Je commence à hurler et à être hors de moi.
« COMMENT OSEZ-VOUS DIRE ÇA ? »
Le policier qui m'avait agressée au début me regarde avec le sourire aux lèvres. Je le regarde d'un air complètement sidéré. Je me demande alors si c'est une plaisanterie. Mes mains commençaient à devenir moites, je passe de victime à coupable. En pleine réflexion, le policier qui m'avait rassuré tout à l'heure me tapote l'épaule puis me dit en chuchotant quelques mots.
« Je sais que tu n'as rien fait, ne t'inquiète pas. »
Cette petite attention me touche vraiment. Il semble voir que je suis au bord de l'effroi. Malheureusement, les autres policiers ne semblent pas convaincus, ils vont faire des vérifications, je n'en crois pas mes oreilles. Je pense que j'ai du mal à réaliser ce qui m'arrive. J'ai mon père qui est hospitalisé parce qu'il a apparemment fait une tentative de suicide, et jusqu'à présent, je me demande pourquoi. Qu'est-ce qu'il l'a poussé à l'acte ? Pourquoi on m'accuse de l'avoir volontairement tenté de le tuer ? Tellement de questions passent dans ma tête. Je suis perdue et confuse.
Je ne sais pas quoi faire, je décide de m'asseoir car l'attente est longue, ils veulent finalement me placer de force mais font des enquêtes sur moi, est-ce parce que je suis noire ? En plein ruminement, j'entends une voix très reconnaissable qui me semple familier. Je décide alors de me retourner et je me rends compte que c'est Isaac. Il semble être venu voir son père à son travail pour quelque chose d'important. Il ne me voit pas tout de suite, mais je le regarde pendant quelques secondes et il finit par me voir.
« Zyneb, qu'est-ce que tu fous là ? »
Je lui réponds que c'est une histoire trop longue. Il s'assoit à côté de moi mais il insiste. Je finis par lui raconter tout, il est abasourdi mais complètement absent. C'est comme si ça l'importait peu. Je lui explique qu'ils veulent me placer, qu'ils font des enquêtes sur moi.
« Je suis désolée. Je n'arrive pas à y croire ! Tu ne les écoutes pas hein ? Tu sais, tu peux venir chez nous ! Je vais demander à mon père ! »
Il se dirige vers son père puis étonnamment, il revient en ma direction, en me disant qu'il sait des choses louches sur mon père puis repars en direction de son père. Isaac ne changera jamais, il semble obnubilé par mon père même quand la situation est très grave. Au moment où il va vers son père, je me rends compte que le policier qui était sympa avec moi était son père. Ce n'est pas étonnant, ils ont le même caractère. Tel père, tel fils. Je le regarde au loin en train de négocier pour que je puisse dormir chez eux. Je me demande aussi où est ce qu'Isaac a-t-il pu passer ? Ça va faire deux semaines que je ne l'avais pas vu. J'attends qu'il revienne et je me tarde de savoir où il était passé. À peine le temps d'y réfléchir, il est déjà de retour avec le sourire aux lèvres.
« ZYNNNNEB ! MON PÈRE EST D'ACCORD ! TU VAS POUVOIR DORMIR À LA MAISON ! »
Je suis tellement contente, je ne vais pas me retrouver dans une famille que je ne connais pas, je ne serais pas toute seule. Je me sens béni ! Je remercie son père car ce n'était pas obligé. Après cette annonce inattendue, je lui pose enfin la question.
« J'étais en tournoi de football. »
Il ne m'a rien dit de plus. Je trouvais son excuse pas très convaincante, mais je n'ai pas cherché à comprendre. Son père semble parti dire à ses collègues que je dormais chez lui pendant quelques jours, donc j'attends avec Isaac quand j'entends que certains policiers ne veulent pas me laisser partir car selon eux, ils doivent m'interroger, j'hallucine.
Les policiers me soupçonnent vraiment ? Je suis donc obligée d'attendre qu'ils m'interrogent mais ils sont occupés avec d'autres personnes. Je suis donc assise là, je regarde le temps passer. Isaac s'assoit à côté de moi, il me rassure, il croit en moi. Il sait que c'est une erreur que je ne pourrais jamais faire du mal à personne encore moins à mon père. Isaac me tend le bras puis me dit qu'il va essayer de parler à son père pour qu'on puisse rentrer dès maintenant. J'espère que ça marchera, je commence à être épuisée et à avoir faim. Il se lève et se dirige vers lui.
D'ailleurs, je regarde le commissariat et il a l'air en piteux état. J'ai cette impression qu'ils n'ont pas renouvelé cet endroit depuis une éternité et puis ces chaises qui sont à moitié cassées, je ne suis même pas à l'aise, je m'assois par dépit. Ce commissariat ne met même pas en avant une certaine diversité. Ils sont tous les mêmes sauf le père d'Isaac, je trouve ça hallucinant. Je m'ennuie tellement que je prends le temps de constater tout ça mais au fond de moi, je veux juste me reposer.
Isaac semble tout faire pour que j'échappe à cet interrogatoire injuste. Cette attente est interminable. Après vingt minutes d'attente et les milliers d'allers-retours d'Isaac, les policiers semblent enfin pouvoir me laisser partir, par le biais du père d'Isaac. Il se rend compte de mon innocence. J'ai un léger sourire, mais pas pour longtemps.
« Je viens d'entendre une demi-bonne nouvelle. Écoute, ils te laissent pour aujourd'hui mais malheureusement, il va falloir que tu reviennes demain, je suis désolé. »
Je soupire de tristesse mais c'est la délivrance pour cette journée, du moins. On attend vingt minutes supplémentaires pour quelques vérifications, puis on se décide enfin à partir. Au moment de partir, on croise une fille assez frêle, super-amaigri avec des marques de coups, elle m'a fait beaucoup de peine mais assez étonnamment, son visage me dit quelque chose. Je n'arrive pas à savoir qui c'est, je puise mes forces pour essayer de la reconnaître mais Isaac semble pressé de rentrer, il me bouscule sans faire exprès et me demande de me dépêcher.
« Il commence à pleuvoir ! Arrête de rêver ! »
Il prend ma main, on part en courant du poste de police. Je me retourne et cette fille me regarde, elle semble m'avoir reconnue. On rentre dans la voiture, et je la suis du regard dans la voiture. Qui est cette fille ?
« Tu peux arrêter de regarder les gens comme ça ? Tu ne la connais même pas ! »
Il a peut-être raison, je me fais sûrement des films. Après m'avoir dit ça, il entame la conversation.
« Il ne faut que je te raconte un truc super bizarre, je n'ai même pas osé en parlé à mon père !»
« Quoi ? »
« Tu sais la dernière fois, je t'avais dit que j'étais absent à cause de mon tournoi de foot ? »
« Oui ? »
« Pendant le tournoi, j'ai vu une personne qui était en train de me fixer, je crois bien que c'était ton père ! »
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Sombres Affaires
Mystery / ThrillerOctobre 1974. Dans 3 mois, la nouvelle année et le temps des nouvelles résolutions... Peut-être qu'avec elles, mon père finira par changer, par redevenir lui-même ? D'étranges disparitions frappent la paisible ville de Rouen et tourmentent mon père...