Chapitre 1 : C'est la galère...

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Le réveil sonne, et je me rends compte à quel point le temps passe vite. Je pense déjà à la fin d'année. Je me souviens quand on était encore en janvier et là, on approche de la prochaine année. Vivement que ce mois d'octobre passe vite.

Dès l'année prochaine, j'espère qu'on quittera ce quartier de bobos blanc, où le racisme est si décomplexé dans les rues et dans les écoles.

En parlant d'école, je n'ai même plus envie d'aller en cours. Je suis quasiment la seule noire avec Ruth. Je suis ma scolarité sous les brimades des autres. Heureusement que je l'ai rencontrée, c'est une bonne amie à moi.

Tout ça ne m'empêche pas de penser à ce qu'il s'est passé hier. L'ambiance était quand même pesante mais je ne m'inquiète sûrement pour rien. Je me rappelle d'ailleurs que je n'ai pas fait mes révisions, j'espère ne pas être interrogée. Je me prépare mais la motivation n'y est pas.

Je suis prête mais avant de partir, je voulais quand même dire « au revoir » à mon père, afin de repartir sur de bonnes bases, mais il n'est pas là. Je me demande où est-ce qu'il a pu partir, il se repose donc jamais ? En regardant sur la table, je tombe sur un mot.

« Désolé, pour hier. Je vais bien, je suis parti prendre un peu l'air. »

Rassurée par ces nouvelles, je me décide enfin à quitter la maison, je réussis de justesse à avoir le bus et j'arrive enfin à l'école et visiblement en retard avec tous les regards braqués sur moi.

Aujourd'hui, les professeurs, le proviseur sont tous dans la cour, ils demandent aux élèves de ne pas rentrer en classe, je me demande pourquoi. Ils attendent que tout le monde soit présent pour nous expliquer ce qu'il s'est passé. Avant de commencer son discours, le proviseur, me fixe pendant quelques secondes. J'essaye d'éviter son regard mais il me regarde avec insistance. Tout le monde alors recommence à me regarder, c'est une habitude certes, mais c'est tellement désagréable.

« Les élèves. » Dit-il, pour que tout le monde prête attention à lui de nouveau puis tapote sur son micro, pour voir s'il fonctionne puis prend la parole.

« Bonjour, à tous ! Les élèves, j'ai appris hier avec consternation que des vols ont eu lieu ! Des petits malins se sont permis d'entrer par effraction dans la salle réservée aux professeurs et ont dérobé des objets personnels. »

Tout le monde commence à se regarder, je me retourne aussi, j'essaye de savoir qui sont ces personnes.

« Étant donné que vous êtes nombreux, des surveillants viendront dans chaque classe pour vérifier vos sacs. Je tiens à préciser que les personnes qui seront appréhendées, seront bien évidemment exclues ! [...] Je vous souhaite une agréable journée. »

C'est d'ailleurs ce que mon père déteste, le vol. Je vais lui en parler ce soir de ça, lui qui est policier !

Sous les bavardages de plus en plus bruyants des élèves, le proviseur, vient discrètement me voir.

« Je souhaite vous parler, venez dans mon bureau après les cours du matin. »

Puis il s'éclipse.

Moi ? Me voir ?

Je n'ai même pas le temps de chercher à comprendre que les cours commencent déjà. Les élèves se répartissent tous ensemble. Je suis tellement perturbée par le proviseur que je ne sais même pas exactement où je dois aller pour les cours. Que veut-il me dire ?

Je trouve enfin la salle, après tout le monde, bien évidemment. Je prends place sur la chaise et la table la plus en mauvais état. Tout le monde avait déjà pris possession des meilleures places. Je soupire puis je regarde encore le tableau vide, puis une ombre s'approcher, puis mes yeux commencent à devenir lourds.

« ZYNEB, Zyneb ! Réveille-toi ! La professeure veut t'interroger ! »

Je me réveille en sursaut sous les éclats de rire des autres. Ce que je craignais, arriva.

« Bah dis donc, on dort pendant mes cours ? »

À peine le temps de reprendre mes esprits, la professeure me lance plein de questions mais Ruth, me souffle les réponses.

Après la fin de cet interrogatoire intensif, je remercie ma camarade en chuchotant.

« Ce n'est rien, il ne faut pas faire attention aux autres, ils sont justes débiles. »

« Ne t'inquiète pas ! »

« D'ailleurs, tout à l'heure, je t'ai vue et je t'ai appelée mais tu ne m'as pas répondu... »

« Je suis désolée, je n'ai pas fait attention, j'étais dans mes pensées. »

Je n'ai pas envie de lui raconter pour mon père. Elle trouvera ça trop étonnant, je n'ai pas envie de l'embêter plus que ça.

C'est la fin des cours du matin, enfin ! Je dis à tout à l'heure à Ruth. Elle me sourit, puis elle me le dit en retour. Je dois aller voir le proviseur, je me demande ce qu'il va me dire.

Je me dirige, en traînant les pieds vers le bureau du proviseur, la boule au ventre puis je me ressaisis. Je me dis dans ma tête « Arrête de stresser, c'est sûrement une mauvaise blague » puis je toque à sa porte, il est au téléphone, il me demande de patienter, ce qui me fait encore plus stresser, malgré moi.

Après son appel, il m'invite enfin à rentrer. Il me demande de m'asseoir et commence enfin à parler :

« Re-bonjour, comment allez-vous ? »

« Je vais bien, merci et vous ? »

« Je viens vers vous car comment vous dire... hum... comme vous le savez, il y a eu un vol [...]»

Je commence à me sentir mal à l'aise.

« Veuillez répondre à cette question, étiez-vous la dernière à quitter la classe ? »

Je le regarde, estomaqué. Je lui réponds que non.

« [...] Ce matin, au bas de ma porte de mon bureau, j'ai trouvé une note des surveillants, qui m'expliquait que vous aviez l'habitude de quitter la classe la dernière. [...]»

Super ! Donc, il est clairement en train de m'accuser d'un vol que je n'ai même pas commis ? Je le regarde et je reste muette. Je ne sais pas quoi lui répondre.

« [...] Avez-vous tendance à communiquer avec ses chiffres : 0406 ? »

De quoi parle-t-il ? Je ne comprends plus rien. Parfois, j'ai l'impression que le proviseur ne réfléchit même pas à ses propres questions.

Il continue à me poser d'autres questions aussi farfelues soient-elles puis l'interrogation se termine. Il regarde ses documents. Il reste assez calme pendant quelques minutes puis il se lance.

« Je ne peux pas vous garder pour le moment, vous êtes priée de ne pas venir cette après-midi. Le temps qu'on trouve une réponse. Je vais prévenir votre père. »

Je suis sous le choc et en colère. Je n'arrive pas à croire que le proviseur doute de moi. Les surveillants ont tort, je ne suis pas tout le temps la seule à sortir la dernière.

Je rentre malgré moi, en repassant en boucle dans ma tête la discussion. Comment peut-on m'accuser sans preuves ? Et puis, c'est quoi ces chiffres ? 0407, 0503 ? Ah non, il disait 0406 je crois, je m'en souviens même plus. C'est totalement débile. Comment je peux être capable de faire ça ? Vaut mieux que j'arrête d'y penser.

Sur le chemin du retour, en arrivant chez moi, je me rends compte que la boîte aux lettres est pleine. En récupérant le courrier de mon père, je vois une lettre qui n'est pas nommée puis curieuse comme je suis, je décide de l'ouvrir.

Je l'ouvre et je vois : 0406.

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