Nous avions entassé et mis le feu aux corps morts des loups. Des larmes coulaient le long de mes joues. Les pleurer... La pleurer... C'était trop dur pour moi. Je ne voulais pas avoir à tous les pleurer. Je voulais rester fort et montrer aux survivants que nous pouvions vivre alors que d'autres étaient morts. Mais je n'étais pas sûr de pouvoir vivre sans elle. Sans ma louve. Sans ma moitié. Ma meute avait été massacré, il ne restait que June, Tom, Liam et moi. Tous les autres étaient morts. Je m'approchais d'un arbre voulant taper dedans. Le tronc aurait dû s'enfoncer sous ma force comme à mon habitude, mais il ne le fit pas. Les os de ma main craquèrent et je fis une moue caractérisant la douleur. J'avais perdu ma force. La prophétie s'était-elle finalement réalisée ? J'avais espéré que non mais... C'était pourtant le cas. Tristan avait disparu et June restait muette à ce sujet. Pourtant je savais qu'elle connaissait toute la vérité. Je soupirais. Tout était de la faute d'une seule personne. Je me retournais vers lui, le regard haineux. Liam tremblait encore sous le choc de tout ce qui venait de se passer. Il devait apprendre à refouler ses émotions. Je le poussais en arrivant à son niveau. Il ne comprit pas ce qui lui arrivait avant qu'il ne reçoive mon poing dans son nez. Il fit un pas en arrière et paru surpris quand il posa ses doigts sur son nez plein de sang.
- Tout est de ta faute ! Hurlais-je avec haine. Si tu n'étais pas venu, rien de tout ça ne se serait passé ! Tu es responsable de tous ces morts !
Je montrais d'un mouvement de bras le tas de corps en train de brûler en le fixant de mes yeux injectés de sang. Il ne bougea pas mais je savais qu'il ne fallait plus grand chose pour qu'il perde son calme. Et j'allais le pousser à bout. Tom était près de June et avait passé son bras sur ses épaules en lui murmurant des choses rassurantes alors qu'elle n'arrêtait pas de pleurer. Je poussais une nouvelle fois mon frère et il me dégagea d'un mouvement de bras. Il était plus carré que moi mais je le dominais en taille. Nos forces étaient plutôt équitables.
- Moi mais je n'ai rien fait ! Cria-t-il encore plus fort que moi. Arrête de remettre tes erreurs sur les autres !
Je ne sais pas vraiment comment tout c'est passé ensuite. Je ne sais pas comment j'ai répliqué, mais sûrement pas de la meilleure manière.
La prophétie s'est réalisé. Il est temps d'accomplir mon devoir. Il est temps de faire son deuil et d'avancer. De combattre. De survivre. Parce que l'on n'a pas le choix. Parce que le Destin a décidé que c'était à nous de le défier.
Mais avant, j'avais besoin de me défouler.
Je décrochais un coup de poing au menton de Liam et il me donna un coup de genou dans l'abdomen. Je n'avais jamais voulu de ce frère, je n'avais jamais voulu de tout ça. Mon ancienne vie me manquait, je pétais littéralement les plombs. Liam était allongé sur le dos et j'étais penché sur lui pour le frapper encore et encore. Aujourd'hui j'avais tout perdu et je ne supportais plus ce silence qui m'étouffait.
- Parle ! Intonnais-je, dis quelque chose !
- Et tu veux que je dises quoi ?! Hurla Liam. Que je suis désolé d'exister ?! Que je suis désolé de m'être occupé de Malory quand elle était petite ?! Qu'est-ce que tu veux que je te dises à la fin ?! Je n'ai rien à te dire !
Il me poussa et se releva. Je lui fis face et avant que je ne le frappe il me donna un vigoureux coup de pied dans les cotes. Mon visage se déforma sous la douleur.
- Je n'ai qu'une seule chose à te dire, reprit-il calmement. Une chose que tu sais déjà.
- Quoi ?! Crachais-je.
- Malory ne te méritait pas. Elle était trop bien pour toi.
Je soupirais. Ma cage thoracique se soulevait de plus en plus fort à mesure que la colère me gagnait. Il n'avait pas le droit de dire ça. J'aime Malory plus que tout au monde, j'aurais donné ma vie pour elle. Mais c'est elle qui avait donné la sienne pour moi... Mes yeux s'embuèrent de larmes que je ne pouvais plus contenir. Je ne pouvais plus me voiler la face sur ma peine. Sur ma perte. Je m'assis, les genoux relevés et les bras posés dessus. Je regardais l'horizon le regard vide et je sentis les larmes dégouliner le long de mes joues. Il n'avait pas le droit de dire ça, même si c'était la vérité. Je l'avais rendu prisonnière. Je n'avais pas écouté son envie de se mêler aux humains. J'étais tellement bien avec elle que je n'avais pas remarqué qu'elle n'était pas bien avec moi. J'étais un moins que rien. Je l'avais laissé partir. Tout était de ma faute. J'étais le seul responsable. Je me mis à pleurer à chaudes larmes, sans faire attention aux regards extérieurs. Je ne supporterais pas de vivre sans elle, parce que sans elle je n'étais plus rien. J'arrachais le peu d'herbe autour de moi. Mes mains tremblaient sous le chagrin. Je fermais les yeux et les larmes continuèrent de couler le long de mon visage. Je vis Malory danser au milieu de la foule lors de notre union. Sa couronne de roses blanches dans les cheveux, cette robe qui lui allait à merveille. Je l'entendis dire mon nom. Encore et encore. Me dire qu'elle m'aimait. Tout paraissait si loin, si faux maintenant qu'elle n'était plus là. Je me levais avec lenteur et commençait à marcher vers ma tente. Je n'avais rien à leur dire. Je voulais voir Malory. Mon amour.
Elle était là, allongée sur sa couchette habituelle. Je n'avais pas eu la force de la brûler avec les autres corps. Ses yeux clos faisaient croire qu'elle dormait. Ses cheveux ondulés étaient placés autour de son visage parfaitement. Elle était en paix. Elle était magnifique. Je me mis à genoux prés d'elle et pris sa main. Elle était froide, ce qui traduisait une horrible vérité : elle ne me réchaufferait plus jamais. Je m'allongeais contre elle et déposais ma tête sur son ventre. Je me remis à pleurer contre elle, comme si elle allait se redresser et me prendre dans ses bras pour me dire que mon cauchemar était fini. Mais jamais elle ne pourrait faire ça, parce que tout était terminé. Elle m'avait quitté.
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LIEN DE SANG Sang de loups (T1) /!\ En Réécriture
WerwolfUne simple partie de cache - cache avec mes amis. Et puis j'ai vu cette chose que jamais je n'aurais cru possible de voir. Ce monstre, en train de tuer un inoffensif humain... Cette bête que personne ne croit réelle... Alors j'ai couru, aussi vite...