte vantant tout tes mérites. Mais je ne vais pas le faire. J'ai tant de choses à te dire, pourquoi te mentirais-je ?

Mais commençons par le commencement, veux-tu ? J'ai besoin de retracer tout ce chemin, jusqu'au jour où tout a commencé. Le jour où je t'ai rencontré.

Premier septembre mille-neuf-cent-quatre-vingt-onze, Gare de King's Cross, Voie 9 3/4, Poudlard Express, aux alentours de onze heures treize.

Je me trouvais sur le quai, côté Moldu, essayant de rassurer mes parents, en proie à une crise de panique après avoir entendu un garçon aux cheveux blonds annoncer à sa grand-mère qu'il avait perdu son crapaud de compagnie – ma mère a une peur panique de ces bestioles-là. Cette vieille femme paraissait furieuse d'ailleurs – c'était la grand-mère de Neville au cas-où tu ne l'aurais pas compris. Une fois mes paternels calmés, je leur ai souhaité une bonne année, leur expliquant qu'après être passée sur le quai 9 ¾, je ne les reverrais plus, puis je me suis retournée, un peu intimidée par cette foule de sorciers bien plus habitués à la magie que moi. Je me suis avancée tête baissée, et ai heurté de plein fouet une silhouette massive : c'était le garçon que j'avais aperçu tout à l'heure. Il était désespéré par la fugue de son idiot de crapaud, et je lui ai proposé de l'aider à le retrouver.

Nous sommes montés dans le train afin de trouver un compartiment – sa grand-mère lui avait assuré que Trevor était dans ses affaires –, et nous avons repris nos recherches après que le véhicule ait démarré et que tous les élèves se soient installés. Nous sommes d'abord allés de cabine en cabine pour demander aux élèves s'ils avaient vu son crapaud, et, à un moment donné, toi et moi, nous sommes croisés dans le couloir principal. Tu devais m'avoir aperçue à la gare et savoir que j'étais une née-moldue, car tu m'as donné un coup d'épaule pour passer le plus vite possible. Ou alors, tu ne savais pas qui j'étais, et tu jouais juste ton rôle de gamin arrogant.

Va savoir. Tu restes un grand mystère pour moi, Drago Malefoy.

Je n'ai pas bronché, j'avais trop de fierté pour cela à l'époque. J'ai simplement tourné la tête au moment où je t'ai entendu marmonner quelque chose à propos des « nés-moldus en trop, ici. ». Mais tu étais déjà rentré dans un compartiment, je n'ai pas pu en savoir plus. J'ai, dès alors, su que nous ne serions jamais amis.

Et j'ai gardé cette certitude pendant cinq ans. Je suis petit à petit tombée amoureuse de Ronald, et je te haïssais de manière croissante de jour en jour ; tu étais un gamin arrogant, complètement insupportable. Tu te pensais au-dessus de tout le monde, du simple fait que tu étais de Sang-Pur. Tu n'étais qu'un abruti sans cervelle, un idiot prétentieux, à l'époque.

J'ai bien dit à l'époque.

Parce que quand notre sixième année a commencé, j'ai tout de suite remarqué que quelque chose avait changé. Bien sûr, tu ne manquais pas une occasion de t'énerver face à un autre élève. Mais tu n'agissais plus comme avant, tu avais le regard fuyant, tu ne cherchais plus à te faire remarquer par tout le monde. Parfois, j'avais l'impression que tu agissais comme une proie prise au piège par son prédateur. À la fin de l'année, j'ai enfin compris : tu avais été missionné par le Seigneur des Ténèbres pour tuer le professeur Dumbledore. Et tu avais beau avoir clamé pendant des années que tu étais un futur mage noir redouté de tous et de toutes, cette tâche t'a complètement fait perdre tous tes moyens. Tu ne pouvais pas te résoudre à tuer cet homme, c'était une tâche ingrate et ignoble. Et pourtant, tu n'osais pas imaginer ce qu'il devrait se passer si tu échouais...

J'ai alors cru que tu avais souffert, pendant cette année.

Je m'étais bien trompée. Oui, je m'étais complètement leurrée.

Tu souffres depuis ta plus tendre enfance Drago. Enfin, Malefoy. Non, Drago. Il est temps d'arrêter nos stupides querelles, tu ne crois pas ? Je te tends la main, faisons la paix, juste le temps de cette lettre. Appelle moi Hermione.

Enfin, revenons-en à nos histoires. J'ai compris que tu souffrais depuis toujours. Tu as grandi dans un manoir impersonnel, avec un père aux idéologies haineuses et une mère désemparée par la forte tête qu'était son mari. Tes amis t'ont tous été imposés - tous, sans exception. Vincent, Gregory, Millicent, Pansy... Pourquoi te suivaient-ils, à ton avis ? Parce qu'ils le voulaient ? Non, cher Drago, absolument pas. Ils t'ont été imposés. Ce n'étaient pas des amis, juste des moutons. Et tu le savais. Mais tu te devais de faire semblant, tu avais l'honneur de ta famille sur les épaules. N'est-ce pas un fardeau colossal pour un enfant de onze ans ?

À force de réflexion sur ton cas, j'ai fini par accepter que tu n'étais pas uniquement coupable : tu as aussi été victime. Je pense que tu as trop souffert - sûrement plus que beaucoup d'entre nous réunis. J'admire le fait que tu sois encore là aujourd'hui, en dépit de toute la pression que tu as subi et que tu subis encore aujourd'hui. J'espère pouvoir te croiser cette année à Poudlard, j'aimerais que nous repartions sur de bonnes bases. Pourquoi ? Je ne crois pas que tu sois quelqu'un de mauvais, tu as simplement été beaucoup trop influencé et beaucoup trop manipulé. Les personnes complètement mauvaises, je ne leur donne pas de deuxième chance.

À bientôt,

Celle que tu as appelé Miss-Je-Sais-Tout pendant de longues années.