Chapitre 35 : Savoir la vérité

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Je bondis de mon lit, je sursaute. Il s'approche alors de moi, je le vois en flou, je frotte mes yeux pour voir plus clair. Il me tend son bras, avec peur.

Je recule par précipitation, je cherche dans toute la pièce un bout de papier pour stopper ce saignement abondant. Il me tapote l'épaule et en faisant ça, il me met du sang sur mon pull puis me lance en sautant.

« C'EST UNE BLAGUE ! TU M'AS BIEN CRUE HEIN ? »

« TU N'ES PAS MARRANT, TU M'AS FAIT PEUR LÀ ? »

Ce fou commence à prendre un papier de sa poche qu'il avait au préalable dissimulé puis commence à essuyer son bras. Je commence à me rendre compte que c'était de la tomate écrasée. Rester à la maison lui fait avoir des idées sur des blagues complètement farfelues.

« Oh, si tu voyais ta tête, tu étais en train de te décomposer ! »

« J'ai horreur du sang, c'est pour ça. »

À cause de sa blague, je vais devoir laver mon pull bleu clair. Une grande tache rougeâtre est ancrée et ce n'est pas très joli.

« Depuis tout à l'heure, je te vois en train d'observer ton haut, ce n'est pas si grave que ça ! Un peu de savon et ça disparaît. »

« Je le sais, merci. Maintenant que tu as fait ta blague, tu peux me laisser me reposer ? Tu as littéralement coupé mon sommeil. »

« Mais enfin, tu ne vas pas dormir maintenant ? Il est que dix-huit heures quinze. Reste avec moi. »

Quand il me dit ça, je sens son désespoir. Ça va faire maintenant deux jours, qu'il est à la maison, qu'il tourne en rond. Il arrive même à faire des plaisanteries pour que j'aie son attention. Ma fatigue est sur le point de m'emporter mais j'ai quand même envie de rester avec lui.

« Tu veux qu'on fasse quoi du coup ? J'attends tes propositions. »

« Bah pourquoi on n'irait pas voir la personne qui t'a écrit ? Je ne sais pas ce que t'attends ! »

Plus le temps passe, plus je me rends compte qu'il ne va pas me lâcher avec cette histoire. Je n'aurais pas dû lui dire. Parfois, j'ai plus l'impression que ce problème le concerne plus lui que moi.

« Bah tu sais quoi ? Laisse-moi dormir. »

« Attends, Zyneb, je suis sérieux. Il faut que tu y ailles. Tu t'en rends compte que ses personnes étaient devant chez toi et étaient en larmes ? »

« Mais écoute, je ne les connais même pas. Il peut m'arriver des choses de très grave ! »

« Je t'accompagnerai, ne t'inquiète pas ! Tu veux que j'en parle à mon père ? »

Il ne faut surtout pas qu'il fasse ça ! Son père pourrait faire tout gâcher. Pour ralentir la cadence, je lui fais croire que j'irai au rendez-vous pour qu'il me laisse tranquille. Au moment, où on était en train de se décider de ma venue à la fameuse rencontre, j'entends une porte claquer.

Je suppose que ça doit être le père d'Isaac qui vient d'arriver. Ça tombe bien, ça va permettre de changer de sujet pendant un moment.

« Papa, tu es enfin venu ! »

Je décide de descendre aussi, le sommeil sera pour plus tard. Isaac descend les marches d'une vitesse comme si son père était parti à la guerre. Cette scène est assez hilarante.

« Oh c'est trop bien, tu as acheté des plats spéciaux ! On va bien se régaler. »

Je vois son père venir avec un sachet rempli de la bonne nourriture asiatique. J'attends avec impatience de déguster tout ça. On prépare la table puis on enlève les plats des sachets, j'en arrive même à me brûler les doigts, tellement que c'est chaud.

« C'est la première fois que je vous vois aussi contents de me voir. »

« La nourriture, c'est vital, Papa. »

On s'assoit puis on finit finalement par déguster. Isaac est le premier à manger, il est même dans les anges. J'ai même l'impression qu'il n'a jamais mangé de sa vie.

« C'est super bon ! Je peux m'en resservir encore ? »

Je me mets à mon tour à goûter. Je souffle sur les nouilles pour qu'elles soient moins chaudes puis je déguste. C'est effectivement très bon, je commence à comprendre Isaac. J'aimerais tellement manger ce genre de chose beaucoup plus souvent. D'ailleurs, si je ne me dépêche pas à en reprendre, Isaac mangera tout !

« Pas touche ! Ça, c'est ma part. »

« Ne commencez pas à vous battre ! »

Comme si on était à la maternelle, on arrive à se chamailler pour de la nourriture. On est tellement ridicule. Après m'être resservie de grès et de force, je m'hydrate. Je ferme les yeux, je touche mon ventre qui pèse deux tonnes maintenant puis je regarde l'horloge et je me rends vite compte que l'heure tourne et que je devrais finalement aller enfin me coucher, demain j'ai cours.

Je débarrasse mon assiette, je me dirige enfin vers mon lit.

« Tu vas te coucher ? »

Je me retourne je le regarde, sans dire un mot puis je continue à monter les marches. Il comprend qu'à mon regard que là, il n'allait pas m'empêcher de me reposer. Lui demain, il va nulle part.

« Bon bah, bonne nuit. »

Cette fois-ci, la chambre n'est pas froide comme tout à l'heure, ce qui est agréable pour dormir correctement. Je me couche, la tête pleine de pensées. Je pense surtout à demain, à l'enterrement. Ça passe tellement vite, le moment sera tellement difficile.

Je regarde le plafond puis quelques secondes après, je me force à dormir. Cela dit, je n'y arrive pas, quelque chose cloche. Je n'arrête pas de penser à ces personnes qui veulent absolument me voir. Je commence aussi à me souvenir que Papa ne voulait pas que j'aie accès à des lettres avant, ce qui m'intrigue encore plus. Isaac avait peut-être raison par rapport à mon père mais j'ai préféré fermer les yeux à cause de l'admiration sans faille que j'avais pour lui. Il me parlait énormément de lui et ça m'agaçait. En y pensant, tout commence à être logique dans ma tête.

« Zyneb, tu dors ? J'ai une lettre que ton père t'a écrite avant de partir. »

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