Chapitre 43 : Il faut partir

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« Aminata, ma fille, il faut que tu viennes à la maison tout de suite. Tu me manques beaucoup trop. Je ne peux vraiment pas attendre la fin de l'année, là où tu vis, crois-moi, ce sont des personnes louches. Prends tes affaires et on y va ! Tu as compris ? Aminata prend tes affaires ! »

Je commence vraiment à être inquiète. Ma mère semble vraiment déterminée à ce que je rentre avec elle mais je ne peux pas partir comme ça sans prévenir Isaac. Je me force alors à mettre mes chaussures puis mon manteau. Je décide ensuite de monter aller voir Isaac quand ma mère me prend de force par le bras puis me pousse vers l'extérieur.

« Tu sais quoi ? Je vais t'expliquer par rapport à la personne que tu considérais comme ton père dès maintenant. On va à la maison. »

Je pars comme ça, sans prévenir Isaac, il ne va pas être content. Ma mère n'a pas de voiture, donc on en a pour deux heures de trajet. On marche pendant quinze minutes direction la gare.

« ZYNEB ? TU VAS OÙ ? »

Je me retourne. Isaac assiste impuissant à la scène, il semble assez étonné, j'essaye de le rassurer.

«JE REVIENS ! »

On se dirige vers un endroit assez isolé, je ne me suis jamais dirigée vers cet endroit. La pluie commence à s'arrêter, bien heureusement. On marche avec précipitation, je n'ai même pas le temps de réaliser là où je vais. Les feuilles des arbres commencent à bouger, le froid reprend place. Les feuilles mortes remplies de pluie sont piétinées par nos pas. Partie en toute vitesse, je n'ai pas eu le temps de prendre un manteau qui tient chaud. Je commence à mettre mes bras l'un dessus de l'autre pour avoir moins froid.

« Ne t'inquiète pas, tu vas bientôt te réchauffer. »

On se dirige à l'intérieur de la gare puis vers le guichet. Elle paye mon ticket huit francs et le sien dix. Je comprends mieux pourquoi mon père n'aimait pas se déplacer vu comment il adorait économiser l'argent. On prend le train pendant une heure et demie. J'ai le temps de découvrir les verdures. Elle m'achète un sandwich puis une boisson. Malgré le fait que j'ai déjà mangé, ça me fait du bien de remplir mon ventre. C'est assez étonnant mais c'est tellement rare que je quitte mon quartier. Comme une impression de changer d'air, je bouquine pour m'occuper.

Une heure plus tard, on arrive enfin vers la maison. Une adresse bien familière me fait face. 04-06 Rue de la Richardière. Je me demande pourquoi Isaac avait parlé de cette adresse comme si c'était celle de mon père alors que c'est faux. Il a dû sûrement se tromper mais c'est quand même assez étonnant qu'il connût cette adresse.

« Allez rentre ! »

Quand je rentre chez ma mère, je découvre un endroit très beau. On est loin de la maison d'Isaac avec pleins de nouvelles technologies mais c'est un bon coin.

« MAMAN ! TU ÉTAIS PARTIE OÚ ? »

Une fille descend de sa chambre. À son regard, je la sens étonnée. Elle court vers moi puis me fait un gros câlin.

« AMINATA ? TU AS TELLEMENT GRANDI ! ON TE CHERCHAIT PARTOUT ! »

Elle m'a tout de suite reconnue, j'ai tout de suite compris que c'était ma sœur. Sa réaction me touche à un point, je ne pourrais même pas expliquer ce sentiment. Les larmes commencent à monter, je ne me suis jamais sentie aussi bien.

« J'aurais dû te faire venir dès la fois où je t'ai vue. Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête ! La peur sûrement. »

Il y a une chose que je remarque, c'est que je ressemble beaucoup à ma sœur. Ce qui est normal en soi, mais elle a une tache de naissance sur le bras, comme moi. C'est hallucinant.

« Bon, Fatou ! Va dans ta chambre, je dois parler seule à seule avec ta sœur. Assieds-toi. Parlons de cet homme. »

Je n'ai jamais été aussi impatiente et aussi stressée. Je vais enfin savoir le pourquoi du comment.

« Je reviens ! »

Peu de temps après, ma mère revient de sa chambre avec une photo.

« Voilà ton père et le père de ton camarade. »

C'est avec stupéfaction que je découvre une image complètement dénuée de sens. Je n'ai pas les mots pour décrire ce que je vois actuellement.

« Ils sortaient ensemble et cachaient leurs relations afin de ne pas être jugés. »

Sur la photo, je vois mon père et le papa d'Isaac s'embrasser langoureusement. Ma mère me regarde puis tente d'expliquer la situation.

« Ton faux père n'a jamais été intéressé par les femmes, il était homosexuel, il le cachait. Le problème c'est que quand tu travailles dans la police, tu te fais harceler, voire tabasser. Avant de connaître le père de ton camarade, il se faisait passer pour quelqu'un d'hétéro parce qu'il savait que sa famille le rejetterait. »

Je n'en crois pas mes oreilles. Je suis bouche bée. J'ai de la peine pour lui, je ne comprends pas comment une famille peut juger de la sorte, je n'aurais jamais imaginé qu'ils auraient pu avoir une telle relation. Je trouve ça mignon, mais à la fois étonnant, surtout de la part du père d'Isaac.

À peine le temps d'avoir entendu ces révélations, d'autres choses arrivent ensuite.

« À cette époque, sa famille lui mettait la pression pour qu'il fonde sa famille. Il voulait trouver une solution et il a utilisé sa fonction de force pour avoir un enfant. Un matin, sur un coup de tête, il décide de se diriger dans un hôpital. Comme étant policier, il disait qu'il venait pour un contrôle. Il en profite pour rentrer dans plusieurs salles d'accouchement puis tombe par hasard sur toi. Tu étais loin de moi car tu étais prématurée. Quand les sages-femmes cherchaient à te mettre près de moi, tu n'étais plus là. Elles étaient paniquées, elles ont essayé tant que bien que mal de m'expliquer la situation, je m'en souviens, j'en ai hurlé de douleur. »

Quand ma mère m'explique tout ça, elle a les larmes aux yeux. Je commence aussi à sangloter petit à petit. Elle essaye de cacher sa douleur puis elle continue dans sa lancée.

« Ça serait trop long pour expliquer comment j'ai réussi à te retrouver. Je ne pouvais pas te faire venir tout de suite à cause des menaces de mort de ses camarades. »

C'est complètement grave. La police n'a même pas agi. Il essayait de le protéger, c'est une honte. S'il a décidé de partir, c'est parce qu'il savait que tout ceci allait se faire savoir. C'est une sombre facette qu'il cachait tellement bien.

« J'ai besoin de souffler, il faut que je me change les idées. Je vais allumer la télévision. »

Quand elle allume la télévision, on tombe sur la chaîne d'information. Le présentateur annonce quelque chose qui change la donne dans l'enquête.

« Le suspect arrêté, a été relâché pour manque de preuve. »

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